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  CHRONIQUEURS / L'Agora

Des voix fortes…

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Aujourd'hui, je veux vous parler d'une époque politique révolue en partageant avec vous une tranche de ma vie professionnelle. 

Soyez sans crainte, je me montrerai intéressant puisque ce récit mettra en scène des gens que vous connaissez bien tels Robert Bourassa, Monique Gagnon-Tremblay, Jean Charest, Jean Perrault, André J. Hamel, Yvon Vallières et Robert Benoit. Certains que vous connaissez un peu moins aujourd'hui comme Jean-Paul Pelletier, Paul Gervais et Jean-Yves Laflamme ainsi que d'autres que vous ne connaissez pas, Guy Fouquet et Réjean Beaudoin Jean-Paul Gendron, Wilfrid Morin, Michel Bousquet, et Suzanne Poulin.

Des voix fortes qui portent loin...

Cette époque révolue se singularisait par le fait que Sherbrooke et l'Estrie parlaient ensemble d'une voix forte. Des voix fortes qui portaient loin et qui réussissaient à mettre Sherbrooke et l'Estrie à l'agenda des grands enjeux du Québec. Une époque où nous vivions sous le leadership politique fort d'un jeune député-ministre conservateur et d'une nouvelle recrue ministre libérale, Jean Charest et Monique Gagnon-Tremblay. Une époque où Sherbrooke et l'Estrie comptaient au Québec. Laissez-moi vous raconter la saga de la reconnaissance de Sherbrooke comme pôle technologique en 1985, le sauvetage de l'ancien Palais de Justice au centre-ville de Sherbrooke et la défense des intérêts de la région en matière de santé par Monique Gagnon-Tremblay. Ce sont des histoires passionnantes qui font la démonstration que nous vivons dans un monde différent aujourd'hui, un monde où nous n'avons plus de voix fortes qui sont entendues au loin...

Sherbrooke, pôle technologique reconnu en 1985

En 1984, il y a eu à Sherbrooke la tenue d'un sommet socio-économique sous le gouvernement de René Lévesque. Malgré les efforts du milieu et du CRD de l'époque (devenu la CRÉ aujourd'hui), tous les projets à caractère technologique présentés au sommet présidé par l'ingénieur Wilfrid Morin furent rejetés par le gouvernement du Québec. On n'en avait que pour Montréal et Québec. Chargé à l'époque de rédiger un programme politique régional pour le Parti libéral du Québec, j'ai travaillé avec Rejean Beaudoin qui était alors directeur général de l'Association touristique de l'Estrie et de Guy Fouquet du Groupe SM, entre autres, pour élaborer un programme politique régional. Au cœur de celui-ci, la reconnaissance de Sherbrooke comme l'un des trois pôles technologiques du Québec. L'histoire fut que ce programme a été présenté par l'équipe libérale de l'Estrie aux élections de 1985, remporté par le Parti libéral de Robert Bourassa. La voie de la reconnaissance était tracée...

Dans les mois qui ont précédé cette élection, nous avions réussi grâce au leadership de Monique Gagnon Tremblay au sein du PLQ et de son influence auprès de Robert Bourassa à faire reconnaître cette réalité au sein du parti. Ce ne fut pas chose facile puisque les gens de Québec et Montréal ne voulaient pas de Sherbrooke à la table des grands. La pugnace et déterminée Monique Gagnon-Tremblay a gagné son pari et a convaincu son chef Robert Bourassa de faire de cet enjeu, un engagement électoral phare dans le programme politique libéral. Cet engagement clair fut inscrit noir sur blanc dans le livre qu'a publié monsieur Bourassa en 1985, Le défi technologique. Ce n'était pas une mince victoire pour Monique et notre région. La reconnaissance de Sherbrooke comme l'un des trois pôles technologiques du Québec était inscrite dans les volontés du futur gouvernement libéral de Robert Bourassa. Lisons ce qu'écrivait Robert Bourassa :

« Selon le Conseil de la Science et de la Technologie, l'Estrie pourrait s'orienter vers les domaines des matières plastiques, de l'Amiante, de la microélectronique, de la micro-informatique et du caoutchouc, car elle possède plusieurs unités de recherche œuvrant à ces niveaux. De cette façon, l'Estrie serait en mesure de freiner, voire de mettre un terme, à l'exode des diplômés de son réseau scolaire, tout en jouant un rôle prépondérant dans le développement de l'expertise québécoise en haute technologie. » (p. 101-102)

Par la suite, le gouvernement libéral a consacré dans les faits cette reconnaissance lors de la conférence biennale de l'Estrie en 1987. Événement organisé conjointement par Monique Gagnon-Tremblay et le président du CRD de l'époque, Paul Gervais. Celui-ci fut par la suite maire de Sherbrooke de 1990 à 1994. Cette réalisation a été rendue possible grâce au travail de Jean-Paul Gendron de l'OPDQ, Michel Bousquet alors directeur général de l'ACDE (une nouvelle dénomination du CRD) et de l'auteur de cette chronique alors conseiller auprès de madame Gagnon-Tremblay. Il fallut compter aussi sur l'extraordinaire complicité du milieu économique, social et culturel. Suzanne Poulin, alors responsable du bureau de Jean Charest, a joué elle aussi un grand rôle dans ce succès en facilitant avec moi, le rapprochement entre nos deux patrons respectifs, Monique et Jean. Ce rapprochement a permis l'implication active du gouvernement du Canada et a facilité la conclusion de nombreux dossiers structurants pour la région. Cette collaboration entre Québec et Ottawa était unique au Québec à l'époque. Voilà le résultat concret de voix fortes qui travaillent ensemble pour le développement d'une région. Nous avions alors chez nous des voix fortes qui portaient loin...

La saga du Palais de justice devenu notre hôtel de ville...

S'il n'y avait pas eu Jean Perrault et Jean-Yves Laflamme, alors tous deux conseillers municipaux, l'actuel hôtel de ville de Sherbrooke aurait été démoli. Ce bâtiment qui fait aujourd'hui la fierté des Sherbrookois et de nos visiteurs a été sauvé par l'opposition féroce qu'ont menée les conseillers Perrault et Laflamme pour que cet ancien Palais de justice devienne notre hôtel de ville. Dans ce dossier aussi, la voix forte de Monique Gagnon-Tremblay a eu de l'importance. Il fallait pour que le projet d'opposition triomphe du projet du maire Jean-Paul Pelletier des subventions du Gouvernement du Québec pour rénover le bâtiment. Jean-Paul Pelletier favorisait plutôt le transfert de l'hôtel de ville de Sherbrooke dans l'édifice Gabr, l'ancien Steinberg, où les sculptures de Melvin Charney sont aujourd'hui mises en valeur pour notre plus grand bénéfice. Une fois encore, Monique Gagnon-Tremblay a cru au développement du centre-ville de Sherbrooke même si c'était dans le comté voisin du sien représenté par le député libéral André J. Hamel. Ce fut une décision qui a pavé la voie à la relance du centre-ville de Sherbrooke. Une fois encore, une voix forte faisait la différence.

Défendre la santé contre vent et marée...

À cette époque-là, on parlait aussi de compressions budgétaires. Les hôpitaux de Sherbrooke vivaient un sous-financement chronique par rapport aux autres hôpitaux du Québec. Monique Gagnon-Tremblay n'a pas hésité et à créer un comité des directeurs généraux de tous les hôpitaux et des directeurs des finances en leur demandant de faire la preuve de qu'ils avançaient. J'ai alors hérité de la responsabilité de piloter ce comité et de faire le lien avec le cabinet du ministère de la Santé. Le rapport qui a été produit a fait la démonstration noir sur blanc que les hôpitaux de l'Estrie étaient sous-financés. Monique Gagnon-Tremblay a dénoncé cette situation en conférence de presse et a exigé de sa collègue Thérèse Lavoie-Roux que la situation soit corrigée. Monique n'avait pas hésité de critiquer son gouvernement au nom de sa région. Encore une fois, une voix forte s'est fait entendre : celle de Monique Gagnon Tremblay et de tous ses collègues de la région notamment Yvon Vallières, le député de Richmond.

Le triomphe de la ligne de parti...

Aujourd'hui, Sherbrooke et l'Estrie n'ont plus de voix fortes qui portent au loin. Nous n'avons plus parmi nos représentants élus des hommes et des femmes qui osent contredire leur gouvernement publiquement pour défendre leur région. Nous vivons plutôt l'époque du triomphe absolu de la ligne de parti. Je ne veux pas être nostalgique, mais cette époque était beaucoup plus intéressante à vivre et à couvrir pour nos médias régionaux. Est-il utopique que la politique puisse encore un jour faire place à cette dynamique où les élus locaux et régionaux parlent au nom de leur région au sein de leur gouvernement plutôt que de parler au nom de leur gouvernement dans notre région? Se peut-il qu'un jour, d'autres femmes et hommes politiques parlent d'une voix forte pour défendre notre singularité et les choses qui nous tiennent à cœur? Ces voix fortes d'hier étaient celles de Jean Charest et de Monique Gagnon-Tremblay, mais aussi celle de Jean Perrault.

Aujourd'hui, alors que le gouvernement Couillard, s'apprête à démanteler toutes les structures de concertation et de prise en main régionale pour des motifs d'économie budgétaire, nous nous demandons où sont les voix fortes d'antan? Plus que jamais, Sherbrooke et l'Estrie ont besoin de voix fortes qui se fassent entendre au loin...

Lectures suggérées :

Robert Bourassa, Le défi technologique, Montréal, Québec-Amérique, 1985, 145 p.


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