On le dit souvent. Les citoyens sont devenus cyniques envers
les politiciens. Et l'on en vient, à force de répéter la phrase, à condamner les
humoristes et les électeurs pour leur attitude.
Celui qui voudra me convaincre de cela cette semaine devra
se lever de bonne heure. Bien de bonne heure.
Je n'ai pas le goût d'être cynique. Je suis en colère. Je
m'explique.
La patinoire politique a toujours été glissante. Et les jeux
vicieux ont toujours fait partie intégrante de la joute qui se déroule sur la
patinoire. J'en conviens. C'est pareil pour pas mal tous les partis. Je le
crois. Ou je le crains...
Là où tout diffère, c'est que le vice est devenu tellement
gros qu'on arrive plus à le camoufler de l'œil du spectateur (de l'électeur, en
fait). Pendant des décennies, vue des gradins, la façon de jouer ne paraissait
pas autant. On se contentait de l'allure générale du match et de ce que les
joueurs déclaraient entre les périodes.
La « game » a changé.
Et les nos politiciens déclarent de façon unanime qu'eux,
ils vont faire les choses différemment.
Cette semaine, la colère a monté en moi comme une vague
envahissante.
Bien que j'analyse assez sévèrement tous les partis en
place, ces années-ci, cette fois, c'est Monsieur Couillard qui me fait pèter
les plombs.
Un Couillard qui déclare, avec son ton trop calme et carrément
emprunté, que le Parti québécois cache, derrière la supposée charte des valeurs
(c'est comme cela qu'il le dit), les résultats navrants de l'économie du
Québec.
Pardon? Vous n'énervez au plus haut point, Monsieur
Couillard.
Que vous ayez un mépris admis pour la charte proposée, cela
vous regarde. Mais que vous n'ayez que des phrases préconçues et vides à
répliquer en guise de solution de rechange, cela me dépasse. Quand on vous
demande quelle est votre position sur le projet de charte, vous répondez (et
avez demandé à vos députés de répondre) que votre position est « très
claire ». Mais personne n'arrive à la définir. Alors, concentrez-vous à la
définir, et on vous dira ensuite si elle est claire. Ça, ce serait faire de la
politique autrement.
Ne me dites pas que vous êtes un homme politique courageux.
Agissez et on qualifiera ensuite votre façon d'être.
Au fil de vos tergiversations longues et sinueuses, vous
avez perdu une députée. Mais bon, c'est de la régie interne. Vous avez choisi
la façon traditionnelle de faire, soit celle de laisser aller les choses
pendant des mois en espérant qu'à défaut de se régler, les choses vont s'arranger
toutes seules. Encore une fois, cela vous regarde.
Mais le point fort de ma colère est dans la fin de votre
déclaration des derniers jours : « le débat sur la charte veut cacher
une réalité économique ». Changez de stratégie. Le ministre des Finances
disait, dernièrement, qu'on était devant un problème systémique. Notre système
n'arrive plus à pomper et générer assez d'argent pour faire ses frais. Et vous
nous servez la même vieille rengaine: les autres ne sont pas bons et nous,
nous sommes bons. Mais la solution proposée, c'est quoi? Voter pour moi et tout
s'arrangera?
Le Parti québécois est peut-être sur la mauvaise voie avec
sa charte. Il ne fait pas tout correctement et a été très malhabile dans bien
des dossiers depuis qu'il est au pouvoir. Il prête un flanc grand ouvert à la
critique. Et il ouvre toute grande la voie à des solutions différentes. Et tout
ce que vous trouvez à dire et à faire, c'est qu'ils ne sont pas bons et que
vous êtes bon.
Le mot faible n'est pas assez fort pour qualifier votre
attitude.
Nous avons un problème de système. Entre 2003 et 2012, votre
parti a fait dans la comptabilité créative pour nommer autrement la notion de
déficit. Le problème était là sans être nommé. Là, il est nommé, mais personne
n'avance de solution. Surtout pas vous.
Un jour, prochain, il faudra nommer les choses et y faire
face.
Parce que le cynisme, c'est une chose. La colère, c'en est
une autre. Et qui porte plus à conséquences...
Clin d'œil de la semaine
Définition d'un politicien : personne qui veut se faire
élire pour servir et qui quitte pour s'occuper de sa famille.