Je constate des trucs. Certains me plaisent, d'autres me désolent.
Je n'ai pas le goût de «pèter une coche ». Pas du tout. C'est l'été, on peut bien se donner une pause, non?
Une pause...
C'est exactement ce que nous nous sommes donné, collectivement, aux dernières élections provinciales. Une pause. Ne plus parler de référendum. Ne plus parler de souveraineté. Cela était juste et bon. Tout ce que l'on veut, c'est un gouvernement qui s'occupera des vraies affaires pendant que nous, on s'occupera des nôtres...
Une pause. Ahhhhhhhh!
Et quoi de mieux qu'un parti qui la promet, cette fameuse pause? Un parti qui dit « on n'en fera pas de référendum! » Bon, ça part bien! Un parti qui dit « On va s'occuper des vraies affaires! » Bon, ça continue à aller pas si pire, non? Un parti qui dit : « L'intégrité sera le nouveau visage de notre gouvernement. Par intégrité, on entend respect, transparence, gestion responsable, ministres imputables. » Ben, là, le choix est clair, on vote pour ce parti.
Peut-on être contre la vertu?
Nous avons voté pour ce parti-là. Au fond, on revendiquait une pause. Laissez-nous retourner à nos affaires (la vie va tellement vite!) et occupez-vous des vraies affaires (vous êtes payés pour, non?)
Pour moi, c'est comme cela que s'est déroulé le scénario électoral au printemps 2014.
Il suffisait d'aligner trois ou quatre phrases rassurantes et, hop, même pas besoin de spécifier les engagements, un chèque en blanc était signé.
Cette semaine, je repensais à toutes ces vertus promises par M. Couillard. Et j'écoutais son ministre de l'Éducation s'exprimer sur son acceptation d'une prime de 215 000 $ pour prendre charge de plus de 1 500 patients. Tout cela alors qu'il était payé pour être à temps plein au gouvernement comme député de l'opposition officielle. Au moment des s'expliquer, il dit n'avoir rien fait d'illégal. Le ministre de la Santé lui donne une tape dans le dos en disant qu'il n'a rien fait d'illégal. M. Couillard s'est aussi porté à la défense de son ministre.
Moral et légal. Deux aspects, deux points de vue. Visiblement, le gouvernement de M. Couillard désire s'en tenir à ce qui est légal. Point.
Je rendais hommage à deux professeurs, dans cette chronique, il y a quelques semaines. Et j'insistais sur le message que ces gens portent. Le message qu'ils envoient à leurs élèves. L'importance pour un professeur d'être conscient que sa façon de faire et d'agir a une influence réelle et souvent insoupçonnée.
Aujourd'hui, c'est le grand patron moral de ces professeurs qui leur envoie le message suivant : vous savez, tant que ce n'est pas illégal, faites ce que voulez. Il y aura toujours une porte de sortie. Porte sur laquelle il est écrit : « Ce que j'ai fait n'était pas illégal. »
Moralement, quand on est député, qu'on reprend, en même temps, son travail de médecin et qu'on accepte une prime pour prendre charge de plus de 1 500 patients, on devrait minimalement se poser la question : est-ce que je peux être compétent partout? Est-ce que je pourrai rendre les services pour lesquels on me paie. Si, en son âme et conscience, il répond oui, on a un problème pas pire!
Et ses confrères l'accompagnent vers la porte de sortie de crise : « Ce n'était pas illégal. »
Et nous, bien, on est en pause.
Au moins, rassurons-nous, l'engagement initial tient: on ne fera pas de référendum...
Clin d'œil de la semaine
« Je voudrais un rendez-vous avec le docteur Bolduc, je suis sur sa liste. » « Un rendez-vous avec le docteur Bolduc, vous êtes malade, non? »