Si comme Bécassine, une lectrice anonyme qui ne publie à peu près jamais de commentaires sur ce blogue, vous êtes mystifié(e)s entre pixels, mégapixels, résolution, PPI et DPI, dites-vous d'entrée de jeu, que vous êtes normal(e), que vous êtes loin d'être, comme vous le dites, une « blonde ».
Votre courriel ne fait qu'illustrer qu'il se dit et s'écrit de grosses bêtises à ce sujet. Tant et si bien que ce matin, revêtant ma cape de chevalier justicier, je vais tenter de vous démêler dans cet univers glauque qui - c'est ce qui n'aide pas - est passé sous le contrôle des forces du marketing.
Pixels
Le terme « pixel » provient de l'anglais « picture element » et désigne « l'unité de base » normalisée qui permet d'afficher une image numérique sur un écran. Il ne faut pas confondre avec «la plus petite unité possible », p. ex., la techno Retina Display d'Apple qui, en gros, scinde un pixel en quatre).
La somme des pixels constituera une image; ce sera une surface faite de tant de pixels de large, par tant de pixels de haut. Ainsi, une icône de 60 pixels de large par 60 en hauteur nous donnera une image de 3600 pixels. C'est un simple calcul de surface tel qu'enseigné en Géométrie 101. Ce ne pourra être 3587 ou 3701.
Résolution
Ce qui nous amène à résolution. Si on veut me vendre un appareil photo qui sait générer 16 mégapixels (16 millions de pixels), par exemple la récente Cyber-Shot DSC-W650 de Sony, ça signifie que cet appareil peut me fournir des images de 4928 pixels par 3264, notamment, ce qui peut être un fichier énorme si on dispose d'un ordinateur pas trop récent.
On parle alors d'une photo dont la résolution est de 4928 x 3264. Qu'est-ce que ça signifie ? Si je veux agrandir une photo de 640 x 480, soit 307 200 pixels, soit un cliché typique que les gens s'échangent sur Internet, j'atteindrai très rapidement la limite de l'acceptable. Quand les pixels commencent à être évidents, c'est qu'on a trop agrandi et que tout est devenu flou. Par contre, si j'ai cinquante fois plus de pixels disponibles, ma limite d'agrandissement sera poussée beaucoup plus loin. J'aurai emmagasiné infiniment plus de détails.
Si vous cliquez sur les deux exemples ci-haut, mes piments, vous avez, à gauche, le rendu en 1048 x 764 d'un png de 4000 x 3000 et, à droite, un détail (toujours en 1048 x 764) du même png. Notez la précision. Remarquez l'inverse, ci-après. Vous voyez mes patates grelots. Je suis parti d'un png en 4000 x 3000 lequel j'ai sauvegardé en 290 x 211 pour les besoins de ce tableau; c'est l'image de gauche et elle ne se déploie pas. Mais à droite, j'ai soufflé cette petite image en 1048 x 764. Cliquez pour noter la précision.
PPP
Une belle façon de comprendre est de s'en remettre au produit final, possiblement une feuille de papier photo. Ici on peut faire un calcul simple. Reprenons notre exemple de la Cyber-Shot et de sa résolution de 4928 x 3264 et imaginons que l'on va imprimer une photo de cette qualité sur une jet d'encre à 600 DPI. C'est quoi « DPI » ? En français on dit « point au pouce » (PPP), une mesure qui remonte aux années 70 et qui désigne le nombre de pixels qu'une imprimante est capable d'inscrire sur une ligne d'un pouce (2,54 cm). Ainsi 600 PPP signifie que sur une longueur d'un pouce, il sera possible d'en imprimer 600.
Si on divise notre résolution de 4928 x 3264 par 600, soit 4929/600 et 3264/600, on obtient le résultat suivant : 8,2 x 5,4. Cela signifie que si on demande à l'imprimante de nous produire une photo de 8,2 x 5,4, elle sera parfaite et extrêmement précise. Mais si on insiste pour qu'elle emplisse une feuille de 8 ½ x 11, elle aura commencé à perdre de sa qualité. Évidemment, avant que la perte de qualité soit perçue par l'œil humain, la marge de manœuvre est quand même assez grande.
On peut aussi procéder à l'inverse. Imaginons qu'on veut un résultat parfait de 8 x 10. On multiplie alors chaque mesure par 600 (si tel est le cas), soit 8 x 600 et 10 x 600, ce qui nous donne 4800 x 6000, autrement dit en multipliant les deux chiffres, il nous faut au départ un document de 28,8 mégapixels. Attention ! J'ai bien dit « résultat parfait ». Refaisons le calcul, cette fois en demandant à la jet d'encre de nous fournir du 300 points au pouce. On obtient 8 x 300 et 10 x 300, ce qui nous donne 2400 X 3000, autrement dit, 7.2 mégapixels. Vous pouvez vous amuser avec cette méthode de calcul avec vos propres chiffres à vous.
PPI
Il ne faut pas confondre PPP et ... PPP. Le premier, « Dot Per Inch- DPI » (ou Point par pouce - PPP), est relatif à l'imprimé, le second, « Pixels Per Inch - PPI » (ou Pixels par pouce - PPP), est relatif à un écran d'ordinateur. Suivez-moi bien. On dit, par exemple, qu'un moniteur de 15 pouces, soit 12 x 9 pouces, peut afficher une image à une résolution de 1024 x 768. Or, cela nous donne du 85 PPI. Le calcul ? On divise la résolution par la grandeur en pouces, soit 1024 pixels par 12 pouces et 768 pixels par 9 pouces, et ça nous donne, dans les deux cas, un PPI de 85,3.
Prenez le SyncMaster 20 pouces de Samsung sur lequel Word est actuellement affiché pour vous produire cette chronique. En réalité, il fait 10,5 x 17, le 20 pouces étant la mesure de la diagonale. Quant à sa résolution recommandée, elle est de 1080 x 1920 (mode HDTV 1080). Si je fais le petit calcul, j'arrive à PPI qui varie entre 113 et 103. Hum !
En me servant du calculateur qui est disponible http://members.ping.de/~sven/dpi.html sur ce site Web, j'arrive entre ces deux chiffres à 110 PPI. Sauf que je réalise que les dimensions de mon Samsung en pouces devraient être de 17,4 x 9,8. J'en conclus que mon affichage sous Windows n'est pas idéal, bien qu'amplement satisfaisant.
Prenez mon iPhone. Sa résolution est de 960 x 640 et son écran est de 2,91 x 1,94. Ça nous donne 960/2,91 et 640/1,94, soit un PPI de 330. C'est un peu compliqué, mais la prochaine pub où on vous dira que tel bidule a un PPI de cette taille, vous saurez à quoi ça réfère.
Mo
Et, en terme de mégaoctets (Mo) ou de kilooctets (Ko), comment ça pèse, ces gros fichiers d'image, autrement dit, quel espace ça occupe sur un disque dur ? Ici, il n'y a pas de méthode de calcul précis. Les variables sont trop nombreuses.
Par exemple, un fichier de 4 mégapixels tiendra sous moins d'un Mo, mais pourra s'étirer sur plus de 3 Mo. Tout dépendra de son format ( p. ex. sera-t-il en RAW, JPG, PNG, BMT, etc. ?) et de son optimisation (aura-t-on privilégié sa qualité ou sa facilité de circulation sur Internet ?). Notamment.
Connaître ses besoins
Voilà pour les mesures de ceci et de cela. Mais, on ne le répétera jamais assez, tout cela est nettement insuffisant pour déterminer si un appareil photo est celui qui nous convient. Il reste des détails très importants à considérer et leur liste est longue.
Prenez un iPhone. Son potentiel en termes de résolution a beau être respectable, il n'offre que très peu de stabilité et ses contrôles n'arriveront pas à impressionner personne. S'il peut être idéal pour le « point and shoot », il se fait déclasser violemment par ma vieille Fuji qui offre moins de mégapixels, mais qui m'offre la macrophotographie, qui dispose d'un zoom intéressant et qui permet d'être adaptée à un trépied. Qu'ai-je à faire d'un fichier photo de 5 Mo un peu flou et mal cadré quand je peux en avoir un de 3 Mo publiable de façon satisfaisante sur du papier photo de 8 1/2 par 11 ?
C'est ici comme ailleurs : il faut bien connaître ses besoins avant d'acheter.