(Note: Je sais que c'est le jour du boycott du projet de loi SOPA. Si je n'en parle pas ci-après, c'est que je l'ai fait ici et ici). En fin de semaine, j'écoutais un PDG montréalais me narrer ses misères avec Apple. L'homme dont la compétence informatique ne fait aucun doute, dirige une boîte de 50 employés où on a abandonné Windows, il y a trois ans, pour passer au Mac OS X. Or, depuis l'automne, il rage et tente en vain de se faire répondre intelligemment par les satrapes de la pomme croquée.
C'est comme si, sans relâche, avec minutie et zèle, l'industrie informatique faisait tout en son pouvoir, et même plus, pour que l'on soit assuré, sans l'ombre d'une hésitation, qu'elle sait fabriquer, pour peu qu'elle en ait le goût, des logiciels pouvant s'avérer hostiles, sournois, capricieux, dangereux, bâclés ou dévastateurs. C'est comme si au sein de chaque fabricante, il existerait un DDFAC (département du feu au cul) dirigé par un psychopathe ayant rang de VP principal dont le salaire et les bénéfices annuels seraient calculés en fonction du nombre de plaintes et d'articles négatifs générés.
Le but ? Bien faire comprendre à l'utilisateur que toute velléité d'autonomie est une vue de l'esprit enfantine et qu'en tout temps, il doit se sentir entièrement soumis au bon vouloir de l'entreprise fabricante. Ainsi, il devient possible de lui vendre ce qu'on veut, comme on veut et quand on veut. Le brave et honnête client est un fidèle, un zami, un inconditionnel qui n'a d'autre choix que de suivre. De suivre en bêlant, s'il le veut.
Tactiquement, on le comble de bonheur avec deux ou trois produits consécutifs qui tiennent la route. On s'en fait même un allié sur les blogues pour en vanter les mérites. Puis, paf !, on en lance un nouveau avec tout le tremblement médiatique nécessaire, avec tous les flonflons marketing d'usage, une version de logiciel que l'on présente comme étant le nec plus ultra. Mais, hé hé, on y cache un petit assortiment de misères furtives, des trucs difficiles à expliquer aux journalistes auprès de qui on pourrait vouloir se venger, des cochoncetés réfléchies dont le rôle est de faire damner les utilisateurs ayant oublié à qui ils ont affaire.
Parano, ma mise en contexte ? J'ai beau chercher des explications aux déboires de mon PDG, un entrepreneur sensé qui se dit victime d'une sorte de Catch 22, mais je n'en trouve aucune autre.
Voici le problème. Par décision de gestion, son entreprise loue ses équipements Apple au lieu de les acheter. Ainsi, il y a roulement et le parc informatique est toujours à la pointe. Or, depuis l'automne, on lui livre des serveurs, entendre de robustes Mac mini (Apple ne fabrique plus de XServers), équipés de la version 11.7 (Lion) de Mac OS X Server. Or, une misère fait en sorte qu'il est impossible pour les postes clients en VPN de se connecter à ces serveurs en mode Airport Extreme (WiFi 11n à la sauce Apple), cela même si les trois rustines disponibles ont été installées.
La solution ? Retourner à la version précédente du Mac OS X Server, c'est-à-dire à Snow Leopard, une version qui ne présentait pas ce problème. Hélas, le DDFAC y a pensé. Ainsi, les nouveaux Mac mini, des i7 avec 8 Go de mémoire vive, ne fonctionnent qu'avec Lion, point à la ligne; il n'est pas rétrocompatible ! (1) Comme résultat, mon PDG doit désormais compter sur une dizaine d'employés qui n'ont plus accès au serveur de courriel.
Il pourrait bien entendu revoir son contrat de location (on ne lui fournit plus de machines avec Snow Leopard, client ou serveur), installer un nouveau système de courriel, enlever le WiFi et installer des câbles Ethernet, se faire disciple du Voudou, que sais-je. Mais il trouve tout cela vraiment idiot. Et enrageant ! Il estime à quelque 15 000 $ le temps perdu à cause de cette situation.
S'il pouvait obtenir une réponse satisfaisante du côté d'Apple, le malheureux PDG serait prêt à tout pardonner, incluant le fait qu'il doit maintenant compter avec « un paquet d'Apple Scripts qui ne fonctionnent plus » et que le soutien à MySQL a été évacué de Lion Server. Mais hélas!, il s'est récemment fait dire « d'aller se plaindre dans les forums ». Pire, la fois d'avant, il s'est fait répondre que « there's nothing we can do about it » ...
Pour lui, il y a deux scénarios possibles:
A : Apple ne change rien au code de Lion Server, la firme de location lui remplace les serveurs Snow Leopard qui lui restent par des Lion (stipulation du contrat) et, chez lui, c'est un bordel encore pire.
B : Apple agit comme d'habitude et sans jamais avoir reconnu le problème, accouche d'une rustine importante qui, tadam!, vient corriger le bogue dans Lion Server. Hum !
La question est maintenant de savoir si c'est A ou B qui arrivera en premier.
Bon courage, monsieur !
(1) Cela semble particulier au Mac mini, à moins que ce ne soit à la mouture « serveur » de Mac OS X. Par exemple, mon MacBook Pro, un i7 de 8 Go, turbine de façon satisfaisante avec l'édition « client » de Snow Leopard.