Au moment d'écrire ces lignes, il fait soleil. Le ciel est bleu. Grand bleu!
Un matin d'hiver où le mercure semble avoir gelé à -30 degrés. Dehors, les pas crissent dans la neige durcie. Une journée de verres fumés. Et de coton ouaté!
La large fenêtre de la pièce qui me sert de bureau renvoie la lumière du soleil avec tellement de vigueur que je pense mettre mes verres fumés à l'intérieur! Je sais, je pourrais descendre la toile, mais je n'ai pas le goût de me priver de cette lumière.
Un surlendemain de tempête.
Comme on en vit chaque hiver. Depuis des lunes!
Mais maintenant, ce n'est pas pareil. Et, cette fois, les changements climatiques n'y sont pour rien.
Ce sont les changements dans nos modes de communication qui sont visiblement en cause.
Tempête médiatique
Il semble bien que pour qu'une chose existe, il faille qu'elle soit publiée. Sinon, rien.
Pareil pour une tempête dite hivernale. Une tempête hivernale en hiver. Pléonasme ? Peut-être pas, puisqu'on vit souvent les 4 saisons dans une même semaine, tout au long de l'hiver!
Mais là n'est pas la question qui me turlupine.
Vous savez comment fonctionnent les médias sociaux et sites Web! Pour continuer d'exister, ils doivent performer. Et, dans ce domaine, on performe en accumulant des « clics ». Et on génère des « clics » en stimulant au maximum l'utilisation du site.
Si un site réussit l'exploit de joindre des milliers de visiteurs uniques et que ceux-ci, en plus, passent quelques minutes sur le site chaque fois qu'ils s'y présentent et qu'ils reviennent plusieurs fois par jour, c'est la gloire! Les annonceurs voudront se greffer au site, l'argent va entrer! Le plus souvent à l'abri de l'impôt! C'est pas beau, ça?
Rien n'est différent pour les sites spécialisés dans les conditions météorologiques.
Ainsi, on annonce maintenant une tempête des jours à l'avance, avançant des chiffres comme si la météo était une science exacte.
Chaque canicule, tempête de neige ou pluie abondante doit devenir autre chose qu'un simple épisode météorologique. Ce doit être un événement spectaculaire! Au point de générer un achalandage soutenu. Au point de créer une précommotion. Juste au cas où il n'y aurait pas vraiment de commotion lors de l'événement.
Les sites publient des vidéos des années passées, émettent des bulletins de veille rafraîchis aux 30 secondes, sèment la peur en prédisant le nombre de sorties de route par comparaison aux autres tempêtes du genre.
Bref, on a l'impression d'écouter un match de hockey dans lequel on meuble les temps morts en affirmant que dans une telle situation, au fil des 25 dernières années, l'équipe s'est comportée de telle manière. C'est utile? Pas vraiment. Mais ça meuble du temps. Et, dans le cas des tempêtes, ça aide à bâtir une psychose!
La météo est liée à nos comportements quotidiens: on parle toujours de la météo! Après l'éternel « ça va? » vient toujours le sempiternel « Ouin, ben, y fait frette! » Ou chaud. Ou y mouille tout le temps, ou il tombe de la marde blanche...
Dans cet ordre d'idée, selon les sites et médias consultés, nous avions un état d'esprit différent par rapport à la tempête de neige de vendredi dernier.
Plus une tempête est préqualifiée d'extraordinaire, plus on lui donne une couverture médiatique intense et plus la psychose grandit.
Il a neigé vendredi.
J'aime croire que chacun a gardé des réflexes de base du type : « je pense que je vais attendre à demain pour aller faire mon Costco. »
À moins que le Costco soit maintenant un service essentiel. C'est pathétique, mais ça se peut!
À la fin, je retiens ce commentaire de Martin Bossé au-dessus d'une manchette de Météo média : « Fuyez! »
Clin d'œil de la semaine
Internet, des fois, c'est Voldemort qui siphonne notre esprit critique et notre bon sens...