Les sucres. S'il est un élément qui nous caractérise particulièrement, c'est bien le temps des sucres. C'est dans l'ADN de notre peuple. Au Québec, au printemps, il suffit d'une entaille et on bouille.
Comme citoyens, nous sommes devenus des êtres de printemps à l'année. On bouille à la moindre entaille!
Plus on avance dans le temps, plus l'information n'est faite que d'opinions. Plus on a une opinion sur tout. Parce qu'on emprunte celle des autres. Comme si c'était du cash.
Moment déprimant cette semaine. La ministre du Patrimoine, Mélanie Joly a accepté un jeu. Répondre à des questions comme : « vous êtes plus de type vin ou chocolat? » « Gâteau blanc ou au chocolat? » Et toute une série de petites questions un peu nounounes auxquelles nos politiciens doivent se soumettre, sinon, on dira d'eux qu'ils ne s'identifient pas au bon peuple. On est de même. Au milieu des questions, celle-ci : « Radio-Canada ou TVA? » Elle n'a pas vu le piège. Elle a répondu « Facile : Radio-Canada ». Mais le moment de déprime n'est pas là. Il est dans la réaction de TVA qui dira : « appelée à dire spontanément si elle préfère Radio-Canada ou TVA, la ministre.... » Aucun contexte. Juste de même. Et Mario Dumont, utilisant sa voix la plus niaise pour parodier la ministre, en remet. Et en remet.
La politicienne pas très expérimentée est tombée dans le piège. Depuis sa nomination, on lui parle du dossier prioritaire de Radio-Canada. Il fait partie de son quotidien. Elle est tombée dans le piège. Et Mario Dumont s'est chargé personnellement de la ramener au rôle de conne de service. Venant de celui qui aspirait à devenir premier ministre, hier encore, c'est troublant.
Mais au-delà de l'anecdote, il y a cette façon que nous avons de vouloir à tout prix une opinion rapide sur tout, maintenant, tout de suite. Si on veut débattre sur le sort de Radio-Canada, faisons-le. Mais correctement. Pas à coups d'invectives niaises.
Nous sommes des êtres de printemps. Une entaille et on bouille.
C'est comme le végétarisme. On m'a affirmé, l'autre jour, que le métabolisme humain n'est pas fait pour qu'il soit carnivore. Une question de longueur d'intestins et autres trucs du genre. On me dit que la science s'est prononcée là-dessus.
Les questions du sceptique que je suis ont fusé : « OK, mais ce serait quoi la longueur idéale pour l'intestin d'un omnivore? » « Pis, mettons qu'on n'a pas de IGA qui importe, de partout dans le monde, des aliments pour compléter la variété nécessaire à notre alimentation, on fait quoi, on meurt? » « Si j'habite au nord du Québec ou dans une zone plus désertique, je prends mes protéines où? » « Ah! Oui, et si c'est pour sauver l'environnement, doit-on accepter d'importer tout ce qui ne pousse pas chez soi? » « Et si je mange de la viande achetée d'un producteur qui agit de façon responsable, je suis aussi un paria? » « Finalement, est-ce que le métabolisme de l'humain ne demande pas une approche plus complexe en alimentation que celui d'un animal carnivore? »
Pour toute réponse, j'ai eu ceci, avec un air un peu dédaigneux : « Je vais t'envoyer une vidéo qui dure 7 minutes. Le gars est hot, tu vas comprendre. C'est la science qui parle.»
Non, c'est un gars qui parle. Un bon vendeur. Mais d'abord et avant tout, un donneur d'opinions. Il n'est pas la science. L'approche scientifique cherche à se mettre constamment en contradiction pour prouver ses trucs.
Question, votre honneur : « Est-ce qu'on peut être omnivore, végétarien ou végétalien sans créer une microsociété qui exclut les autres? » J'espère. Sinon, ce n'est plus une façon de s'alimenter, c'est une religion au sens exclusif du terme.
Nous sommes des êtres de printemps. Une entaille et on bouille.
Mais ce qui reste à la fin n'est un sirop délectable. C'est un nectar à l'arrière-goût de clans qui s'affrontent. À l'arrière-goût de haine, en fait.
Clin d'œil de la semaine
« Un mammifère ne boit pas de lait dans sa vie adulte. Donc on ne devrait pas boire de lait. »
Un mammifère ne boit pas de bière et de vin dans sa vie adulte non plus...