Internet est un trampoline infini. Les lecteurs vont de bond en bond, d'un bout de texte à l'autre, jusqu'à ce qu'ils trouvent ce qu'ils souhaitent. Et au gré des bonds et des rebonds, ils se sont fait des semblants d'opinion en grappillant, en quelques secondes, des bouts de phrase qui perdent ainsi leur contexte initial.
Pareil pour les titres dans les journaux.
La magie du titre est de donner une idée du contenu de l'article et de stimuler l'intérêt du lecteur pour le texte. Dit autrement, le titre, à lui seul, ne raconte pas tout. On ne devrait pas se faire une opinion juste sur l'énoncé qui coiffe un texte. Comme on ne se fait pas une opinion sur un homme en regardant son chapeau. Quoique, des fois ...!
Titre et perception...
Plus sérieusement, j'ai failli tomber dans le piège samedi matin. Une manchette titrait : « Une question du Ministère choque ». Et en sous-titre : « Plusieurs élèves du 5e secondaire rejettent l'idée de s'adapter aux changements climatiques ». Quel est le piège? Celui qu'on met soi-même sur la route! Le titre est bon, le sous-titre aussi. Mais la première impression que j'ai eue est la suivante : je ne peux pas croire que les élèves ne croient pas qu'il y a des changements climatiques et qu'ils en veulent au Ministère d'aborder le point!
C'était une impression. Avant de lire. J'ai ensuite réalisé que j'avais tout faux. Que c'était tout le contraire, en fait! Les élèves critiquent le fait qu'on parle de s'adapter plutôt que d'entrevoir des manières de ralentir les changements climatiques. Il fallait juste prendre le temps de lire le texte.
Une question à 500 mots!
La question a fait jaser. Avec raison. C'est comme si le Ministère disait : « bon, ben, c'est ça qui est ça! Il n'y a rien à faire. Maintenant, comment fait-on pour s'adapter? »
Vous voyez, je trouve que la bourde du Ministère tombe bien. Parce que, oui, c'est une bourde. Elle tombe bien parce qu'on sent une mobilisation rassurante des plus jeunes. Elle tombe bien parce qu'on a élu un gouvernement qui s'est aperçu qu'il y avait un problème environnemental seulement au lendemain des élections. Quand même incroyable!
Elle tombe bien parce qu'elle vient aussi me rassurer : un examen du Ministère n'est pas juste un ramassis de questions à choix multiples.
Il faut se bâtir un esprit critique et mettre en lumière les arguments qui nous animent. À l'ère des médias sociaux, ça fait du bien de constater qu'on demande à des élèves d'écrire 500 mots sur un sujet donné, le tout livré sous forme d'argumentaire.
Oui, la bourde tombe bien.