Au gré des semaines, vous avez appris à me connaître. Peut-être au point de deviner ce que je pense de telle ou telle situation. Le contraire n'est pas vrai, cela dit.
C'est toujours un peu étrange d'entendre quelqu'un me dire : « je te lis chaque semaine ». Étrange parce que, pour moi, ces chroniques constituent une sorte d'exercice qui aide à ordonner mes pensées, à me faire une tête sur ce qui se passe. Et comme je sais que les chroniques sont publiques, je me fais un devoir d'écrire des choses que je n'hésiterais pas à dire à haute voix en présence des personnes parfois visées.
Dit autrement, cette chronique m'aide à calibrer mes positions.
J'apporte un certain éclairage tout personnel, c'est sûr, mais mon premier souhait est de susciter une réflexion. Ou un petit temps d'arrêt. D'accord ou pas avec moi importe bien peu. L'important n'est pas là.
Mais revenons à la chronique.
Bon. Le retour du gars sympathique, maintenant.
Donc, celles et ceux qui lisent régulièrement ont croisé, au fil des lignes de texte, mon principe du gars sympathique. C'est tout simple : on ne devrait jamais dire qu'on est quelqu'un de sympathique, ça devrait juste paraître.
Mais dans un monde où le paraître, justement, prend une importance capitale, à une époque où on va jusqu'à modifier son corps pour créer une image, il est parfois difficile de trier le vrai sympathique du faux.
J'ai eu le sentiment de croiser une bonne dose de vrai, samedi dernier, lors du spectacle de Lise Dion au Centre culturel de l'Université de Sherbrooke. Une soirée drôle, plaisante. Une soirée qui laisse un petit bonheur en souvenir. Une soirée heureuse.
Pas de l'humour qui provoque, qui insulte, qui décape toute civilité au nom de la liberté de l'expression artistique.
Une soirée qui nous ramène à nous-mêmes. En fait, et au fil de son autodérision, on finit par rire de nous-mêmes. Mais candidement. Pas de méchanceté gratuite. Mais du rire, monsieur. Je dirais même plus, du rire, madame!
On peut jouer à être vrai. Ça existe.
Et on peut être vrai. Authentique.
C'est cette deuxième option que je coche sur mon questionnaire imaginaire.
Parfois, on dit d'un artiste qu'il ou elle a su s'adapter à un public qui évolue. Que la livraison et le contenu du matériel utilisé sont pensés pour renouveler une clientèle.
Je salue le fait que Lise Dion ait choisi de ne pas miser sur une adaptation qui aurait pu sonner faux. Il y a trente ans, elle a commencé sa carrière avec des vingt et trente ans, surtout. Elle continue avec ce même groupe qui a, lui aussi, trente ans de plus au compteur. Elle le fait avec un succès vrai, intense, heureux.
Ceci n'est pas une critique de spectacle. J'ai beaucoup aimé, vous l'aurez compris. Elle bouge, raconte, chante et amuse. Elle est Lise Dion. Mais bon. C'est mon regard sur la chose, rien d'autre.
Cette chronique est un clin d'œil à ce spectacle qui représente une oasis de vrai dans ce grand désert de faux qui nous entoure.
C'est juste ça. Mais tout ça, en même temps...
Clin d'œil de la semaine
À défaut de pouvoir définir universellement ce qui sonne ou semble vrai, je dirais que c'est ce qui ne sonne ou ne semble pas faux...