Bonjour à vous toutes et tous, politiciennes et politiciens canadiens,
Je suis un citoyen canadien dit de souche. Bon les racines de ma souche sont de France, mais mon arrière-grand-père est né ici. Je vous écris à la suite de l'élection du 21 octobre dernier.
Je sais, ce n'est pas facile, une campagne électorale. Le "politiquement correct" dirige le jeu, bien appuyé par une équipe qui gère les communications. Mais bon. Dans une société où les libertés individuelles sont fondamentales, il faut s'attendre à des conséquences. Parmi celles-ci, le fait que chaque élément doit être bien enrobé et ficelé pour ne pas déplaire. Ça fait partie de la « game ».
Bon, parlons-en donc, de la « game »!
Chaque député l'affirme : elle ou il est là pour servir. Et c'est vrai dans la majorité des cas, j'en suis convaincu. Mais il y a les députés et il y a le parti! Et quand notre parti a une chance réelle de gouverner, quand on cogne à la porte du pouvoir, le jeu est différent : on joue pour être élu. Et ensuite, pour être réélu. Point.
Ça donne de drôles de situations. Premier exemple: vous pouvez plaider l'urgence d'agir en environnement à l'Est pendant que vous faites la promotion de l'exploitation du pétrole canadien à l'Ouest. Même si le pétrole provenant des sables bitumineux nécessite des procédés d'extraction très dommageables pour l'eau potable, entre autres. Autre exemple: vous modulez vos convictions profondes en ne parlant pas de votre aversion pour l'homosexualité, l'avortement et votre amour des armes pour être sûr de ne pas perdre de votes, mais en faisant bien attention que celles et ceux qui votent pour vous à cause de ces convictions ne changent pas d'idée!
Pour la crédibilité, on repassera.
De mon siège citoyen, j'ai vu deux déploiements bien différents. D'un côté, les deux partis ayant un accès potentiel au pouvoir tentaient de détruire la crédibilité de leur principal adversaire, et de l'autre côté, de tiers partis qui vantaient leurs plateformes et idées.
Toujours de mon siège citoyen, ce fut une campagne très décevante.
Une mer d'enjeux dans un désert d'actions concrètes. Sauf de la part des partis qui ne formeraient pas le gouvernement, de toute façon. Les sondages le disaient dès le début.
Ah, oui, je voulais aussi vous dire : je n'en pouvais plus, moi non plus, de la pluie de sondages et de commentaires des agrégateurs de sondages, ces nouveaux spécialistes de l'analyse de tous les sondages réunis!
Il me semble qu'on met plus d'efforts à prévoir qui va gagner qu'à se demander ce qu'on souhaite comme modèle de société.
Recevez ici la lettre d'un citoyen déçu.
Et recevez surtout ce constat qui m'habite depuis mardi matin : les électeurs sont sortis voter. Ils vous ont dessiné un modèle de gouvernement. Il est minoritaire. C'est ça qui est ça. Je vous entends déjà vous demander quand on retournera aux urnes pour « réparer » ça ! Votre objectif est simple : gouverner à votre guise, de façon majoritaire. Je sens déjà les stratèges et experts prétendre que « dans un horizon de deux ans », on retournera voter.
C'est pour ça que je vous écris aujourd'hui.
On a voté et ça a donné ça. Bien, faites avec! Point.
Parlez-vous. Négociez. Tenez compte de l'avis de l'autre. Ouvrez-vous à l'autre, qui représente aussi des idées soutenues par les citoyens.
Vous savez, dans mon quotidien professionnel, je dois vivre avec des aléas qui ne me plaisent pas toujours. Et vous savez quoi? Je fais avec! Ou bien, je quitte mon poste, si les règles du jeu me déplaisent à ce point.
Vous dites toutes et tous que vous respectez le verdict électoral de vos commettants. Bien, cette fois, agissez selon ce que vous dites. Le résultat d'une élection ne devrait pas être une boule de pâte à modeler qu'on taponne jusqu'à ce que ça donne ce qu'on veut!
Vivez en coalition. C'est possible! Et c'est possible d'avancer pareil! Assumez votre devoir d'élu d'une façon différente, mais assumez-le!
On se revoit dans 4 ans. À date fixe. Comme promis.
Signé : un des presque 18 millions de votants à qui vous avez prétendu qu'il était sa seule raison de s'impliquer en politique...
Clin d'œil de la semaine
Pas très gai, le mariage entre Andrew Scheer et des Conservateurs, c'est jours-ci. Verrons-nous une carrière avorter ?