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Les égos démesurés…

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 6 septembre 2023

« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». Cette citation d'Antonio Gramsci peut nous aider à comprendre le monde actuel dans lequel nous vivons. Les manchettes n'en finissent plus de nous raconter notre histoire où toute la place est laissée à l'individualisme, à l'égoïsme social et à la déresponsabilisation. La démocratie que l'on aime bien citer comme notre système fond sous nos yeux. Le vouloir vivre-ensemble, expression à la mode, ne veut rien dire. Réflexions d'un citoyen exaspéré du monde actuel qui fait l'objet des manchettes.

L'affaire Mx

Juste cette dernière semaine, nous avons eu droit à une avalanche de commentaires disgracieux sur les égouts sociaux à l'endroit d'une personne enseignante qui ne voulait pas se faire appeler madame ou monsieur. Cette personne qui démontre sa préférence pour un genre neutre, genre Mx et son prénom, a parfaitement le droit d'exprimer son identité de genre sans pour autant faire l'objet de l'opprobre social. Il est totalement inacceptable que cette personne soit l'objet de commentaires disgracieux de la part de quiconque.

Néanmoins, s'il est admis, comme l'a dit le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, que nous puissions accorder une valeur à ce que nos enfants appellent leurs enseignants par une marque de déférence à l'autorité comme monsieur ou madame, nous devons proposer un dénominateur commun pour toutes les personnes qui ne se reconnaissent pas en un monsieur ou une madame. Cette appellation devra à la fois respecter l'identité de genre de la personne concernée et traduire dans les faits la marque de déférence à l'autorité que nous souhaitons. La solution envisagée doit être à la fois respectueuse des différences exprimées par une très petite minorité, mais aussi respecter la majorité que nous sommes. Il y a certes matière à discussion, mais pas à l'injure ni à l'opprobre. D'autant plus que selon la directrice de l'école primaire de l'école concernée, cette demande de l'enseignante a très bien été acceptée par les enfants et les parents directement concernés par la question. Voilà un exemple de l'un de nos monstres qui se pointent le nez, celui de la haine et de l'intolérance.

Le scandale des abus sexuels de nos enfants

Un autre sujet qui a fait les manchettes ce dernier vendredi est le rapport commandé par le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville. Ses commentaires sur son rapport sont sans appel. Le ministre a déclaré que : « Je suis extrêmement préoccupé par ce que j'ai lu. » Il a aussi affirmé que la sécurité des enfants à l'école est la priorité en éducation avant de déclarer qu'il y a des lacunes importantes dans la manière dont les organismes scolaires et le ministère traitent les plaintes. Mais aussi des lacunes dans la façon dont sont gérés les dossiers des personnes visées par des allégations d'inconduite.

Au fond parmi les problèmes identifiés, il y a le fait tout simple que le ministère de l'Éducation n'a pas les données personnelles des employés qui vont d'une région à l'autre. La loi de la protection des renseignements personnels interdit à un employeur de transférer des renseignements à un autre employeur même si tous travaillent pour le gouvernement du Québec. Le ministre Drainville promet de remédier à cela dans l'étude de son projet de loi sur l'accès aux données qui sera discuté à l'Assemblée nationale dans les prochaines semaines. Il sollicite la collaboration des partis politiques d'opposition. On verra bien où cela mènera. La tenue d'une élection complémentaire prochainement dans le comté de Jean-Talon, qui sera chaudement disputée, n'aidera pas à mettre en œuvre des consensus intra partisans.

Par ailleurs, je me demande comment l'État québécois peut permettre à des gens employés par le pouvoir de nos taxes de changer de région pour continuer à sévir. N'est-ce pas ce que nous avons lourdement reproché à l'Église catholique romaine de déplacer ses membres abuseurs d'un diocèse à un autre ? Pourquoi ce qui est totalement inacceptable pour l'Église est acceptable pour l'État québécois ?

L'autre élément clé c'est que les conventions collectives négociées entre les syndicats et les Centres de services en région prévoient des clauses d'effacement des notes disciplinaires dans les dossiers. J'ai entendu au moins un représentant syndical qui semblait tenir à ce type de clause au nom de la protection de ses membres. Ainsi, les syndicats au nom de la protection des droits de leurs membres vont devenir le rempart de la défense des prédateurs sexuels. Si cela n'est pas l'un de nos monstres, je ne sais pas ce que sont nos monstres. Le monstre du corporatisme au détriment de la protection de nos enfants. Ras-le-bol et vous ?

Le déni de la démocratie

Parmi nos vaillants guerriers des réseaux sociaux, ils s'en trouvent qui n'en finissent plus de défendre les comportements de Donald Trump, aussi criminel que ses gestes puissent-ils être. D'abord, d'où vient cette idée de commenter au Canada le caractère d'un politicien étranger et de s'en faire les émules ? Le Canada n'est-il pas un pays distinct ? Chose certaine, au Canada, Trump avec son lourd bagage judiciaire ne pourrait faire campagne pour l'un de nos grands partis nationaux. On ne pardonne pas à des politiciens accusés injustement alors comment pourrait-on pardonner à un Trump ? Pourquoi alors ces commentaires si élogieux envers Trump au Canada ?

Parlant toujours de démocratie, la guerre canadienne du gouvernement Trudeau contre Facebook et Google a accouché d'une souris. Le problème de l'effondrement des modèles d'affaires anciens des médias ne peut trouver une solution durable en dehors de la révision des modèles d'affaire des médias eux-mêmes. Ce n'est pas en créant des mesures bureaucratiques que nous allons sauver la démocratie et les médias locaux. La solution la plus pérenne c'est que nous les citoyennes et les citoyens payons pour les informations locales, nationales et internationales. Au dernier décompte, nous n'étions que 11 % de la population canadienne à payer pour des abonnements aux médias. Serions-nous nos propres monstres ? Des monstres d'hypocrisie qui versent des larmes de crocodile sur l'importance de nos médias locaux, mais qui refusent de payer pour les services qu'ils nous rendent ?

Nous sommes les monstres

En fait, les monstres que décrivait Gramschi qui apparaissent dans le clair-obscur d'un monde en pleine mutation ne sont que nos propres comportements de fuite en avant, notre égoïsme social, notre poursuite effrénée de l'argent, du pouvoir. Nous manquons d'humilité et notre vision est obscurcie par nos égos démesurés...


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