Il y a quelque chose qui tient de la fibre, là-dedans! Une
fibre que nous portons tous, je crois. Un bout de fibre réagit à l'idée qu'un
superhéros peut régler d'un coup une situation donnée.
Quand je constate l'extraordinaire popularité des superhéros
dans les jeux vidéo, dans les longs métrages ou même dans le déploiement des costumes
à l'Halloween, la fibre en habite plus d'un!
De nos jours, il est facile de retracer des extraits des
émissions qui ont meublé mon enfance et dans lesquelles intervenait un
superhéros.
J'avoue qu'il m'est un peu difficile de concevoir que ma
fibre ait vibré par rapport à ces scénarios souvent douteux! Dire que certaines
séries vieillissent vraiment très mal est un euphémisme. Je suis retombé sur
Ultra-Man dernièrement. Issshhhh.... Ça ne convaincrait pas un jeune de nos
jours! Quand j'y repense, il ne me convainquait pas tellement non plus... Bref!
Le superhéros
Le superhéros (gars ou fille, mais surtout gars, visiblement!)
identifie, dans sa grande sagesse, ce qui est bien et ce qui est mal. Après, il
agit en conséquence.
Donc, il règle tout.
Et le superhéros est et demeure un solitaire. Une fois le
monde (encore!) sauvé, il retourne d'où il vient, prêt à revenir au besoin. Il
n'est pas influençable. Il prêche des vertus dans ses actions, mais ne se prête
pas au jeu de la critique.
Il peut tuer au nom du bien. Si c'est le prix à payer, go!
Il n'a pas cette obligation morale minimale de confronter
ses idées et ses actions.
Il est un superhéros. Pas un simple humain limité dans sa
réflexion!
Depuis des lunes!
Des fois, je me dis que la présence d'un superhéros peut
agir en nous comme un régulateur. Comme une valve d'urgence qui fait sortir la
pression quand les situations sont trop lourdes ou complexes. Quand notre
cerveau est brouillé dans ses signaux.
Les religions ont généralement leur superhéros qui vient
tirer les lignes entre le bien et le mal, sans endurer de réelles
confrontations d'idées. Au nom de leur superhéros, les humains n'hésitent pas à
étirer les concepts. L'amour du prochain devient vite très conditionnel...
C'est avec candeur qu'on voit débarquer une autre sorte de
superhéros à Noël. Le Père Noël qui visite et distribue bonheur et gâteries à
chaque enfant du monde. Ça fait du bien d'y croire un peu, j'imagine...
S'en remet-on?
Une fois plus grands, se remet-on de notre dévotion envers
les superhéros? En théorie, oui, mais pas toujours, visiblement. Et quand la
raison ne raisonne plus parce que tout va mal, on cherche un superhéros et on
se colle à la suite de celles et de ceux qui les suivent.
Un superhéros qui possède la vérité. Qui crie haut et fort
qu'il va tout régler. De même, simplement! Qui n'accepte pas les idées
divergentes. Qui est profondément narcissique, mais qui donne l'impression de
protéger ses commettants. Il détermine le bien et le mal et trace lui-même les
limites entre les deux. Il peut tuer pour ce qu'il identifie comme le bien. Il
distribue la haine en faisant croire à ses troupes qu'il parle en leur nom.
Pourtant, à la fin de la journée, il retourne tout seul dans
sa tour. Il n'a besoin de personne. Pourquoi s'embêter des autres? Il a
lui-même, ce qui est en soi un privilège.
Le superhéros, c'est Trump. Poutine, Kim Jong-un et combien
d'autres?
Ils jouent au superhéros. Et savent que plusieurs les
considéreront comme tels.
Pourtant, quand on finit par croire qu'un simple geste d'un
superhéros va nécessairement régler toute situation pourtant complexe, on
devrait avoir une alerte lancée par notre raison.
Mais la raison finit par s'y perdre, parfois. Et c'est
justement quand la raison des commettants est bousillée que le superhéros est
fier de sa victoire.
Clin d'œil de la semaine
Dans un film de superhéros, un personnage joue le
bien et l'autre mal.
En société, c'est plus complexe un brin...