Le
Coronavirus frappe fort. Et se répand facilement.
Historiquement,
l'humain a réussi, au fil des connaissances acquises, à contrer les bactéries
et virus avec un succès relatif. Les autres espèces qui ont vécu pareilles
attaques sont soit disparues ou soit ont muté plus ou moins profondément pour
s'en sortir.
L'humain
peut compter sur une arme double qui lui est propre : l'intelligence et la
conséquence. J'appelle ainsi la capacité de comprendre l'environnement et ses
composantes et le fait de pouvoir, par voie de conséquences, faire agir les
éléments entre eux. Ainsi, l'humain a mis en place, à grands coups (et coûts!)
de recherches, des médicaments, vaccins, interventions médicales et autres actions
pour se défendre.
Pour ce
qui est de la biologie, le pire virus est celui qui viendra.
Pour
notre société, le pire virus s'exprime haut et fort ces semaines-ci : l'égocentrisme
intolérant.
Cet
égocentrisme qui s'est installé en l'humain social que nous sommes et qui fait
dire à plusieurs les plus grandes énormités et qui fait commettre bien des
gestes malheureux.
On
pourrait croire que l'intolérance ne s'exprime qu'envers ce qui est différent
de nous : l'orientation sexuelle, l'origine ethnique, la façon de
s'habiller, de se coiffer. D'être!
Mais
dans le convoi de la Liberté/Freedom qui est ancré à Ottawa, je vois trop d'égocentrisme
intolérant. Intolérance envers les autres, envers les institutions, envers
tout. Camouflées derrière le noble mot liberté (une valeur fondamentale de
notre société), se cachent une violence et une haine qui font peur. Réduire la
liberté à une sorte de « tasse-toé mon estie, je passe, chus libre! »
est déroutant et met en lumière une forme d'égocentrisme intolérant dangereux.
Celui qui exclut tout ce qui n'est pas avec soi.
Les
camionneurs ont peu à voir dans ce convoi, au final. Ils ne sont ni plus ni
moins touchés par les restrictions que les autres en société. Mais ils ont un
atout : un gros camion! Celui qui hurle, qui fait de bruit! Celui dont la
calandre a été souvent dessinée et conçue pour impressionner. Pour faire peur.
L'égocentrisme
qui devient de l'arrogance pure quand des organisateurs gueulent qu'ils parlent
au nom du peuple! C'est une fausseté crasse! Aucun d'entre eux n'a reçu un
mandat.
Oui, un
mandat. Comme ceux que la population accorde à des représentants pour,
justement, les représenter.
Pareil
mandat ne se mérite pas à coups d'insultes et de claques sur la gueule.
L'égocentrisme
intolérant qui essaie de se répandre en prétendant que « nous n'avons plus
aucun droit dans cette société » ! Dans une société radicale et
autoritaire, vos camions n'auraient pas franchi 100 mètres avant d'être
neutralisés et rayés de la carte!
L'égocentrisme
intolérant qui cherche à se justifier en faisant des références, par exemple, au
nazisme et à d'autres atrocités. Le simple fait de l'écrire sur une affiche
démontre un manque de culture, de respect et de connaissances minimales.
L'égocentrisme
intolérant qui fait tout déraper.
En soi,
la manifestation du ras-le-bol n'est pas malsaine! À travers les gueulages de
Rambo Gauthier (du côté de Québec, cette fois) et des animateurs de foules, il
y a bien des gens de bonnes intentions qui manifestent un trop-plein
compréhensible.
Mais ce
sont les égocentriques intolérants qu'on entend. C'est criant (!) à Ottawa. Ils
ne font pas la différence entre une manifestation et un siège. Ils ne réalisent
pas que, tantôt, il y aura d'autres manifestants pour les entourer et les
défier au nom de leur liberté de vivre paisiblement!
La vie
collective sans règles est impossible.
Croire
que le simple fait que de faire boucaner et hurler des camions et faire gueuler
des animateurs de foule va régler d'un coup un problème de santé publique
relève de l'utopie.
Être
tolérant, ce n'est pas manquer de colonne vertébrale. C'est plutôt comprendre
les façons mises à notre disposition pour influencer le cours des choses. Être
tolérant, c'est se donner aussi les moyens de comprendre les choses et les
concepts avant de frapper partout.
La
vraie inquiétude
Moi
aussi, je suis tanné des normes et des consignes.
Mais je
suis surtout inquiet : si on agit comme cela pour un virus qui modifie un
peu notre quotidien, qu'en sera-t-il quand il faudra vraiment faire face,
ensemble, aux conséquences environnementales qui s'expriment de plus en plus et
dont on ignore les signaux d'urgence?
Signaux d'urgence
qu'on choisit d'ignorer au nom de notre liberté individuelle de vivre et d'agir
comme on le souhaite.
Clin
d'œil de la semaine
« La
Covid! Crissez-moé patience avec ça, c'est fini, ce virus-là! »
Une déclaration du doyen de
la faculté de médecine et de recherche de l'Université de la Vie, M. Rambo
Gauthier...