Autre temps. Autres mœurs. Jadis, il n'y a pas si longtemps,
la région de l'Estrie était une forteresse libérale. Du moins depuis 1985.
Antérieurement, le Parti québécois y avait aussi fait belle figure avec les
Réal Rancourt et Raynald Fréchette. Cette caractérisation politique a perdu de
son sens depuis l'élection de la Coalition avenir Québec et de son chef, François
Legault. Aujourd'hui, la région de l'Estrie apparait comme un terrain propice
pour les candidats de la Coalition avenir Québec. Le Parti québécois fait
figure d'enfant pauvre même si cette formation politique est peut-être la seule
à disposer d'une véritable machine électorale comme jadis le Parti libéral du
Québec. Commentaires libres sur l'élection en terre estrienne.
Sur le bloc de départ
Au lancement officiel de cette campagne électorale qui est
déjà amorcée, la Coalition avenir Québec avec ses candidates et ses candidats
apparait largement favorisé bien que Québec solidaire présente une solide
équipe de candidates et de candidats dans notre région avec la docteure Mélissa
Généreux et le maire de Saint-Camille, Philippe Pagé sans compter l'efficace
députée sortante de Sherbrooke, Christine Labrie. Du côté du Parti libéral du
Québec, le recrutement semble avoir connu des difficultés puisque l'on se
retrouve avec un candidat issu de Bromont, François Vaes, pour le comté de
Sherbrooke et un conseiller municipal de la ville de Sherbrooke, monsieur
Claude Charron. Le Parti libéral du Québec de Dominique Anglade peut compter
sur une candidature plus prestigieuse dans Orford, l'ancienne mairesse de Magog
Vicky-May Hamm. Néanmoins, cette candidature a suscité plus de commentaires que
souhaité liés aux flirts de cette dernière avec la Coalition avenir Québec. Au
PQ, on a recruté un professeur de l'Université pour le comté de Sherbrooke,
Yves Bérubé-Lauzière et une infirmière dans Saint-François, Sylvie Tanguay. Le
Parti conservateur d'Éric Duhaime a annoncé quant à lui des candidatures dans
Sherbrooke, Saint-François, Richmond et Mégantic avec Zoée St-Amand, Dany
Bernier, Marylaine Bélair et Mathieu Chénard.
Pour la Coalition avenir Québec, les membres de l'équipe
sortante font tous acte de présence à nouveau avec les députés et ministres
Gilles Bélanger dans Orford, François Bonnardel dans Granby, Isabelle Charest
dans Brome-Missisiquoi, François Jacques dans Mégantic, André Bachand dans
Richmond, Geneviève Hébert dans Saint-François et la nouvelle venue et pas la
moindre, madame Caroline St-Hilaire dans le comté de Sherbrooke. On ne doute
pas que les partis politiques en présence complèteront leur équipe de candidats
sous peu. Tout semble fin prêt pour cet affrontement politique sous fond de
pandémie.
Le bilan du gouvernement Legault en
Estrie
Le gouvernement sortant ne s'est pas illustré dans la
défense et la promotion de dossiers de la région de l'Estrie. Il a géré
l'Estrie comme les autres régions au Québec. La région vit les mêmes problèmes
que bien d'autres régions et le gouvernement n'a pas capitalisé sur ce qui
distingue la région de l'Estrie des autres régions du Québec comme savait si
bien le faire l'ex-ministre libérale et députée de Saint-François, Monique
Gagnon-Tremblay. D'ailleurs, celle-ci publiera cet automne ses mémoires
politiques chez l'éditeur Septentrion. Ce sera une occasion de se souvenir de
cette époque où l'Estrie avait une voix forte au gouvernement du Québec et où
ses intérêts étaient priorisés.
Avec le gouvernement de la Coalition avenir Québec, on n'a
pas senti que notre région avait une couleur particulière, une distinction
forte. Cela est en voie de changement cependant. La désignation de Sherbrooke
comme lieu d'une zone d'innovation en physique quantique semble paver la voie à
la reconnaissance de Sherbrooke comme une région d'intérêt par le gouvernement.
Il faut le rappeler, la région de l'Estrie est le troisième pôle urbain au
Québec après les régions de Montréal et de Québec. Un pôle de recherche
scientifique, d'économie du savoir et une porte ouverte sur notre principal
client économique : la Nouvelle-Angleterre. Nous n'avons pas senti ce discours
chez les députés sortants de la Coalition avenir Québec. La banalisation de
notre région s'est même traduite par une absence du pôle média que représente
Sherbrooke. On a laissé toute la place à la députée de Québec solidaire,
Christine Labrie. Celle-ci a bien su saisir l'occasion pour se bâtir une
notoriété qui ajoute aujourd'hui à la difficulté de la déloger pour la
Coalition avenir Québec.
Sherbrooke, le chef-lieu de la
bataille
En regard des forces en présence à la veille de ce combat
électoral, nous avons de la difficulté à imaginer un véritable suspense sur
l'identité du vainqueur dans la majorité des comtés de la région de l'Estrie.
Néanmoins, une élection ça compte. Il faudra voir les performances que feront
par exemple Vicky-May Hamm dans Orford pour les libéraux, Mélissa Généreux dans
Saint-François et Philippe Pagé dans Richmond pour les solidaires. Il n'en
demeure pas moins que la réélection d'un fort contingent des candidates et des candidats
de la CAQ est une forte probabilité comme semblent le prédire pour le moment
les sondages et les projections électorales sur le site Qc 125. Ce qui
demeure le principal point d'intérêt de cette élection c'est le résultat dans
Sherbrooke où il semble se dessiner une chaude lutte entre la députée sortante
Christine Labrie et la candidate vedette Caroline St-Hilaire. Le dénouement
semble imprévisible pour le moment même si je crois aux chances de madame
St-Hilaire de gagner le comté de Sherbrooke lors de ce scrutin.
La capacité de madame St-Hilaire à remporter une majorité de
voix tient cependant à sa capacité et à sa volonté de redonner une voix forte à
Québec pour Sherbrooke et l'Estrie. Comme je l'ai mentionné plutôt, nous étions
habitués dans cette région à une zone d'influence importante auprès des
gouvernements du Québec et du Canada. La région de l'Estrie a eu plusieurs
ministres, un premier ministre et des maires, comme Jean Perrault, qui avaient
un réel rayonnement à l'échelle du Québec et du Canada. Depuis plusieurs années
maintenant, l'Estrie et Sherbrooke ont perdu sa superbe. Je suis convaincu que
si madame St-Hilaire devient cette voix pour Sherbrooke et l'Estrie, ses
chances de remporter la victoire à l'issue du prochain scrutin sont
excellentes. Plus que jamais, l'Estrie, la ville de Sherbrooke en particulier,
a besoin de voir cesser ses divisions et doit se rassembler autour d'un
discours fédérateur qui cessera d'opposer les riches aux pauvres, le
développement économique à l'environnement ou encore les générations entre
elles.
Redevenir
capitale...
La ville de Sherbrooke doit redevenir la capitale de la
région de l'Estrie. Nous devons devenir les champions de l'innovation. S'il y a
un endroit au Québec où nous sommes en mesure de trouver des façons pour
concilier le développement économique et la protection de l'environnement c'est
bien à Sherbrooke où nos chercheurs sont capables d'innover et de créer.
L'ancien directeur général de Sherbrooke Innopole, Pierre Bélanger avait
l'habitude de dire que Sherbrooke était le secret le mieux gardé. Venant de
l'extérieur de notre région, Pierre Bélanger avait reconnu tout le potentiel de
cette région et de Sherbrooke que nous tardons à mettre en œuvre.
Si madame St-Hilaire se fait le porte-voix de ce talent et
cherche à rassembler autour d'objectifs clairs, ses chances de devenir députée
de Sherbrooke seront excellentes. En dépit de la performance très acceptable de
madame Christine Labrie comme députée de Sherbrooke, celle-ci n'a pas su
rassembler les gens et la région autour d'un avenir meilleur. Elle a plutôt
joué le rôle du canari dans la mine décriant toutes les injustices, mais sans
offrir de véritables solutions. Elle n'a surtout pas su proposer des projets
rassembleurs à Sherbrooke et à la région.
Nous observerons bientôt ce que nous offrirons les candidates,
les candidats et les formations politiques en présence au cours de la prochaine
campagne et nous pourrons en mesurer les effets sur le champ de bataille
électoral estrien...