La
nostalgie m'est utile. Souvent.
J'entends
avec un plaisir caractéristique certains airs du passé. Ce n'est généralement
pas la qualité de la chanson qui prévaut. C'est ce qu'elle évoque comme
souvenir.
Certains
vieux airs sont comme certaines vieilles photos : ils ont ce pouvoir de
nous téléporter dans le temps! Parfois, une simple odeur peut nous téléporter
aussi!
Je me
dis souvent, à voix basse pour ne pas faire trop « mon'oncle », que « c'était
le bon temps », quand ces souvenirs me téléportent à d'autres moments de
ma vie.
Pour
moi, c'est de la nostalgie saine. Celle qui nous ramène à des repères
familiers. Qui ramène à des émotions généralement heureuses. J'en ai parlé déjà,
mais j'ai souvent constaté que la mémoire est un filtre qui a tendance à
conserver les bons aspects d'un moment vécu. C'est pratique, pareil!
Plus
tôt, cette semaine, j'ai vu ma fratrie. Les quatre enfants réunis. Doux moments
que ceux-là! Chaque fois que ça se produit, la nostalgie emprunte un bout de
nos entretiens et nous ramène à certains moments précis de notre histoire
familiale. On ne conserve pas toujours la même version des détails. Une
question d'angle, j'imagine. Ou encore, le filtre de la mémoire vient modeler
un peu le souvenir. Pas dans sa substance, généralement, mais dans sa forme.
La
nostalgie saine est bienfaisante. Elle procure une chaleur et des petits
moments de bonheur précieux.
La
nostalgie moins saine
L'affaire
avec la nostalgie, c'est qu'elle peut aussi nous empêcher d'avancer. D'évoluer.
Par
exemple, si notre principal argument pour critiquer les enfants d'aujourd'hui
est de répéter que « dans mon temps, on marchait deux milles dans la neige
jusqu'aux aisselles pour aller à l'école, pis on ne chialait jamais »,
disons que c'est de la manipulation nostalgique assez malsaine, merci.
Je pense
à tout ça, ce matin, quand je regarde l'état de notre hiver actuel. Et des
quelques-uns derrière nous. Et de ceux qui s'en viennent...
Je me
surprends à repenser à ces forts construits dans la neige, à Sherbrooke, sur le
terrain familial, tout au cours du mois de janvier et février. Ça prenait une
quantité de neige pas mal plus grande que ce qui nous est offert maintenant. Et
non, ce n'est pas parce que j'étais plus petit que j'avais l'impression qu'il y
avait plus de neige dans le temps! Et non, ce n'est pas « parce que dans
le temps, ils soufflaient la neige sur les terrains! Dans mon quartier, ça ne
se faisait pas.
J'ai
donc une nostalgie avouée des hivers de mon enfance.
Le côté
sain de cette nostalgie? Mes souvenirs sont heureux. Mais ça deviendrait
contreproductif et malsain de répéter ad nauseam : « quand j'étais
petit, il y avait de la neige! »
La
nostalgie nous nourrit de belle manière. Mais s'accrocher au passé et refuser
d'avancer devient néfaste. C'est cette coupure qu'il faut apprendre à faire.
Vivre trop intensivement dans la nostalgie empêche la création de nouveaux
moments heureux.
Par
rapport à l'hiver...
Par
rapport aux saisons qui se dérèglent, il faut s'adapter pour conserver un
équilibre personnel. Le mot deviendra même une priorité collective, je
pense : s'adapter.
Sans s'y
réfugier constamment, la nostalgie permet aussi de constater les changements
dans notre environnement. Mais si la nostalgie peut devenir malsaine quand on y
habite trop, nier en bloc qu'il y a des changements climatiques me semble bien
pire...
Clin
d'œil de la semaine
Ce qui
arrive aujourd'hui meublera la nostalgie de demain. Autant que ce soit beau!