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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

La banque…alimentaire

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François Fouquet Par François Fouquet
Lundi le 20 février 2023

Difficile, ces temps-ci, de passer une journée sans entendre parler d'indice des prix à la consommation, de récession plus ou moins profonde, de variation des titres boursiers, de la hausse du taux directeur servant à fixer les taux d'intérêt, etc.

« C'est dissile », dirait M. Legault.

Les analystes se perdent en conjectures, le second défaisant la thèse du premier. Et vice versa.

Au cœur de tout ça, la banque. Ou les banques. Incluant les Caisses Desjardins, évidemment.

D'unité de mesure facilitant le troc de marchandises, l'argent est devenu bien plus que ça.

Gérée par la science économique, l'unité monétaire facilitatrice a modifié sa vocation. Elle est devenue l'unité qui mesure la réussite, le succès, le respect, le statut social et quoi d'autre?

Et la banque est au cœur de tout ça.

Le mot banque désigne donc cet endroit qui facilite et organise les transactions d'argent pour faire tourner l'économie.

Une banque est aussi un endroit où on vient centraliser des unités pour en favoriser la redistribution ensuite. Ainsi, on parlera d'une banque de données en informatique, d'une banque de temps de vacances au travail, et autres exemples du genre.

La banque alimentaire

Les banques alimentaires existent depuis des décennies, voire des siècles. Elles ont été créées pour répondre à des besoins ponctuels. Elles apparaissent lors de catastrophes naturelles, lors de l'arrivée massive d'immigrants à la suite d'un événement extraordinaire dans leur pays d'origine. On a aussi connu la "soupe populaire", entre autres, lors de la grande dépression qui a suivi la crise de 1929.

Le principe de la banque alimentaire est de regrouper en un même endroit toute la nourriture disponible pour ensuite la redistribuer aux plus nécessiteux.

La pertinence, dans ces contextes d'urgence, n'est pas à discuter vraiment.  

L'autre jour, je circulais sur la rue Roy, à Sherbrooke. J'y ai vu l'entrepôt de la Fondation Roch-Guertin. Je suis assez vieux pour me rappeler de l'origine de cette Fondation. Monsieur Guertin animait une émission de type ligne ouverte sur les ondes de CHLT 63.C'était en 1982. Les taux hypothécaires frôlaient les 20%. Peu avant la période des Fêtes, plusieurs personnes ont témoigné de leur désarroi par rapport à l'approvisionnement en nourriture à la veille de Noël.

Dans un élan qui le caractérisait bien, Monsieur Guertin a lancé le défi à ses auditeurs de regrouper le plus de denrées non périssables qu'il était possible de le faire.

Je me souvenais de tout ça en regardant les installations modernes et immenses, 40 ans plus tard...

Ce qui était né de l'idée d'une banque alimentaire pour que « personne ne manque de nourriture au temps des Fêtes », est devenu une nécessité permanente.

Je me souviens aussi de Claude Forgues, qui oeuvrait à Centraide Estrie et qui rappelait, avec justesse : « les besoins alimentaires, ce n'est pas juste pour la période entre Noël et le Jour de l'an. C'est plutôt pour la période entre le Jour de L'An et Noël! »

L'autre jour, donc, donc, j'ai arrêté ma voiture quelques instants pour repenser à tout ça, sur la rue Roy.

C'est tellement anormal que tant de structures soient devenues permanentes pour que la distribution de la nourriture se fasse minimalement.

Les banques alimentaires d'urgence sont devenues une urgence permanente. Et elles ne cessent de grandir, propulsées par des besoins grandissants.

Au même moment, à la radio, j'entendais parler d'une promotion des supermarchés Métro. Des dizaines de milliers de dollars à gagner en épicerie...

La même chaîne d'alimentation qui affirmait devoir remonter les prix pour assurer une rentabilité minimale, alors que la direction était occupée à calculer les profits records engrangés. À la fin de l'exercice, ces mêmes dirigeants ont le loisir de calculer les bonis records qui leur ont été versés cette année.

Et je me fais ces constats: les banques alimentaires d'urgence se font permanentes; l'augmentation du panier d'épicerie touche les 11%, alors que l'indice des prix à la consommation est à 6,8%; les chaînes d'alimentation engrangent les profits; « Travailler fort » ne suffit plus si on gagne moins de 20 $ l'heure, alors, imaginons si on gagne le salaire minimum de 14,25$ l'heure (15,25$ à partir de mai).

Une fois cela dit, je serai très difficile à convaincre que tout va bien dans notre écosystème économique.

 

Clin d'œil de la semaine

Quand les produits sans nom deviennent un luxe, c'est la situation qui est sans nom... 

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