Nous
vivons dans une ère très paradoxale.
D'un
côté, on accepte que l'orientation sexuelle d'une personne ne doive pas la
définir socialement et, de l'autre côté, on déploie une arborescence de
nomenclatures d'orientations de façon à ce que chacun puisse avoir son
étiquette. Donc, que chacun puisse se définir et s'épanouir socialement.
D'un
côté, on dit que nul ne devrait être jugé par rapport à sa tenue vestimentaire,
mais de l'autre, on se dépêche à créer une arborescence de nomenclatures pour
encadrer les différents styles et microstyles. Ces nomenclatures (preppy,
gothique, skater et les dizaines d'autres) servent justement à définir ce que
vous êtes comme humain socialement.
En fait,
notre ère n'est pas paradoxale en soi. Elle est boulimique de nomenclatures. Et
ce sont ces nomenclatures qui provoquent le paradoxe!
Chaque
façon de faire, chaque façon de vivre, a un nom.
Pour la
bouffe, vous faites dans le végétarisme, le végétalisme, le véganisme ? Vous
êtes « sans lactose », cétogène, sans gluten ?
L'important,
c'est d'appartenir à un groupe, on dirait bien.
Des
fois, ça me rend mal à l'aise! Pour la bouffe, je n'appartenais à aucune
dénomination précise. Je me sens exclu! « Lui, il est quoi? »
« Lui, ben, c'est un n'importe quoi! »
Puis,
j'ai trouvé le mot pour me désigner. Il existe! Je crois que je suis
flexitarien. Ouf! Il reste à me faire faire un t-shirt et m'astreindre à un
régime strict pour défendre mon flexitarisme.
J'ai
quand même déchanté quand quelqu'un m'a avisé que j'étais peut-être un
imposteur du flexitarisme parce qu'il considérait que la proportion de viande
dans mon menu dépassait les taux généralement acceptés en flexitarisme.
Finalement,
j'ai pus faim...
Mais là,
voilà que des études sont publiées, depuis quelques années, sur le principe de
l'alimentation intuitive. Celle qui vient faire en sorte que la variété et le
plaisir sont de mise. Vous savez, le principe de manger quand on a faim,
s'arrêter pour manger, arrêter de manger quand on a plus faim?
Vous
allez me dire, « ben, là, c'est le gros bon sens! »
Oui, je
crois. Et ça soustrait les restrictions que les régimes imposent, ça facilite
la vie sociale, ça empêche de faire des catégories de bons, de mauvais et de
miraculeux aliments.
Et si
l'intuition reprenait du service un peu plus?
Je pense
à toi, qui me suit en voiture de beaucoup trop proche et qui vient en maudit
parce que je roule trop lentement à ton goût. Je t'entends grommeler
« encore une licence verte... ». Si tu écoutais ton intuition,
peut-être qu'elle te dirait que c'est foncièrement inutile de te crisper à ton
volant et de rager après tout ce qui roule sur la route quand tu vas au boulot.
Je pense
à nous toutes et tous qui avons le réflexe de regarder nos téléphones bien trop
souvent au cas où on manquerait quelque chose. De façon intuitive, je pense
qu'on pourrait réduire notre consommation un peu.
L'intuition,
c'est cette faculté qu'ont nos sens et notre intelligence de prévoir les
choses, de faire sentir au cerveau ce qui est bon pour nous. Encore faut-il
être à l'écoute un peu de nous-mêmes!
Alors,
je le déclare: je deviens officiellement un intuitionniste!
Si ça
marche, mon affaire, j'ai l'intuition qu'on va se dépêcher à multiplier les
sous-catégories d'intuitionnistes...
Clin
d'œil de la semaine
Quand un membre du convoi
de la liberté/freedom affirme que la police a foncé dans le tas pour les tasser
comme on le fait dans les plus grandes dictatures, j'ai l'intuition qu'il
devrait s'informer ailleurs que sur Facebook...