On a
tous nos référents. Question d'âge, évidemment!
Mon
premier souvenir quand on évoque le mot initiation, concerne le titre du film
de Denis Héroux en 1970. Le titre en soi n'évoquait pas grand-chose au garçon
de 9 ans que j'étais, mais je me rappelle bien la réaction des adultes du temps
sur le sujet. Qu'ils soient excités ou outrés, tout m'indiquait qu'il y avait
des scènes un peu osées dans le film.
À
l'époque, l'imagination était le distributeur d'images numéro un! La précision
de ces images imaginées dépendait directement de la qualité de la description
que les gens faisaient des scènes dites osées.
Aujourd'hui,
disons qu'internet est devenu un « pusher » d'images et que les
scènes osées arrivent plus crument et plus tôt dans la tête des enfants et des adolescents!
Vous me
direz que je suis nostalgique, mais j'ai parfois l'impression qu'à certains
égards, le pouvoir de l'imagination est tristement moins développé
maintenant.
Initiation
Vous
vous doutez bien que cette chronique ne critiquera pas un film de 1970!
Ces
temps-ci, il est beaucoup question d'initiation dans l'actualité.
Les
rituels initiatiques ne sont pas nouveaux dans l'histoire de l'humanité.
Certaines civilisations faisaient des cérémonies parfois brutales et violentes
pour marquer le passage de l'enfant à celui d'adulte.
De façon
bien plus douce, bien des organisations mettent en place des initiations pour
officialiser et rendre plus engageante l'adhésion d'une personne à leur groupe.
Je me
souviens bien avoir été heureux de déjouer le rituel d'initiation à mon entrée
à l'université. Pourtant, je me suis demandé par la suite si je n'aurais pas
été mieux intégré si j'avais participé.
Tout
n'est pas mal dans les initiations!
Le
problème n'est pas tant dans le principe initiatique lui-même, mais dans les
dérapages qui peuvent en découler.
Une
initiation peut être une façon de concrétiser l'appartenance d'une personne à
un groupe. Elle peut engendrer beaucoup de fierté, même!
L'initiation
peut aussi être là pour faire comprendre que l'orgueil individuel vient loin
derrière l'esprit d'équipe nécessaire à une réussite collective.
En soi, donc,
rien de mal.
Mais
quand les dérapages surviennent, tout s'écroule soudainement.
En fait,
tout s'écroule quand le but est d'humilier l'autre. Détruire son estime de soi.
C'est encore une question de pouvoir que l'un a sur l'autre.
Un des
dérapages est celui qui fait en sorte que la personne qui a été humiliée à son
initiation va vouloir faire payer ceux qui viennent ensuite, menant ainsi à
tous les excès.
Toute la
bonne portée initiatique est alors détruite.
Ce qu'on
a entendu par rapport aux initiations des équipes de hockey est dégueulasse. Et
c'est bien d'en parler. Le fameux « ce qui se passe dans la chambre de
hockey reste dans la chambre de hockey » équivaut alors à mettre un
couvercle sur une marmité prête à exploser.
Pour
qu'il ait une valeur, un rituel initiatique devrait être réfléchi, discuté et
supervisé par les dirigeants de l'équipe.
Apprendre
la responsabilité et la portée des gestes posés à des jeunes sous notre
gouverne est un devoir, pour ma part.
Là, je
m'inquiète de la tournure potentielle des événements. Dans une ère où tout doit
être réglé rapidement, on risque de se retrouver avec une loi interdisant tout
ce qui a trait aux initiations.
Des
choses dégueulasses ont été vécues. Si la police et la justice doivent s'en mêler,
soit!
Mais créer
une loi pour interdire toute initiation équivaudrait à tomber dans la facilité.
Un
problème? Une loi! Plus de problème.
Je
préférerais l'encadrement, l'explication et la compréhension de la valeur des
gestes initiatiques qu'on veut proposer et la façon de les exécuter. C'est plus
long, plus lourd, j'en conviens.
Mais ça
apprendrait le respect. Respect de soi, de l'autre et de l'équipe (ou du
groupe).
Le
respect ne s'impose pas par une loi...
Clin
d'œil de la semaine
Vaut
mieux insérer du respect dans l'orifice menant à l'intelligence que d'insérer...