Justin Trudeau connaît beaucoup de succès dans son rôle de premier ministre du Canada. Les souverainistes québécois et les conservateurs de droite ont beau dire et beau faire, sa popularité auprès de la population québécoise et canadienne ne se dément pas.
Les plus récents sondages le donnent plus fort que jamais. Imaginez, le taux de satisfaction obtenu par le gouvernement libéral de Justin Trudeau est de 61 % alors que Justin Trudeau et sa troupe libérale récolteraient 53 % des intentions de vote des Canadiens s'il y avait des élections aujourd'hui. Les résultats sont partout favorables au gouvernement de Justin Trudeau, exception faite de l'Alberta avec un taux de 34 %, alors que dans les autres provinces les intentions de vote sont de 66 % en Atlantique, 51 % au Québec, 59 % en Ontario et 51 % en Colombie-Britannique. C'est du moins le résultat du sondage Léger qui a été administré par Internet auprès de 1006 Québécois et 1535 Canadiens hors Québec entre le 29 août et le 1er septembre 2016.
Exploration sommaire d'un phénomène politique exceptionnel au Canada en ces temps troubles de fragmentation des identités et de bouleversements identitaires profonds.
La clé du succès
Comment expliquer le succès de Justin Trudeau et de son gouvernement? N'est-ce pas là le jeune politicien que l'on se plaisait il n'y a pas si longtemps à dépeindre comme une coquille vide? Encore aujourd'hui ses principaux détracteurs présentent son gouvernement et le premier ministre Justin Trudeau comme un phénomène passager nourri aux égoportraits et dopé aux stéroïdes de l'image. Il est vrai que Justin Trudeau et son gouvernement sont les prototypes d'une nouvelle mouture de gouvernance, celle décrite par le professeur de sciences politiques à la Memorial University à Terre-Neuve, Alex Marland. Je vous ai déjà parlé, dans des chroniques précédentes, de cette nouvelle gouvernance et de cette nouvelle façon de faire de la politique décrite avec beaucoup de perspicacité par Marland dans son livre intitulé : Brand Comman. Canadian Politics and Democracy in the Age of Message Control publié en 2016 chez UBC Press.
Le succès de Justin Trudeau tient dans sa façon de communiquer avec les Canadiens et surtout au fait tout simple et élémentaire d'une très vieille recette de succès en politique; le gouvernement Trudeau fait ce qu'il dit et dit ce qu'il fait. Il faut dire aussi que l'homme, Justin Trudeau, est bien né et qu'il est bel et bien le fils de son père, Pierre Elliott Trudeau, qui fut l'un des personnages politiques les plus remarquables du 20e siècle. Justin Trudeau aime ce qu'il fait et il aime profondément ce pays qu'est le Canada. Il est aussi bien servi par le fait qu'il remplace un premier ministre et un gouvernement honni de bien des Canadiens. Après avoir été enfermés dans la cloche à fromage de Stephen Harper, les Canadiens sont ravis de voir quelqu'un ouvrir les fenêtres pour faire entrer à nouveau de l'air frais dans la pièce politique canadienne.
Pas un feu de paille...
Ce gouvernement est loin d'être un feu de paille. Sa popularité ne se dément pas presque un an après sa victoire électorale. Il a posé beaucoup de gestes populaires notamment en baissant le fardeau fiscal de la classe moyenne; en rétablissant le recensement long; en cessant de bâillonner les scientifiques; en revoyant les pires exactions du gouvernement Harper en matière de justice et de peines criminelles; en mettant sur pied la commission d'enquête sur les femmes autochtones disparues et assassinées et en rétablissant la réputation du Canada auprès des États-Unis et partout dans le monde notamment par une politique étrangère plus conforme aux traditions canadiennes et par un discours mieux approprié à l'égard des changements climatiques. Ces derniers jours, Justin Trudeau s'est efforcé de rétablir et de relancer nos relations avec la Chine en « surfant » sur la réputation de son père. Le gouvernement Trudeau est un gouvernement qui écoute et consulte les Canadiens. Les multiples rencontres que les députés et ministres tiennent un peu partout au pays en témoignent éloquemment.
Il faut le reconnaître, le gouvernement libéral et Justin Trudeau sont impressionnants. J'ai déjà écrit ici une chronique intitulée Le retour de Keynes au Canada que Justin Trudeau avait le pouvoir de changer le rapport qu'ont les Canadiens avec la politique. Aujourd'hui, je pense que cela était prémonitoire. Justin Trudeau peut marquer une différence dans nos perceptions envers notre gouvernement et c'est ce qu'il s'applique à faire de brillante façon. Justin Trudeau peut changer le Canada.
Les écueils
Même si nous pouvons être globalement satisfaits du bilan du gouvernement de Justin Trudeau, nous devons reconnaître que beaucoup d'écueils se dressent sur son chemin dans la prochaine année. D'abord, il ne faut pas sous-estimer la force de persuasion des néo-libéraux et de ses thuriféraires qui sévissent quotidiennement dans nos médias. On continuera d'accrocher au train libéral de Justin Trudeau, le wagon épithète de « gouvernement dépensier et irresponsable fiscalement ».
La responsabilité fiscale
Il faut aussi prendre en compte les dommages collatéraux de l'actuelle campagne électorale à la présidence chez nos voisins américains où le protectionnisme bat son plein. Cela n'est pas sans conséquence sur nos relations économiques bilatérales non plus sur l'accord toujours non conclu sur le bois d'œuvre. Cela pourrait affecter des milliers d'emplois au Canada et au Québec. Les problèmes de la croissance économique mondiale et du prix des ressources naturelles notamment le pétrole affectent la capacité de croissance de l'économie canadienne et viennent plomber les revenus de l'État canadien. Ce qui n'augure rien de bon pour l'équilibre budgétaire et les déficits d'opération du gouvernement.
Le terrorisme
Comment passer sous silence les troubles angoissants pour bien des Canadiens que suscite la peur du terrorisme et de la sécurité partout dans le monde et ici même chez nous? Cela n'est pas sans conséquence dans les débats publics que nous avons sur les libertés civiles et sur notre politique étrangère. Sans compter que cette peur de l'Autre nourrit ce qu'il y a de plus mauvais en nous à l'égard de notre accueil des immigrants et de politiques généreuses comme celles du multiculturalisme et de l'interculturalisme au Québec.
Les droits autochtones
La question des droits des autochtones et des Premières nations risque aussi de ressurgir. Nous sommes d'accord pour des politiques plus justes à l'endroit de ces peuples, mais beaucoup plus réticent si cela se traduit par des changements à nos privilèges et à notre confort. Ce qui est vrai pour les questions autochtones est aussi vrai pour les questions liées aux changements climatiques. Les discussions autour de l'Oléoduc Énergie Est constitueront un autre bon test de leadership pour Justin Trudeau.
Les relations avec les provinces
Enfin, il y a les relations entre les provinces et le gouvernement central qui seront plus tendues dans les discussions que doit tenir le gouvernement Trudeau avec ses homologues provinciaux notamment sur la répartition des dépenses en matière de santé et sur la mise en œuvre du traité de Paris. Il y a aussi l'éternelle question Québec-Canada que le patriotisme fervent de Justin Trudeau pour son pays le Canada rend suspect pour bien des nationalistes québécois. Ceux-ci voient en lui la réplique de son père Pierre Elliott et son intransigeance concernant la reconnaissance des droits nationaux des Québécois.
Quoi qu'il en soit, je prédis que malgré les écueils et les dossiers difficiles qui attendent Justin Trudeau et son gouvernement, celui-ci va continuer à nous surprendre, à nous étonner même. Justin Trudeau, je l'ai dit plus tôt est bel et bien le fils de son père et il gouverne avec superbe dans la manière typique Trudeau. Il y a eu la manière Trudeau faite d'arrogance et de confiance avec une volonté inébranlable de changer les choses, il y a aussi la manière Justin Trudeau. « Just watch him! »