Éric
Huppé, président du Syndicat des pâtes et papiers chez Cascades à East Angus,
craint que le futur des employés de l'entreprise, qui ferme ses portes
irrémédiablement le 3 octobre prochain, ne soit pas aussi rose que ce
qu'annonce la compagnie.
Pour l'instant, tout est mis en oeuvre pour reclasser
et « relocaliser » les 180 travailleurs qui se retrouveront sur le trottoir
encore une fois, mais définitivement ce coup-ci. Restent des points d'ombre: le
versement des primes de licenciement et le pouvoir du syndicat de protéger ses
commettants après la fermeture définitive de la section pâtes et papiers.
M. Huppé indique que Cascades voudrait
procéder en distribuant ces sommes en deux étapes, une première à la sixième
semaine de la fin de l'emploi et l'autre, au bout de trois mois. Cette façon de
faire pourrait, selon le président, en pénaliser certains. L'accès à
l'assurance-emploi (A-E) pourrait être retardé.
La prime de départ qui équivaut à 1 %
des revenus de l'année et qui tient compte de l'ancienneté peut représenter
pour plusieurs un montant important. Ce dernier, en fonction d'un calcul que
les fonctionnaires de l'A-E réalisent, peut empêcher les travailleurs d'avoir
droit à cette sécurité pécuniaire pendant longtemps, du moins jusqu'à ce que le
tout soit dépensé. Pour d'autres, qui viennent de commencer à travailler dans
l'entreprise, ces versements en deux périodes peuvent rendre difficile l'accès
aux prestations de l'A-E. « Certains pourraient se retrouver avec deux
périodes sans argent », avance-t-il. Pour cette raison, M. Huppé insiste
pour que les primes soient distribuées en une seule fois.
Le président du syndicat se préoccupe aussi
du futur des employés après la dissolution de cette association vouée à la
défense des droits des travailleurs. « S'il n'y a plus de syndicat après
le 3 octobre, qui sera là pour défendre les droits des travailleurs ? »,
s'inquiète-t-il. « Cascades se foutait des conventions collectives avant,
sauf que maintenant elles sont importantes parce qu'elles stipulent que la
prime sera versée à deux reprises », se plaint-il. Encore, il veut
s'assurer que tous les travailleurs qui ont le droit aux primes de licenciement
les reçoivent. « Qui devrait recevoir les primes ? », pose-t-il comme
problématique prévisible.
Lors d'une entrevue téléphonique, Hugo
D'Amours, vice-président aux communications et affaires publiques, rappelle que
Cascades a eu de « très bonnes discussions avec le syndicat. »
Celui-ci explique qu'il existe chez les employés de Cascades qui perdent leur
emploi deux opinions sur le dépôt des primes de départ en un seul ou deux
versements. « Il n'y a pas sur ce sujet d'unanimité » au sein des
travailleurs d'East Angus, mentionne-t-il.
Il ajoute qu'en ce qui concerne la crainte
que le syndicat ne soit plus là pour protéger les personnes congédiées, il n'y
peut rien. « C'est au syndicat de prendre la décision de mettre fin à ses
activités quand cela lui conviendra, la compagnie n'a pas à intervenir sur ce
sujet », fait-il remarquer. Poursuivant sur sa lancée, il souligne
« qu'on a bon espoir de trouver la bonne solution pour clore le mieux
possible », faisant référence aux préoccupations des employés licenciés.
M. D'Amours ajoute que la compagnie est satisfaite du travail accompli par les
travailleurs et qu'elle vise à tous les reclasser. « On peut compter que
Cascades va aider à bien gérer la fermeture [de l'usine] », conclut-il.
En ce
qui concerne le fait de recevoir des primes de licenciement ou non, seuls ceux
qui perdent leur emploi y ont accès. Tous les employés, qui se sont trouvé un
poste que ce soit à l'usine de production de carton à East Angus ou ailleurs, sont
considérés comme ayant quitté l'entreprise. De ce fait, ils n'ont pas droit à
cette compensation. C'est en résumé, le message qu'a livré M. D'Amours sur la
question. « Nous avons toujours eu de bonnes discussions avec le syndicat,
répète le vice-président, j'ai bon espoir de trouver la bonne solution »,
conclut-il.