D'abord, celle qui se passe en dedans. Elle guide notre conscience, répond à des questionnements, interpelle notre spiritualité. Elle est (et doit être) basée sur des valeurs de partage et de respect. Elle est porteuse d'espoir et répond à des questionnements profonds.
Il n'y a pas grand-chose à discuter sur cette religion-là. Elle est personnelle. C'est comme pour les goûts. Ça ne se discute pas. En fait, ça se discute, mais ça ne change rien en bout de piste...
Et il y a l'autre. La religion qui se passe en dehors. Qui sert à créer des groupes en société. Qui crée un système hiérarchique dans lequel, au nom d'une quelconque parole d'un quelconque prophète, la personne A peut dominer la personne B. La religion qui divise pour régner. Qui assouvit plus qu'elle n'aide. Qui impose bien plus qu'elle propose.
Je l'appelle la religion-politique.
Les intégristes de toutes les religions s'en servent. Le modèle est connu, même si des différences surviennent dans l'application des règles de base.
Nous sommes en pleine campagne de religion-politique.
M. Harper est un maître en la matière. Et pas juste à cause du niqab!
Il fait campagne comme les prêcheurs américains du dimanche matin à la télé. Il fabrique des phrases de gros bon sens qui sèment le goût de lui laisser toute la place ensuite.
« Notre chef est bien en place, il veillera sur nous, son peuple ». Voilà qui rassure suffisamment pour qu'on regarde ailleurs pendant que le programme politique modifie nos vies.
Mon problème avec l'approche Harper, c'est la distorsion grossière entre ce qu'il dit et ce qu'il fait. Des exemples :
Il déclenche les élections les plus longues depuis des lunes en disant qu'il faut discuter des enjeux fondamentaux. Et il refuse ensuite de répondre à toutes les questions ensuite.
Il agit depuis 10 ans comme quelqu'un pour qui l'environnement est un accessoire jetable qui ne doit jamais nuire à l'économie, mais il prend position pour le rejet des eaux usées dans le fleuve. Sans dire qu'il est contre, nenon, juste en disant qu'il faut en jaser. Autrement dit, il met sa cape de défenseur de l'environnement jusqu'aux élections et oubliera tout cela après.
Il impose des coupes budgétaires à Radio Canada en disant que ce n'est pas vrai qu'il coupe. « Je n'ai pas coupé. Mon gouvernement met le même argent qu'en 2006 à Radio-Canada ». Ben oui, et il en met plus qu'en 1970, probablement. Ridicule et niais, mais il le répète sans cesse. Parce qu'une ligne de texte qu'on répète devient une vérité après un certain temps.
Avec Radio-Canada, il fait de la religion-politique. Au nom de l'austérité, il coupe les vivres dans l'information. Il force ainsi une programmation de plus en plus basée sur la variété, diminuant le volet information. Le prêcheur cherche à contrôler l'information et le message.
Et on pourrait continuer.
Aux intégristes musulmans, M. Harper répond par un intégrisme dissimulé. Mon Dieu est plus fort que le tien.
La grande perdante? La démocratie.
Clin d'œil de la semaine
Le pari Harper semble fonctionner : le niqab ne laisse voir que les yeux. C'est fou comme le niqab de 20 personnes réussit à ne voiler que les yeux de 30 millions d'autres...