Que savons-nous de l'Afrique ? Bien sûr, nous chantons et dansons à Montréal et ailleurs au rythme des Nuits d'Afrique, nous avons une connaissance souvent vague de l'œuvre musicale de Tiken Jah Fakoly, j'aime bien sa chanson Vieux père. D'autres connaissent mieux Angelique Kidjo. Depuis l'été dernier, nous avons compris que l'esclavage était aussi présent en Nouvelle-France, merci à l'historien Marcel Trudel. Outre ces faits épars, notre connaissance de l'Afrique se résume bien souvent à nos parents qui furent missionnaires en Afrique. L'actualité des pays africains est très peu présente dans nos médias à l'exception des événements à caractère terroriste. Bref, nous souffrons d'inculture africaine. Pourtant, ce continent populeux fut le berceau de l'humanité. Arrêt sur l'Afrique.
L'Afrique, reflet de notre ignorance
Nous connaissons vraiment peu l'Afrique. Aussi, lisons ensemble ce que nous en dit Wikipédia : « L'Afrique est un continent qui couvre 6 % de la surface de la Terre et 20 % de la surface des terres émergées. Sa superficie est de 30 415 873 km2 avec les îles ce qui en fait la troisième mondiale si l'on compte l'Amérique comme un seul continent. Avec plus de 1,2 milliard d'habitants, l'Afrique est le deuxième continent le plus peuplé après l'Asie et représente 16,4 % de la population de la planète en 2016. Les terres arides représentent 60 % de son territoire. Son environnement est néanmoins très riche - on l'appelle le "paradis de la biodiversité" - et le continent abrite le second massif forestier continu de la planète, la forêt du bassin du Congo, mais cet environnement est menacé par la déforestation et la baisse de la biodiversité, conséquences du changement climatique et de la pression anthropique.
Le continent est considéré comme le berceau de l'humanité, là où sont apparus les ancêtres de l'Homme, puis, il y a 200 000 ans environ, l'homme moderne qui s'est ensuite répandu sur le reste du globe le XVIIIe siècle marque le début des explorations européennes, suivies par la colonisation massive du continent entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. La traite esclavagiste cesse au début du XXe siècle, mais l'Afrique est presque entièrement sous domination coloniale jusqu'à la fin du XXe siècle, ce qui modèle jusqu'à aujourd'hui les frontières et les économies des pays concernés. L'Afrique repose sur une organisation sociale fondée sur la famille élargie et l'appartenance ethnique ; on recense un millier d'ethnies sur le continent. Elle possède en parallèle la diversité linguistique la plus élevée du monde avec près de 2 000 langues vivantes. »
Les défis actuels de l'Afrique
L'Afrique contemporaine fait face à de nombreux défis notamment la question du poids de sa démographie qui est délicate à gérer (chômage, financement de l'éducation...). Continent qui demeure le moins développé économiquement malgré une forte croissance depuis le début du XXIe siècle, laquelle a permis l'émergence d'une classe moyenne moins féconde, aux revenus plus élevés. Elle est en outre confrontée aux violences terroristes parmi les plus meurtrières de la planète. En Afrique aussi, on vit des guerres de religion et la montée de mouvement intégriste. Sans compter que les pays sont souvent dirigés par des dictateurs qui affament leur population. La démocratie libérale, si tant est que l'on puisse la compter comme une solution, réussit difficilement à s'implanter.
Concrètement, l'Afrique est le théâtre de l'affrontement des grandes puissances économiques de notre monde qui exploite sans vergogne les ressources du continent comme elles l'avaient fait avec l'exploitation des humains au temps de l'esclavage qui a fait la richesse des États-Unis d'Amérique. L'exploitation des ressources et du potentiel humain du continent africain a toujours été l'une des sources d'enrichissement des pays riches.
On peut lire sur Wikipédia que : « Économiquement, le commerce intercontinental est soutenu depuis l'époque antique et, à l'époque des grands empires, le continent est le fournisseur d'or de l'Occident et de l'Orient. Plus tard, la colonisation entraîne une spécialisation massive des économies coloniales qui deviennent presque exclusivement extraverties, dévolues à l'exportation des matières premières, minérales et agricoles, vers les métropoles. Sachant qu'elle possède encore d'importantes réserves minières et pétrolières, cette situation perdure au XXIe siècle, avec, en corollaire, des États rentiers et des oligarchies qui captent les revenus au détriment de populations restées pauvres. Sa place dans la mondialisation économique actuelle est minime, au contraire des siècles passés. Certains pays ont cependant amorcé un tournant économique durant la période récente grâce à la diversification économique, le développement du secteur tertiaire et la "croissance inclusive". » (op. cit.)
Nous et l'Afrique
Mais vous dites-vous, pourquoi ce chroniqueur nous parle-t-il de l'Afrique aujourd'hui ? Je ne vous ferai pas languir longtemps. Vous savez que nous sommes en campagne électorale canadienne et que nous élirons un nouveau gouvernement en octobre prochain. C'est un moment propice pour interroger notre politique à l'égard du continent africain afin de proposer une nouvelle politique avant-gardiste qui pourrait être un phare pour l'humanité. Cela concerne d'autant plus notre pays que nos compagnies minières canadiennes sont à l'assaut des ressources de l'Afrique de l'Ouest. Un article de la revue Jeune Afrique paru en juin dernier en témoigne : « Au Mali, au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire... Les miniers Canadiens sont de plus en plus nombreux à se lancer dans l'exploration du sous-sol, aussi riche en métal jaune qu'en défis à relever. Un nombre croissant de sociétés minières, dont plusieurs sont originaires du Canada, jettent leur dévolu sur l'or du sous-sol ouest-africain. "Cette région a plus de potentiel que n'importe quelle autre dans le monde. Sa géologie est semblable à celles du nord de l'Ontario, du Québec ou de l'Australie-Occidentale, ceintures exceptionnellement prolifiques", explique Richard Young, le PDG de Teranga Gold Corporation (TGC), fondé en 2010, l'une des juniors canadiennes actives dans la région. Alors qu'en Afrique de l'Ouest l'exploration ne fait que commencer, la production de la région atteint déjà 8 à 9 millions d'onces par an, "un niveau qui se rapproche de celui de l'Amérique du Nord [12 millions d'onces], ce que je n'aurais jamais cru possible il y a près de trente ans, lorsque j'ai commencé dans l'industrie", ajoute Richard Young. »
Ce texte veut juste faire la démonstration que notre ignorance des réalités africaines ne justifie pas que nous fermions les yeux collectivement sur l'exploitation de ce continent pour faire fructifier les richesses de notre pays et de notre classe de privilégiés économiques. On peut bien continuer à danser sur le rythme des Nuits africaines et dire que nous ne sommes pas responsables malheurs de l'Afrique. Ce sont les Africains qui par leurs guerres intestines et leur propension de se donner des dirigeants corrompus qui en sont les premiers responsables. Soit. Cela n'empêche pas que nous sommes à même lors de la prochaine élection de questionner nos futurs élus sur notre politique africaine. Nous pouvons demander que les choses changent afin d'assurer une plus grande justice envers ce continent oublié...