La rengaine est devenue habituelle, convenue, prévisible. Habituelle parce qu'on l'entend souvent, servie à toutes les sauces. «Je travaille avec des Y, je vais te dire, eux autres, l'engagement, ils connaissent pas ça. Y a qu'eux autres! Y savent tout! Ce qui est déjà en place, ça compte pas !»
Convenue par qu'on sait que la phrase va venir. À peu près toujours sous la même forme. Elle vient avec une sorte de dégoût pour ces jeunes qui poussent les choses un peu différemment. Qui remettent certains gestes en question.
Et prévisible parce qu'on la voit venir, cette rengaine, à des kilomètres de distance ! Pas de risque de s'y tromper! Pourquoi? Ça fait des générations qu'elle dure!
Depuis qu'on recrute des jeunes pour assurer une relève en entreprise, on est aux prises avec des visions différentes des choses. C'était comme ça dans les années 1800, 1900, et en encore dans les années 2000.
L'œil nouveau chamboule les perceptions et remet des trucs en question. Bref, il dérange...
Au fil des derniers mois, il m'est arrivé souvent de rencontrer des membres de différents clubs sociaux. Ils étaient à peu près unanimes à critiquer le fait que la relève n'était pas au rendez-vous. « Pas de danger que ça s'implique un peu, ce monde-là! »
C'est là que la pertinence entre en scène.
L'engagement viendra bien si la pertinence y est.
Mais c'est engageant, la pertinence! Cela implique d'accepter de tout remettre en question. Et je comprends le désarroi profond des gens qui sont impliqués dans un club social depuis des lunes, qui y sont entrés parce qu'un vétéran leur a accordé le privilège de proposer sa candidature et que là, aujourd'hui, il n'y a personne pour reconnaître le privilège qu'ils ont reçu.
Les générations Y et milléniaux ne sont pas tellement différents des autres générations : ils cherchent à ce que le geste qu'ils posent ait un sens. Si cette recherche de sens est vaine, pas d'engagement. La différence ? Ce qui tombait sous le sens il y a 30 ou 40 ans n'est peut-être plus aussi censé de nos jours.
Dit autrement, chaque génération s'implique à sa façon, identifie un sens à ses gestes. Peut-être identifie-t-on les Y et milléniaux au fait qu'ils expriment ouvertement ce qu'ils veulent, mais je ne déroge pas de ma perception : si les gestes souhaités tombent sous le sens, qu'ils sont pertinents, l'engagement y sera. Et solide, à part ça !
La recherche de sens, c'est vraiment l'affaire d'une vie...
Clin d'œil de la semaine
Selon les sondages, les purs et durs qui ont élu Trump se désengagent de plus en plus (10 points en quelques mois). Pas de pertinence, pas d'engagement ...