Les boomers sont à la retraite (ou ils y seront bientôt). Les X sont nés entre 1960 à 1980, environ. Puis, les Y sont arrivés. À partir de 1980.
Aujourd'hui, et surtout depuis le début du conflit étudiant, on a beaucoup parlé des Y.
Qui sont-ils donc? Ce sont les enfants nés dans la période économique turbulente des années 1980 et 1990. Après la crise de 1982 (où des prêts étaient faits à 20 % d'intérêt...), il y a eu une véritable ruée vers le crédit facile et le confort de la bulle personnelle. C'était hallucinant! Les maisons, les voitures, les bébelles électroniques, la surconsommation, tout y était. Dorénavant, les deux parents travaillaient à l'extérieur et la cadence du rythme de vie s'était accélérée à la puissance 10! Tous ces changements dans les façons de vivre n'arrivant pas sans éclabousser tout autour, un mariage sur deux n'a pas résisté à la tempête.
Au moment même où tout cela se produisait, nous adoptions une Charte des droits et libertés innovante. Malheureusement, par manque de temps ou je ne sais quoi, on a oublié de créer la Charte des devoirs et responsabilités...
Les X se sont retrouvés avec des droits. Et ils ont aimé ça. Mais le fait est qu'en glorifiant le bien de la personne, on a oublié le bien commun. Un immense oubli...
En fait, alors que les boomers ont brassé la cabane avec la Révolution tranquille, sonnant le glas, entre autres, à l'omniprésence de l'église dans l'appareil gouvernemental (santé et éducation, surtout), voilà que les X ont complètement laissé tomber la gouvernance. Des taux de participation très bas aux élections, un jem'enfoutisme chronique en lien avec les affaires de l'État, rien d'autre n'intéressait le X que la recherche d'un petit monde personnel douillet. Un modèle où la petite cellule familiale est centrée sur elle-même.
N'allez pas croire que les X étaient de mauvaise foi, nenon! Ils ont été transportés par une vague rapide et solide sur un terrain qu'ils croyaient meilleur. Ce ne sont pas des victimes non plus, cela dit. C'est juste que le cycle d'évolution sociale a été accéléré et que les repères ont disparu en même temps. Pas si simple, au fond!
Mais on retiendra des X qu'ils n'ont pas fait de bruit en lien avec le modèle de société. Ils sont comportés comme des ZZZZZZZZZ qui ont dormi quant à leurs responsabilités sociopolitiques.
Ils se sont cependant démarqués dans l'attention qu'ils portaient aux enfants. Parfois, un peu maladivement, même. Bien des parents ont souhaité que leur enfant performe en piano, en danse, au hockey et au soccer...Tout ça, en même temps!
Voilà , le mot qui tue a été lancé. Le mot performance, avec tous ses dérivés.
L'entreprise demandait une performance aux parents. Ceux-ci demandaient une performance accrue aux enfants. La garderie est arrivée dans la vie des enfants dès le troisième mois de leur vie, très souvent. Bref, il fallait performer pour survivre. Les entreprises encensaient et quantifiaient la performance du personnel, tout cela au nom de la loyauté.
Au fil des ans, la notion de profit a pris toute la place. Et les emplois ont commencé à chuter en son nom.
Les Y, ce sont les enfants des X. Ceux qui ont vécu et vu tout ça. En anglais, Y, ça se prononce Why? (pourquoi?)
Les Y, donc, ce sont ceux qui posent les questions. Qui remettent en question un système qui essouffle tant de monde. De jeunes adultes qui comprennent que la dette qui s'en vient, ce sont eux qui vont la payer. De jeunes adultes qui n'ont pas le goût, comme leurs parents, de démontrer une loyauté sans faille à un employeur qui n'en fait pas preuve auprès de son personnel.
Ce sont de jeunes adultes qui cherchent à redéfinir les repères que les X n'ont pas établis.
Et ils demandent pourquoi. Et ils veulent des réponses qui ont un sens.
Alors, quand j'entends celles et ceux qui affirment que ce ne sont que des enfants-roi et qu'ils n'ont qu'à se la fermer et à prendre leur rang, je m'insurge. Ne leur en déplaise, le bulletin des X n'est pas assez reluisant pour penser faire la morale aux Y...
Et j'ajouterais ceci : tous les parents veulent que la vie de leurs enfants soit meilleure que la leur. Mais, pour la première fois dans l'histoire du Québec, ce ne sera pas le cas avec les Y. En tous cas, pas avec le legs des X.
Qu'ils posent des questions et qu'ils s'impliquent devient donc bien légitime.
Clin d'œil de la semaine
Les politiciens s'apprêtent à nous réciter des paroles écrites par des firmes qui ont calculé chaque mot, virgule et intonation. À chacune de leurs affirmations, la question des journalistes devrait être : « Pourquoi? »