Ah! Les vacances! Ça fatigue, ça fait du bien, ça fait décrocher, ça relaxe. C'est selon, finalement!
Entre Sherbrooke et Sept-Îles, entre une excursion en kayak de rivière et une autre en kayak de mer (celle-là même où rorquals, marsouins et phoques sont venus -vraiment tout près- pour nous saluer), entre la traversée de Tadoussac (ce qui règle la question de la croisière, en même temps...) et Manic 2, entre la découverte d'un potentiel touristique non exploité à Baie-Comeau et un fabuleux sentier à la pointe Pancrace, il a bien fallu manger et dormir. Il a bien fallu boire, aussi, mais bon, comme je ne bois que très peu, vous savez...
Entre toutes ces destinations, deux points surprennent. N'allez pas croire que je ne garde que deux bons souvenirs, nenon, mais deux éléments viennent attirer l'attention. Et, en fait, il s'agit de deux trucs communs au vaste (très vaste!) territoire québécois. Ces deux points nous unissent. Quelle que soit la ville, l'accent, la couleur régionale, deux choses demeurent au-dessus de la mêlée et font du Québec une entité globale et unie.
Le premier de ces éléments: l'affichage. La logique ne tient pas la route. La nonchalance est la seule responsable. L'utilisation du pluriel est une grande donnée incomprise dans l'apprentissage de la langue française. Peut-être le chaînon manquant de l'expression écrite de notre langue!
Des exemples.
Emprisonnés dans un embouteillage monstre (monstre est vraiment relatif, ici...) à Baie St-Paul, nous avons quelques minutes pour regarder à gauche et à droite. Ma blonde me dit :
« Ah, c'est étrange, ici, il n'ont qu'un tissu à vendre, mais ils en ont une bonne quantité... »
« Ben oui... »
Mon « ben oui », honnêtement, est là pour me donner du temps pour défendre le commerçant. Je suis comme ça. Vous savez, du genre : « Bon. C'est une affichette faite rapidement sur un coin de table, la personne était pressée et bla-bla-bla... »
Mais là, défendre l'indéfendable, c'est beaucoup demander. Il s'agissait de l'affiche permanente du commerce sur laquelle il est écrit: « Tissu aux mètres ». J'imagine qu'avant le système métrique, c'était plus simple. C'est quand même plus embêtant de mettre un s à verge dans la phrase : tissu à la verge... Mais quand même! Que le commerçant qui vend des tissus ait de la difficulté à écrire en français, c'est une chose. Mais le commerçant qui fait des affiches permanentes, lui, on en dit quoi?
Et les exemples pleuvent : « Bleuet, fraises et framboise ». Nous n'avons qu'un bleuet et une framboise, mais des fraises, par exemple!
Mais allez, ne me croyez pas sur parole, portez attention à la chose. Vous rirez au début, puis de plus en plus jaune...
Et le service au passé, lui?
Autre élément qui unit le Québec entier : le service au passé. Pas parce que c'était mieux dans le temps. Pas du tout! C'est juste dans la façon de dire les choses.
Au restaurant, la serveuse demande :
« Étiez-vous prêts à commander, ici? »
« Euh...quand ça, exactement? »
« Pardon? »
D'où vient cette habitude de toujours parler au passé?
« Tout allait bien ici? » « Alliez-vous prendre autre chose? » Les exemples pullulent...
Mais, encore là, ne me croyez pas sur parole, portez une attention particulière lors de votre prochaine sortie au restaurant.
C'est arrivé, une fois, dernièrement, qu'une serveuse me parle au présent. Comme si j'étais là!
« Tout va bien, ici? » « Êtes-vous prêt à passer votre commande » « Est-ce qu'il vous manque quelque chose ? »
Je jubilais.
Jusqu'à ce qu'elle me dise « Je vous souhaite une bonne appétit ». Et qu'elle renchérisse en disant, tout sourire : « Passez une bonne après-midi... »
Au moins, les souhaits étaient conjugués au présent!
Clin d'œil de la semaine
« Tout allait bien, ici? »
« Oui, oui, merci! Vous savez, ce n'est pas le service qui est imparfait, ici... »
« ... »