Quand je colle mon oreille au sol, j'entends venir la cavalerie. Une vieille image. Mais qui parle beaucoup. La cavalerie, cette fois, met en selle toutes les conséquences auxquelles il nous faudra faire face, tout cela à cause de nos agissements présents. Je parle de la chose publique, politique.
Quand on ne dégage pas les gouttières d'une maison, ce n'est pas la journée même que les problèmes surviennent. Mais ils finissent par survenir. Je pense que les gouttières de notre démocratie sont pleines de détritus et on ne s'en occupe pas parce qu'on ne voit pas de problèmes encore.
L'indifférence. « Elle te tue à petits coups, l'indifférence. Tu es l'agneau, elle est le loup, l'indifférence. Un peu de haine, un peu d'amour, mais quelque chose », chantait Bécaud.
Nous faisons preuve d'une indifférence crasse quand vient le temps de s'occuper de notre démocratie. Quand vient le temps de voter, de s'impliquer dans le débat.
L'objectif ultime des politiciens est de demeurer au pouvoir. Point. Le plan changera, puisqu'il est modelé au gré des sondages d'opinion. Mais le plan a bien peu d'importance. Le résultat ultime : demeurer au pouvoir.
M. Couillard nous a dit cette semaine que son gouvernement avait littéralement sauvé le Québec. Rien de moins. Mais quand on sauve quelqu'un, on doit dire de quoi ou de qui on le sauve. Là, il explique que sous Messieurs Bouchard et même Lévesque, les crises étaient mal gérées. Alors que lui a bien géré. Il ajoute que les Libéraux règlent mieux les crises que les Péquistes.
C'est un point de vue défendable. Mais quelle crise, au fait? Celle des finances publiques, répond-il. Les Libéraux sont au pouvoir sans interruption depuis 2003 (sauf un an en chemin, avec un gouvernement minoritaire péquiste). Donc, il nous a sauvés des Libéraux?
Pour moi, au-delà des partis, il y a cette notion de tout vouloir régler avec une phrase-choc. On lance une phrase-choc et on mesure l'impact. Si le pouvoir à notre portée, tout baigne.
Pendant ce temps, la cavalerie s'en vient.
L'indifférence qu'on démontre en disant « de toute façon, c'est toujours pareil » est en train de se transformer en sentiment d'exclusion de la chose publique et politique. C'est ce que démontre un sondage-enquête publié dans La Presse-Plus de samedi. 59 % des Québécois se sentent très fortement ou fortement exclus.
Pourquoi? Parce qu'ils ne sentent plus que le rôle de l'État est de représenter tout le monde. De voir au bien commun. Ils ne croient plus les médias. Ils ont le sentiment que tout le monde cherche à leur vendre quelque chose. Qu'au nom de leur bien, le gouvernement dicte les bonnes conduites.
L'exclusion. Le pire des sentiments. Le sentiment qui fait se replier sur soi et qui isole. Si je me sens exclu, je ne m'implique plus. Les grands partis subissent une baisse dramatique de nouveaux membres qui ne sont plus au rendez-vous. Mais, bon. Pas grave! Une phrase-choc, et on croit que tout va bien.
Le pouvoir. Seulement le pouvoir.
Je ne sais pas trop d'où viendra le traitement-choc dont on a besoin. Mais on en a besoin. On ne peut pas mener la barque politique comme on la mène maintenant, tous grands partis confondus.
L'exclusion.
Ça finit par faire quoi, un exclu? Ça finit par croire Un Bernard « Rambo » Gauthier qui s'en prend à l'élite, aux grands partis et à l'immigration.
Oui, mais il n'a aucune chance de gagner, c'est un clown!
Trump aussi...
Clin d'œil de la semaine
Suffit d'être sage pour avoir un cadeau à Noël. Reste à savoir si être sage, dans ce contexte, c'est faire preuve de sagesse...