On parlait de la notion de « chez-nous », la semaine dernière. Et je terminais en disant ceci : le chez-nous doit se bâtir sur des valeurs. Mais des valeurs universelles. La solidarité, l'équité, l'égalité, la démocratie, le respect, l'égalité entre les hommes et les femmes, etc. Et ça va demander bien des ajustements! Mais ces valeurs-là, elles sont à gauche ou à droite de l'échiquier politique ?
Parler politique implique un mouvement latéral de la tête. On va toujours de gauche à droite. La gauche modérée a pris le dessus sur la droite dure dans tel pays, une coalition de droite renverse le gouvernement de gauche dans tel autre pays, etc.
Gauche, droite, gauche droite...
Pourtant, plus ça va et plus les notions se mélangent. On identifie souvent le bien commun à la gauche. Au Québec, on parle de sociale démocratie qui souhaite englober tous les citoyens de façon équitable. Et équitable ne veut pas dire égale. C'est plus engageant.
Prenons, par exemple, le système scolaire. J'agis de façon égale si j'ouvre l'école à tout le monde qui a 5 ans et plus. Mais j'agis de façon équitable si je m'assure que chaque enfant a la même chance de réussite que l'autre. Cela implique que j'aiderai les enfants en difficulté à maintenir le rythme. L'objectif est que chaque enfant en arrive à un résultat minimal équivalent, tenant compte des embûches du parcours.
C'est demandant l'équité. Et on l'attribue à la gauche.
Pourtant, tout n'est pas si clair.
La droite, par définition, est conservatrice. C'est-à-dire qu'elle regarde beaucoup dans le rétroviseur pour se raccrocher à des valeurs sociales. Mais justement, dans les valeurs sociales passées, il y avait une place pour le bien commun. Mais comme la droite promeut aussi la réussite économique personnelle, il y a des nuances dans les approches, les politiques et les discours.
Quant à la gauche, elle sait très bien qu'elle doit tenir en compte la réussite personnelle, qu'elle ne peut pas se soustraire complètement au modèle économique. Au mieux, elle le modulera à sa façon, mais elle ne pourra l'ignorer.
À mon œil, il y a des durs à droite et à gauche et un ensemble plutôt trouble entre les deux.
On ne peut plus se contenter de la gauche et de la droite. La réalité nous amène à changer le mouvement de notre tête quand on pense politique. Le problème n'est pas dans le mouvement gauche-droite, mais plutôt dans le mouvement haut-bas.
À force de regarder à gauche et à droite seulement, on n'a pas vu que le grand écart se dessine de mois en mois entre les plus riches et les autres. En fait, les riches le sont de plus en plus et ils sont de moins en moins nombreux. Les plus pauvres n'arrivent plus à se trouver une niche et la classe moyenne tire vers le bas, surendettée et soumise à la pression grandissante de la recherche de profits supplémentaires des plus riches.
Le cul-de-sac est là, tout près.
Remettons rapidement les valeurs au centre de la table. Avant qu'il soit trop tard...
Clin d'oeil de la semaine
Gauche, droite? La solution est ambidextre...