Tout est argent. Tout n'est qu'argent.
Dans notre entourage, tout se compte en argent. Tout se quantifie toujours en argent.
On calcule la réussite de quelqu'un en argent. Dans ce contexte, il est donc normal qu'on accole un montant d'argent à l'apprentissage. À l'éducation.
Combien vaut le fait de pouvoir apprendre? Combien suis-je prêt à payer pour obtenir un diplôme?
Tout est argent. Tout n'est qu'argent. Et rien ne rapporte moins que l'argent depuis quelques années. Il aura fallu en réimprimer des liasses pour se faire croire que le système fonctionne bien.
Pour moi, regarder le dossier des frais de scolarité en se disant qu'ailleurs, c'est plus cher, alors on doit charger plus à chaque étudiant, c'est faire une grossière erreur. Une erreur à deux volets : d'abord, l'angle monétaire n'est pas le bon, puis, et surtout, s'il faut faire la comparaison, faisons-la jusqu'au bout : il y a bien des endroits dans le monde où c'est totalement gratuit.
Je fais, comme vous peut-être, le constat que les classes se divisent dans notre société. Les riches s'enrichissent, les pauvres s'appauvrissent, et, au centre, il y a de moins en moins de monde. À partir du moment où la richesse se polarise vers un nombre moins grand de personnes, l'équation devient encore plus évidente : l'accès à l'éducation deviendra difficile pour de plus en plus de gens.
Une société qui évolue est une société qui sait. Qui connaît. Qui est éduquée. Donnons la même chance à tout le monde à la case départ. Faisons l'éloge de l'éducation. Il est impossible que nous sortions perdants d'une telle façon de faire. Économiquement, je continue de croire qu'il sera assez coûteux d'augmenter les frais d'une main et de mettre en place, de l'autre, toute une structure d'évaluation des prêts et bourses destinés à aider ceux qui en ont besoin.
L'accès à l'éducation est un choix de société. Un choix de société qui ne s'évalue pas qu'en argent.
Et puis, tiens, si nos dirigeants continuent à tout ramener à l'argent, je leur propose le défi suivant : vous ne mettrez vos augmentations en place qu'au moment où vous aurez fait la démonstration que l'argent de l'éducation est bien géré. Qu'il n'y a pas, dans nos universités, du personnel tabletté et grassement payé, attendant l'heure de la retraite. Que les subsides sont bien attribués. Que l'originalité de la comptabilité de cache pas de déficit.
Augmenter les frais de scolarité, c'est la voie facile. L'intrant d'argent supplémentaire. Mieux faire avec ce qu'on investit déjà ne semble pas une solution.
Pour moi, il est clair que le gouvernement de Jean Charest fait fausse route. Il fait un mauvais choix de société.
Ce qui me rassure, cela dit, c'est que cette génération d'étudiants qui a tout eu sans rien mériter (comme on l'entend souvent), soit en mesure de se mobiliser, de s'organiser, d'argumenter.
Argumenter... Voilà le propre de l'évolution des choses. Le savoir mène à l'argument. L'argument fait avancer.
Ouvrons les écoles. Simplement. L'argent viendra ensuite...
Clin d'œil de la semaine
Dans les années 50, une famille avait réussi quand au moins un des enfants entrait en religion. Maintenant, c'est quand un des enfants fait de l'argent... Une religion ou une autre, vous savez...