« J'ai confiance », dit l'amoureuse. « C'est mon homme depuis longtemps. Il ne me tromperait pas! » Julie est sûre de son affaire, bien installée au bar avec deux amies. Les choses vont bien. La vie est bonne pour elle. « Pourquoi as-tu confiance en ton homme? » « Ben, parce que je n'ai jamais eu de raisons de ne pas lui faire confiance, c'est simple! » Julie avait été surprise par la question, mais bon. Peut-être son amie avait-elle été trompée, qui sait!
La confiance de Julie ne l'empêche pas de jeter un œil fréquent sur les courriels que son homme reçoit et le registre des appels sur son téléphone portable. « Après tout, se justifie-t-elle à elle-même, la confiance est un bâtiment qui gagne à être renforcé, non? » « Trop fort casse pas », se dit-elle ...
Il n'y a pas de fin à cette anecdote. Et Julie est un nom fictif. Vous pouvez fabriquer votre fin vous-mêmes, au gré de vos sentiments du moment. Elle n'est là que pour illustrer une chose : la confiance est une notion fragile qui demande...de la confiance. Effritée, la confiance ne se répare qu'aux prix de grandes souffrances et laisse presque toujours une cicatrice.
Voilà. C'est tout.
Alors, pourquoi cette anecdote? C'est à cause de Jean Charest. Et de Marc Bellemarre. Et des juges. Et de Harper, etc.
Depuis le début de la semaine, j'essaie de me faire une tête sur la Commission de l'Honorable Bastarache. Qui va entendre le Très Honorable Jean Charest. Le même Charest qui est sorti publiquement, tel un junior, en début de semaine. Il donnait ainsi beaucoup de crédibilité aux propos de quelqu'un qui, somme toute, n'en a pas tant que ça.
La laveuse est à spin. Et pour les mauvaises raisons, je crois bien.
Le plus souvent, j'ose croire que les nominations importantes ont été faites en fonction de la qualité du candidat. La seule variable : le timing de la nomination. C'est là que la notion d'implication au sein du parti au pouvoir joue. Mais vous savez quoi? La Commission Bastarache n'y changera rien. Elle n'a même rien à voir avec le processus de nomination des juges.
Ce n'est, somme toute, qu'avec une tentative de Jean Charest pour ramener la confiance du peuple envers ses dirigeants. Le problème, c'est que les dirigeants, au fil des ans, ont fait plein de trucs pour ne plus mériter cette confiance. Et, un à un, les squelettes sont sortis du placard.
La confiance est, me semble-t-il, le sentiment (ou le concept) le plus noble. Il implique tellement de notions, qu'une chronique ne saurait les contenir toutes. Une commission non plus.
Au final, enclencher pareille commission coûte quelque chose. Jean Charest finira peut-être par payer pour lui-même...et les autres...
Clin d'œil de la semaine
Pourquoi Honorable et Très Honorable? « Ben, parce que je n'ai jamais eu de raisons de ne pas lui faire confiance, c'est simple! »