Je suis un Sherbrookois de souche. Et la souche est bien enracinée! C'est une ville que j'aime, dont je vante les atouts. Une ville que je vois grandir, changer et se moduler au fil du temps.
J'ai vu le centre-ville grouiller d'activités commerciales au début des années 70. J'ai arpenté la Wellington avec mes parents à maintes reprises. Je me suis arrêté au restaurant D'artagnan, j'ai été impressionné par les colonnes majestueuses de la banque au coin de King . Chez Smith-Savard, je me souviens de ce système de tuyau d'aspirateur qui propulsait une capsule dans laquelle circulaient la facture et l'argent des clients. Le tout était traité à une caisse centrale, et la capsule revenait avec la monnaie. J'ai magasiné, ado, chez Cardinal, tout au bout de la Well. Je me souviens d'ailleurs avoir rêvé de bien des trucs dans leur catalogue...
J'ai donc vu le centre-ville grouiller et vivre. Je l'ai vu mourir, aussi, plus tard. Puis, la renaissance s'est amorcée. Tout doucement. Mais toujours, j'ai aimé Sherbrooke. Je suis un bon public quand il s'agit de ma ville. Un fan fini, diront certains. Je l'assume.
Comment se fait-il, alors, que le fan fini en moi ne réussisse pas à s'inscrire dans les projets de Cité des Rivières lorsqu'ils sont annoncés? Je me rallie toujours avec le résultat final, ou presque, mais je ne réussis plus à m'emballer au moment des annonces de leurs projets.
Je crois que j'ai trouvé : trop de communication, pas assez d'information. Trop de spécialistes dans la fabrication du message à communiquer, et pas assez d'informations réelles, senties et sincères.
Je marche souvent autour du lac des Nations. Et j'apprécie chaque pas. Mais j'ai de la misère à oublier que tout ça est le résultat final d'un projet prévu pour être grandiose (85 millions de dollars devant amener 500 000 visiteurs par année à Sherbrooke).
La même dynamique de communication s'est appliquée pour Omaterra. Une annonce d'un produit d'appel majeur devant attirer des dizaines de milliers de visiteurs. J'ai applaudi. Je suis bon public. Puis, j'ai vu la publicité télé. Rien de moins que spectaculaire! Grandiose! Incroyable! J'avais hâte. Visiblement, la campagne de publicité fonctionnait.
Puis, la machine s'emballe. Congédiement de Lysanne Gallant. Conférence de presse un dimanche soir pour annoncer que l'informatique n'était pas bien arrimée et qu'il fallait repousser le spectacle d'une semaine. Nous avions des billets pour le 10 juillet. Il fallait repousser. Soit! Voilà qu'on nous propose plutôt un rabais pour assister quand même au spectacle durant la fin de semaine. J'avais compris que le spectacle devait être repoussé... Puis, une autre communication de l'organisation nous met en garde contre le danger de s'attendre à trop du spectacle. Qu'il aura besoin de temps pour grandir, que tout ça est normal, qu'il ne faut pas s'emballer trop vite. Tout le contraire de ce que j'avais entendu depuis des mois.
Au moment de cette dernière communication, j'ai vécu une forme de malaise : me reprochait-on, comme spectateur d'avoir eu des attentes? Si c'est le cas, est-ce que je devais me sentir coupable d'avoir mal interprété le message spectaculaire que j'avais reçu?
Mon point sur Omaterra est le suivant : je suis Sherbrookois et j'aime ma ville. J'irai voir le spectacle en toute bonne foi. Honnêtement, je crois que j'aimerai la chose. J'ai un préjugé favorable. J'ai hâte de savourer le travail d'Anh-Minh Truong, de Stéphane Baillargeon et de Vincent Cotnoir, trois artisans dont je connais et apprécie le travail. J'ai hâte de découvrir celui des autres artisans du spectacle. Les chances sont bonnes que je devienne un ambassadeur du spectacle, comme je le suis généralement pour ma ville.
Mais, encore une fois, mon adhésion sera venue sur le tard. Après bien des tiraillements. Je maintiens: trop de communication et pas assez d'information.
À partir de maintenant, jouons le jeu franchement : moins d'encre et plus d'eau.
Clin d'œil de la semaine
Si tout fonctionne bien pour Omaterra, et bien, Omapaiera...