Demander aux républicains de réparer la situation économique américaine, c'est demander à Vincent Lacroix de réparer ses pots cassés.
Cette image résume bien, je crois, la situation politique actuelle en Amérique du Nord. Y compris chez nous, soit dit en passant. Mais, une autre image me revient souvent. L'image de la chanteuse Dalida qui chante : « des mots, rien que des mots ».
Les mots à la mode, ce sont les suivants : « Faire de la politique autrement ». Des mots vides lorsqu'utilisés pour détourner l'attention. Les experts en fabrication de messages, aux côtés de nos politiciens nuit et jour, ont trouvé cette phrase censée berner tout le monde et laisser croire à une vague de fond menant à un changement. Mais tout ça n'est que de l'air. « Rien que des mots », disait Dalida à l'amant qui tentait de la séduire à nouveau.
Monsieur Charest utilise ces mots, Madame Marois aussi. Monsieur Harper également. C'est le même combat, en fin de compte. Il n'y a rien de différent dans l'offre des protagonistes. Même les militants de chacun des partis en sont venus à l'argument du dernier retranchement : « En tous les cas, mon chef est quand même moins pire que le tien... »
C'est dans cette choucroute que nous pataugeons, nous, contribuables désabusés.
Quel chemin peut-on prendre quand on ne croit plus en rien? Quand ce sont les médias qui sont les gardiens de la démocratie en fouillant à gauche et à droite?
À mon sens, il ne reste que la voie du gros bon sens.
C'est en écoutant Thomas Mulcair, alors qu'il annonçait sa candidature au poste laissé vacant par Jack Layton, que j'ai ressenti cette certitude. Pas que Mulcair est un sauveur. Il ne sera peut-être même pas élu dans son parti. En fait, c'est plutôt dans le sens de ses propos qu'il me rejoint directement.
Je garde en tête que Mulcair a été vulgairement chassé du gouvernement Charest parce qu'il s'était opposé à la privatisation du mont Orford. De toute évidence, la privatisation avait été discutée en coulisse, probablement en pleine campagne électorale. Les joueurs étaient choisis. Les plans presque faits. C'est, à tout le moins, ce que le fil des événements montre. Mulcair s'est opposé. Il a été renvoyé. On ne se met pas en travers de la route dessinée par le premier ministre. La tête de Mulciar a donc roulé tout le long de la Trois-Ruisseaux, et l'homme a disparu de l'échiquier provincial. Le cas de Mulcair était réglé. Celui de la montagne ne l'est pas encore. L'aventure a coûté des dizaines de millions de dollars et tout est encore à la case départ. Si c'est ça, faire de la politique autrement...
J'en reviens à Thomas Mulcair. Bafoué par les siens, il a repris du service ailleurs. Et, calmement, cette semaine, il a, à mon sens, énoncé les deux grands principes qui incarneront le renouveau en politique.
•1- L'implication des citoyens. Il a demandé, clairement, aux gens qui ont voté pour le NPD au Québec, de faire un pas de plus et de devenir membres du parti politique. Il faut bien se mettre ça dans la tête, les changements ne viendront que par l'action citoyenne. Le pari que font les chefs et organisateurs des partis traditionnels? La population est manipulable jusqu'à l'os. Rien à craindre à multiplier les bavures. Ils ne se souviennent de rien le jour du vote.
•2- L'absence de pensée magique. Le discours de Mulcair n'est pas en ligne directe avec celui des autres politiciens. On l'écoute et on se dit qu'il est possible, avec les deux premiers constats, d'établir les bases d'un début de changement.
Il y a quelque chose d'inspirant dans l'approche Mulcair. L'enfant rejeté par la magouille traditionnelle devient un adulte en quête d'équité.
Au moment d'écrire ces lignes, il y a des dizaines de rassemblements citoyens qui dénoncent le système économique actuel. Ça aussi, c'est inspirant.
Surtout, n'allez pas prendre ce billet pour une incitation au vote NPD. Nenon.... Qui suis-je, de toute façon, pour vouloir influencer qui que ce soit? Je dis juste aux péquistes, aux libéraux, aux conservateurs et à tous les autres que, même dans leur parti, l'implication populaire change les choses. Pas toujours du premier coup, mais ça finit par agir.
Mais, pour ça, il faut sortir de notre petite bulle douillette et s'impliquer un brin...
Dans les années 1970, on s'est défaits de la mainmise de l'église en décrétant le grand principe des libertés individuelles. Il faut maintenant écrire le chapitre sur les responsabilités individuelles.
Clin d'œil de la semaine
« Rien que des mots », dirait Dalida à nos politiciens. Puis, s'apercevant qu'ils sont cachés derrière leurs belles phrases, elle ajouterait : « C'est toi, là-bas, dans le noir? Laisse-moi te regarder... »