L'industrie du disque du Québec a célébré, la semaine dernière, un événement fort intéressant : le disque d'or de Vincent Vallières pour son album Le monde tourne fort. N'ayez crainte, je ne critiquerai pas ce disque. Je suis un fan fini, et ce, depuis le lancement du premier disque Trente arpents.
Je me suis réjoui de cette nouvelle. Vraiment beaucoup.
Au même moment, ou presque, Baxter, une entreprise manufacturière de Sherbrooke, annonçait qu'elle fermait ses portes. Après des années d'opération. Franchement décevant. Choquant. Chiant, à la limite.
Quel est donc le lien entre Baxter et Vincent Vallières? Voyons ça.
Dans sa toune On va s'aimer encore, qui est devenue le tube de noces par excellence, Vallières parle, sur son ton un brin naïf, des années qui viennent. Celles-là mêmes qui vont font vieillir, qui chamboulent les vies et qui modifient les hormones. Le message est tout simple, en fin de compte : advienne que pourra, nous, on va s'aimer encore.
Vallières a écrit un petit texte d'une grandeur magnifique. Sous la cape de jolis mots se cache la chose qui procure la stabilité, l'équilibre et la paix du cœur et de l'esprit. Les jolis mots cachent l'engagement. Celui qui fait en sorte qu'on prend la décision que ça marche. Qu'on se donne à fond. Qui fait que l'autre se donne à fond aussi. Cet engagement qui ouvre la porte au long terme, aux projets de vie. Celui qui fait qu'on a confiance. Qu'on ne change pas de direction à la première tentation.
L'engagement.
Le même engagement que prenaient, il y a quelques années encore, les entreprises privées envers une communauté. L'engagement qui n'existe plus. Ou si peu.
Les entreprises, gérées au gré de tableaux statistiques, prêchent des valeurs de productivité et de performance. Quand les profits sont un peu en baisse, le discours est toujours le même : on perd de l'argent. Dans bien des cas, on perd en fonction de ce qui était prévu, pas en fonction d'une vraie perte sèche.
Pour encadrer le fait que les entreprises ont cessé de s'engager ou de se commettre auprès de leur personnel et de leurs familles, on a inventé tout un charabia savant qui vient motiver chaque geste qui vise à augmenter le profit.
Le modèle qui voulait qu'une entreprise soit un moteur économique régional en procurant de l'emploi à des gens de la place ne tient pas très fort. Au moindre coup de vent, l'engagement tombe. Et on cherche des solutions économiques. Baxter vient de le faire. Vous savez quoi? Je ne serais pas surpris d'apprendre qu'il y avait, dans cette entreprise, un comité de développement durable. Si c'est le cas, c'est un écran de fumée qui cache une réalité sombre : allons exploiter des gens qui vont accepter de travailler pour moins. Et faisons comme Nike : on s'installe en Chine. Et on quitte la Chine dès que d'autres pays émergents offrent des salaires plus bas.
C'est Vallières qui a raison : la vraie force tranquille réside dans l'engagement.
Et qu'on ne vienne pas me dire que les Y n'ont pas le même attachement que leurs parents pour le travail bien fait : dans chaque famille, il y a un exemple d'entreprise qui a utilisé un charabia savant pour gonfler ses profits aux dépens de ceux qui avaient pourtant porté fièrement le jacket de leur entreprise.
Le monde tourne fort, dit Vallières. Il tourne fort et mal.
C'est pour ça que son texte est si réconfortant. Il donne le goût de croire que ça se peut encore...
Clin d'œil de la semaine
Note à Stephen Harper : vos amis entrepreneurs n'aimeront pas cette chronique. Pas grave. Je voulais juste vous dire que la notion d'engagement ne s'applique pas dans votre cas. À la première occasion, je brise ce mariage obligé...