Deux choses me turlupinent cette semaine. Une première me questionne. L'autre me réjouit.
La première est une affaire de publicité. Il s'agit des campagnes publicitaires de Volkswagen et de Brault et Martineau. La première utilise une voix d'une gravité un peu démesurée pour glisser son slogan... en allemand. L'autre se sert d'un comédien aux allures de beau et sympathique bum des plages du Mexique pour vendre l'idée qu'en achetant un meuble, vous pouvez gagner un voyage. Tout est en espagnol, sous-titré en français.
Je me suis imaginé le tollé si la même chose avait été faite en anglais. Que le fabricant de voitures termine ses publicités par un « Now, that's a car! », bien senti. Ou que le marchand de meubles utilise la trame anglaise sonore et ne mette que des sous-titres français. Ouf! Pareille situation aurait tôt fait d'éclipser tout le reste!
J'imagine les médias gorgés de textes, d'opinions, de réactions... Parmi celles-ci, le fait que nous sommes des colons. Des colons qui ne réagissent pas à l'allemand ou à l'espagnol, mais qui pognent les nerfs à l'écoute de l'anglais. Des colons, donc, qui ne sont pas conséquents. Après tout, une langue étrangère est une langue étrangère, non? Une menace est une menace! « Les Québécois sont stupides de même! » s'égosilleraient les animateurs de certaines émissions de type lignes ouvertes qui cherchent les cotes d'écoute.
Ma réaction est différente. Je crois que nous sommes ouverts à la différence. Géopolitiquement parlant, nous habitons un îlot de terre francophone que nous souhaitons conserver. Bien d'autres cultures font de même. Ce qui n'est pas un empêchement à apprendre et comprendre d'autres langues. Si nous étions les colons fermés que je décris plus haut, nous serions rapidement montés aux barricades pour ces deux publicités. Pourtant, ça ne nous est pas passé par l'esprit.
Je me fais cette image : il y a une mer d'eau salée autour de mon étang d'eau douce. Si j'accepte un déversement trop important d'eau salée, l'eau douce de mon étang ne fera pas long feu.
Parlant d'eau, voici la source de ma réjouissance : tout est réglé!
Cessez de vous inquiéter, tout est correct! J'en suis soulagé. Depuis le temps que je m'inquiétais!
De quoi je parle? Je parle de l'eau, de l'air, des gaz de schiste, de l'uranium, de la pollution. Du fait qu'on voyait de plus en plus d'enfants souffrir d'asthme dans un monde où l'air est de plus en plus vicié et où la bouffe est de plus en plus transformée. Je parle du pétrole, des sables bitumineux. Du nord qui vire au sud, etc.
Maintenant, je peux parler de tout ça avec le cœur léger : je n'ai plus à m'inquiéter, tout est réglé! Vous m'en voyez soulagé, heureux. Je vis de façon plus légère. Comme si on m'avait enlevé un gros poids qui alourdissait mes frêles épaules de citoyen.
Tout est réglé. Proclamez la bonne nouvelle!
Comment je le sais? Comment j'en suis si sûr?
Tous les dirigeants des partis politiques fédéraux me disent et me répètent qu'ils savent ce qui m'inquiète, qu'ils connaissent mes aspirations, qu'ils me comprennent, qu'ils savent ce que je veux. Et aucun n'a abordé le thème de l'environnement en campagne électorale. 2 + 2 font 4, non?
On l'a échappé belle, mais là, on le sait : tout est réglé!
Clin d'œil de la semaine
Oui, je sais, je m'excuse. Je vous ai dit, dernièrement, que Brault et Martineau ne vendait pas des meubles. Je vous ai dit qu'il ne vendait que des paiements. Je me suis trompé. Le magasin vend des voyages et des paiements...