Tous les yeux sont tournés vers le Japon qui panse ses plaies à la suite de ce tsunami gigantesque. Le monde retient son souffle en lien avec la menace incessante que représentent les centrales nucléaires qui ont été dangereusement brassées par le tremblement de terre, nous rappelant, à regret, que l'Homme demeure sa pire menace. Pendant ce temps, ici, au Québec, une autre vague nous atteignait. Pas intense. Pas causée non plus par un tremblement de terre. Une vague sans conviction, en fait, venue de nulle part et n'allant nulle part : le budget du gouvernement de Jean Charest.
La gouvernance est devenue un concept vide de projets, de vision, d'idées. Redéfinition zéro. Bourassa avait connu du succès avec le développement électrique de la baie James? On lance le Plan Nord. Qu'est-ce que c'est au juste? On ne sait pas trop. Un plan, visiblement, et dans le Nord, probablement. Rien d'autre n'est arrêté.
La gouvernance ressemble au Plan Nord. On ne sait pas trop quoi faire, ni comment le faire. Il manque d'argent dans les coffres de la régie des rentes, on augmente les cotisations. Ça chiâle trop sur les gaz de schiste, on change de cap. Les ministres disent, contredisent, affirment, confirment et infirment, mais rien ne se passe fin de compte.
Et le langage. Celui-là même qui est fabriqué, modelé, façonné par les faiseurs d'images et autres spécialistes de la manipulation de l'opinion. Cette fois, on dit aux contribuables étudiants de payer plus, mais on annonce en même temps que le gouvernement va injecter de l'argent neuf dans les universités au fil des prochaines années. Pourrait-on avoir la décence de considérer que l'argent du gouvernement et celui du contribuable, c'est le même?
Pourtant, ce ne sont pas les enjeux qui manquent. Je me demande comment c'est arrivé, mais le gouvernement travaille en mode improvisation chronique. Il semble occupé ailleurs tellement on ne sent aucune substance, aucune direction.
Y a-t-il un pilote dans l'avion?
Et Lucien Bouchard qui se mêle du dossier des gaz de schiste. Celui qui a crié haut et fort sa grande lucidité dans un manifeste vide. Vous vous rappelez? « Les Québécois doivent travailler infiniment plus! », disait-il. Moi, ce que je vois, c'est l'ancien ministre conservateur de l'environnement au fédéral, Jean Charest, qui côtoie son ancien collègue conservateur, Lucien Bouchard, dans une quête effrénée d'argent neuf. Un peu pour l'État de Charest, beaucoup pour les clients de Bouchard. Pourquoi de l'argent neuf? Pour remplir les coffres à temps pour être réélu? Peut-être. D'ici là, on semble laisser le bateau tanguer au gré des vagues. En souhaitant qu'aucune de ces vagues ne devienne un tsunami.
Ce qui désole, c'est que le gouvernement a perdu le plan. Et peut-être le nord....
Clin d'œil de la semaine
Lucien Bouchard a tenu le rôle de bon père de famille lors de ses années comme premier ministre du Québec. Le conservateur en lui a refait surface. Il ressemble maintenant beaucoup plus au héros passé date dans Papa a raison.