Respecter les institutions. Respecter les personnes. Respecter les idées et les concepts. Respecter les bâtiments. Respecter l'autorité.
Respecter une loi, même si elle est spéciale....
Respect...
Voilà bien un mot bouche-trou utilisé à qui mieux mieux pour réparer un mur qui s'effrite. Le mur d'une maison qu'on a laissé aller au fil des ans. Et qui s'est fissuré. Et qu'on dit vouloir réparer, mais sans jamais le faire.
Le problème avec le respect, c'est qu'il est engageant. Et l'engagement, ça demande un effort. Un grand effort.
J'écoutais tristement la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, lorsqu'elle a réagi à la sortie de Fred Pellerin qui renonçait, pour le moment, à l'honneur que le Québec voulait lui faire. Triste à entendre. Elle parlait comme quelqu'un qui s'étouffe avec une cassette qu'on lui a enfoncée dans la gorge.
Elle a réagi à la lettre de Fred Pellerin avec un message préenregistré que le premier ministre a imposé, visiblement, à ses troupes : le carré rouge, c'est la violence et l'intimidation. Sous-entendu : si vous êtes contre l'augmentation des frais de scolarité, vous êtes un être violent et vous prônez l'intimidation.
Cette façon de commander une phrase à des boîtes de communication et, ensuite, de la répéter en réponse à chaque question posée, c'est de l'abrutissement programmé. Et, quand on sent le besoin de mettre une cerise sur le gâteau, on ajoute : « le respect est une valeur fondamentale pour nous ».
Triste...
J'écoutais la ministre St-Pierre s'excuser plus ou moins adroitement. Vous savez quoi? Je la crois jusqu'à un certain point. Je crois qu'elle est du genre à agir avec sincérité dans plusieurs dossiers de la culture. Je crois qu'elle a travaillé fort et que c'est une femme qui comprend plusieurs enjeux. Mais la cassette est obligatoire. Dans la vision de parti Libéral, la réponse est là : suis ou crève. Martèle le message dicté ou crève. Il faut respecter la ligne de parti. La ligne de communication du parti aussi.
Respect.
Je crois fermement que la ministre Beauchamp a quitté ses fonctions parce qu'elle en a eu marre de jouer la cassette. Quand elle prétendait démissionner en se sacrifiant sur l'autel de la réussite ultime du processus de négociation avec les étudiants, c'était risible. Cette femme-là était muselée et n'en pouvait plus.
Le gouvernement de Jean Charest a décidé, à défaut de s'engager dans le processus démocratique, d'imposer le respect par le biais d'une loi.
Tous les éléments de cette loi sont basés sur une forme vicieuse d'intimidation. Il faut la lire et penser aux conséquences de chaque bout de phrase pour s'apercevoir qu'on est allé trop loin. Qu'on a voulu régler, par une loi, tout ce qu'on n'a pas voulu régler par les voies naturelles avant.
On a voulu imposer le respect.
Mais le respect a cette noblesse qui fait en sorte qu'on ne peut l'imposer. Le respect se mérite. À coups d'écoute, d'échanges et d'ajustements.
On ne peut forcer quelqu'un à nous aimer. On ne peut imposer le respect par une loi. On obéit à une loi. Ce n'est pas ça, le respect.
Vouloir imposer le respect dans une loi, c'est dire : marche droit ou crève. Il n'y a rien là-dedans qui ait un rapport avec le respect.
Clin d'œil de la semaine
Un des avantages du respect, c'est qu'il n'est pas imposable...