On a la mèche courte. Vraiment courte. Le conflit entre les étudiants et le gouvernement est sur pause et on est tannés d'en entendre parler. Au Québec, on est de même : on peut chialer, faire valoir son point, mais, rapidement, il faut prendre le rang. Sinon, on ne sait plus comme gérer ça. Les émotions nous gagnent, on s'insurge et on finit par s'insulter.
C'est à ce moment qu'on a la mèche courte.
Je disais dernièrement à un proche qu'il fallait réfléchir au type de gouvernement qu'on veut. « Parce que tu penses que Marois est meilleure? Elle est pas prête et le sera jamais, faque, hein! », s'est écrié mon interlocuteur, à ma grande surprise...
La mèche courte, je disais.
Mais c'est la courteur de cette mèche qui tente tant le présent gouvernement quand il s'agit de déclencher des élections.
Le message est plus facile à polariser quand le citoyen est à bout...
Il me semble tellement que je vois s'installer le modèle électoral américain. Pas dans le système, mais bien dans la manière.
Jean Charest qui lance une vidéo sur Pauline Marois. Les images, prises sur un site Facebook, sont manipulées, décolorées, ralenties, de façon à ce que la trame sonore d'arrive plus avec les images. Le but? Montrer que Pauline Marois est attardée. Rien de moins. Le parti dira que c'est légal, je m'en fous : pour moi, c'est immoral. Point. Non discutable. Et qu'on se le tienne pour dit, j'aurai la même opinion quelque soit le parti qui mettra quelque chose comme ça en ondes. Je trouve ça révoltant, comme le ton emprunté par le premier ministre quand il s'est agi d'expliquer pourquoi ils avaient fait ça.
Ça, pour moi, c'est toute la bassesse des campagnes américaines.
Quand on engage des équipes pour fouiller le passé de chacune et chacun pour trouver des failles et les faire tomber au front, c'est que le but, celui d'être élu, vient bien avant les idées. .
Tout ça n'a qu'un but, soit celui d'exploiter la mèche courte du citoyen que nous devenons quand vient le temps de voter : des gens pressés qui s'informent peu et qui ont juste hâte de retourner chez eux, les pieds sur la bavette du poêle, en se disant, que, « de toute façon, c'est toute la même affaire, on se fait toujours avoir... »
Je continue de souhaiter qu'il y ait bel et bien une vague de fond dans ce qu'on vit au Québec. Que tout ne s'arrêtera pas au prochain scrutin! Mon espoir, c'est que le prochain gouvernement, quel qu'il soit, constitue, en quelque sorte, la transition vers autre chose. Que des jeunes s'impliquent. Ceux-là mêmes qu'on insulte trop facilement aujourd'hui et qui porteront, sur leurs épaules, le poids d'une dette qui est tout, sauf sous contrôle.
Toutes nos priorités sont à revoir.
On ne réglera rien à coups de Madame Marois est une attardée... et autres conneries du genre.
Si les aspirants au pouvoir veulent se donner un minimum de crédibilité, il est temps qu'ils agissent de façon à mériter une crédibilité.
La question est de voter pour le meilleur parti, pas pour le moins pire des chefs...
Clin d'œil de la semaine
Je repense au traitement de la vidéo de Madame Marois et je me dis que, si elle devait mourir avant Monsieur Charest, celui-ci dirait, l'air tout aussi convaincu que dans la vidéo où il s'adresse au peuple, « on perd une grande femme politique, une femme intelligente et passionnée... »