Le 23 août, nous tombons en campagne électorale. J'utilise le verbe tomber très volontairement! On aura l'impression d'être catapultés dans une autre dimension!
Vous organisez un événement caritatif d'ici le 1er octobre? Nécessairement, vous aurez à prendre en compte la présence des candidats qui voudront obtenir une visibilité.
Votre boîte aux lettres sera porteuse de bien des messages différents au fil des semaines. La radio, la télé et, surveillez ça, les médias sociaux occuperont beaucoup d'espace.
Alors que des débats locaux, régionaux et nationaux se tiendront à gauche et droite, retenez que vous serez à l'extrême centre des priorités de ces candidats.
Et c'est de bonne guerre. Le jeu électoral est ainsi fait.
En fait, le jeu est devenu un peu étrange.
Nous évoluons dans une société de performance basée sur des droits et des libertés individuelles.
La performance fait en sorte que notre vie est encadrée par un agenda bien rempli qui tient compte du travail, des loisirs et de nos obligations. Il ne reste pas grand-place pour s'occuper d'autre chose.
Puis, nos droits et libertés individuels font en sorte que nous sommes devenus, collectivement, allergiques à tout ce qui se dit. Ainsi, au cours du prochain mois, on assistera à des dénonciations à la chaîne, chaque équipe scrutant à la loupe ce que l'autre dira, à la recherche d'un faux pas, d'une bourde ou n'importe quoi qui pourrait influencer le X de monsieur et madame Chose.
Je dis que le jeu est un peu étrange parce que, globalement, on n'accorde que très peu d'importance à la chose politique entre les périodes électorales. Pourtant, c'est là qu'on pourrait influencer les choses.
Mais ça demanderait un investissement de temps. Et le temps, on n'en a pas de reste!
Oui, il y a aura des débats, mais sachons que, pour ce qui est des idées et des projets de société, les dés sont jetés. Sur le bureau des chefs de campagne, il n'y a plus qu'une chose : une carte électorale. Autour de la table, des spécialistes en communication qui dictent les avenues à emprunter pour colorer la carte électorale à la couleur désirée.
Par notre statut de citoyen, nous sommes touchés par ce qui se passe. Nous sommes impactés pour reprendre l'expression à la mode. Et on ne s'en occupe que très peu.
On devrait, il me semble, être alarmés, personnellement et collectivement, par différents facteurs qui ont un impact sur nos vies quotidiennes. L'environnement dont les changements se font au galop. Le taux d'endettement moyen des familles canadiennes. Le fait que si on diminue la consommation de biens un peu trop, on dérègle un système économique fragile.
Mais j'ai cette impression qu'on voit la politique comme on voit un contrat d'entretien de gazon : chaque quatre ans, on accepte de prendre un moment pour négocier avec une entreprise qui s'occupera de notre gazon. Après, on ne veut plus en entendre parler pendant quatre ans. Et, chers dirigeants, sachez que, comme on paie pour l'entretien du gazon, on voudra qu'il soit parfait. À notre goût à nous. Sans mauvaises herbes. On voudra que notre gazon, chaque chez-soi, soit au moins aussi vert que celui du voisin. Mais on en dira très peu sur les moyens qu'on est prêt à tolérer afin d'y arriver.
« Au prix qu'on paie, arrange-toi pour que ça marche... »
Autre étrangeté alarmante, le nombre de candidats qui sont sollicités par différents partis et qui finissent par choisir le parti qu'ils représenteront officiellement à la simple lumière de leurs chances de gagner.
On ne doit pas se présenter aux élections parce qu'on a des idéaux ? Des principes ? De moins en moins, visiblement.
Le jeu politique redéfinit lui-même ses règles, oubliant au passage l'origine même du jeu, mais sachant surtout qu'une fois la campagne finie, on sera trop occupés pour s'attarder à ce qui se passe vraiment.
C'est quand le gazon ne sera plus vert qu'on dira : « ben voyons, qu'est-ce qui se passe? »
Clin d'œil de la semaine
- Je comprends que c'est un comté sûr, mais tu vas faire quoi si tu es élu?
- Au moins 95 000 $ par année...