Depuis quelques années en octobre, j'entreprends un long voyage pour descendre une automobile à mon lieu de séjour d'hiver en Floride. La voiture, une fois rendue, sert à nos déplacements lorsque je m'y rends par la suite en avion, ce qui est beaucoup plus pratique. Vous le savez, l'État de la Floride c'est fait et construit pour les véhicules. Ici, tout tourne autour des autoroutes et des routes nationales pour la vie des gens : commerces, services professionnels, loisirs, etc. On y fait aussi beaucoup de vélo, rassurez-vous, âmes écologistes. Néanmoins, c'est peu dire d'affirmer que la conscience écologique des Floridiens est beaucoup moins éveillée que la nôtre. En Floride, on récupère un peu, on ne composte pas du tout et on est au royaume du tout à l'automobile. Quelques réminiscences d'un long trajet d'automobile dans le sud-est de l'Amérique...
Le sujet de ma petite enquête
Je me perds, le sujet de cette chronique n'est pas la Floride ni la conscience écologique des gens qui y vivent. Ce n'est qu'un prétexte pour vous raconter ce que m'ont dit certains Américains tout au long de ma traversée d'Amérique. Des Américaines et des Américains du New Hampshire, du Maine, du Massachusetts, du Connecticut, de New York, de Pennsylvanie, du Maryland, de la Virginie-Occidentale, de la Virginie, des deux Carolines, celle du Nord et du Sud, de la Georgie et finalement de la Floride.
Je n'ai pas mené un sondage. J'ai juste pris la peine de discuter avec les gens qui m'ont servi à l'hôtel, des clients présents dans les stations d'essence et dans une aire de repos sur l'une ou l'autre des autoroutes que j'ai empruntées pour me rendre ici. Ce voyage m'a pris 28 heures. J'ai parcouru 2 937 kilomètres pour me rendre chez moi à Hypoluxo en Floride. J'ai donc joint l'utile à l'agréable. Sachant que j'avais cette chronique à préparer pour dimanche (vous la lisez le mercredi, mais je l'écris le dimanche qui précède), j'ai donc mené une petite enquête à ma façon auprès des Américains rencontrés au hasard de ma route. La question que j'abordais était la suivante : que pensez-vous de l'élection présidentielle actuelle?
Ma méthodologie
Déformation professionnelle. J'offre parfois des services de sondage et de groupes de discussions dans les services offerts par ma firme professionnelle le Cabinet de relations publiques et de communication Nadeau Bellavance. J'ai donc opté pour une méthodologie simple et adaptée aux circonstances de rencontres fortuites que j'avais avec des Américains. Forcément, le résultat de ma petite enquête ne peut qu'être impressionniste et il ne prétend à aucune vérité ou conclusion. Cela donne un peu l'air du temps.
Pour construire ma banque de données, je posais toujours les trois mêmes questions : How are you? Do you see many of my fellow Canadians here? Et la vraie question : What do you think about the Presidential election? Are you passionate about it?
J'ai posé ces trois mêmes questions à plus de trente personnes. Des gens de toutes origines, Afro-Américains, latinos, blancs. Jeunes et vieux et surtout beaucoup plus de femmes que d'hommes. Les personnes qui nous servent dans le genre de circonstances sont beaucoup des femmes. Même si nous sommes en 2016...
Les résultats sont...
Eh bien, ce qui ressort très largement de tous les intervenants rencontrés au hasard de ma route c'est qu'ils ne veulent pas parler politique et surtout pas des élections actuelles.
Honte de Donald Trump, peu enthousiaste pour Hillary
Pour eux, c'est toujours du pareil au même et ils ont très majoritairement honte de Donald Trump. Ils n'aiment pas beaucoup Hillary Clinton. Ceux qui s'expriment racontent que c'est difficile de choisir la moins mauvaise des hypothèses. Ils aimeraient que la politique change. Le discours de l'ex-candidat démocrate Bernie Sanders est très présent sans qu'on le nomme. Les inégalités sociales, le 1 % contre les 99 %, les difficultés économiques pour les familles américaines, le problème de violence raciale de la police contre des gens de couleur, les tueries massives sont les principaux sujets mentionnés en réponse à ma question sur la politique. Manifestement, les gens n'avaient pas beaucoup envie de me parler de politique en tant que sujet principal. Ils semblent en avoir marre de la politique partisane, du congrès, du sénat et des chicanes entre républicains et démocrates. Ils cherchent des solutions et des voies ensoleillées pour leur vie et celle de leur famille.
Ils aiment les Canadiens, le Canada et Justin Trudeau
S'ils n'avaient pas beaucoup d'enthousiasme à parler politique, ils en avaient par contre beaucoup plus pour me dire qu'ils aimaient les Canadiens. Ils en rencontraient assez souvent, surtout durant la période de prédilection des snowbirds, soit en octobre novembre et mars. Certains m'ont dit beaucoup de bien de notre pays, le Canada. Plusieurs m'ont mentionné (une douzaine) le nom de Justin Trudeau en me disant que nous étions chanceux d'avoir un homme comme lui pour diriger notre pays. Un peu plus je leur proposais un selfie avec une photo de Justin Trudeau.
Ils ne connaissaient pas, par contre, l'existence de notre conflit sur le bois d'œuvre et plusieurs ne savaient pas où est situé Sherbrooke au Québec et au Canada. Ce problème n'existait pas dans les États limitrophes, mais s'amplifiait au gré de ma progression vers les États plus au sud.
Ils aiment leur région, leur pays et le football
Ils m'ont aussi parlé avec beaucoup de fierté de leur État. Si j'en croyais les gens, leur État était le plus propice pour accueillir des touristes. Ils me vantaient certains attraits touristiques, leur capacité d'accueil et surtout ils manifestaient beaucoup de patriotisme à l'égard des États-Unis qu'ils nomment l'Amérique. Et ce qui les passionne plus que tout c'est le football collégial américain et le football de la NFL. Presque tous les hommes rencontrés m'ont questionné sur mon degré d'intérêt pour ce sport. Faut dire que les circonstances s'y prêtaient, il y avait un match à la télévision dans le bar de l'hôtel ou je prenais une consommation après une longue journée de conduite automobile. Mais je n'ai pas cherché à savoir qui, selon eux gagnera le Super Bowl cette année. Cela pourrait être l'objet d'une autre chronique...
L'Amérique est vaste et diversifiée
Au terme de mon voyage et de cette mini-enquête sans prétention, j'ai appris ce que nous savions déjà. Les Américaines et les Américains ont peu d'intérêt pour l'actuelle course à la Maison-Blanche et se sentent floués par les choix qui leur sont offerts. Ils sont patriotes pour leur État et leur pays et aiment le Canada et les Canadiens. Personne ne m'a glissé mot du scandale du Trump prédateur de femmes. J'en étais étonné, mais je n'ai pas osé poser de questions directes sur le sujet. J'avais une petite gêne à aborder la question sachant que chez moi un certain Gerry Sklavounos a posé des gestes innommables envers une femme et les femmes.
Voilà, c'est que m'a appris ma traversée d'Amérique