Prenons Éric Salvail. Je ne le connais que de nom. Pas d'œuvre. Je ne syntonisais pas la radio au moment où il s'éclatait avec ses Fantastiques; les émissions de recettes, aussi pompettes puissent-elles être, me repoussent plus qu'elles ne m'attirent; je n'ai jamais vraiment vu son émission de télé de fin de soirée. Mais bon, à force d'être partout, il finissait par sortir de mon angle mort de temps à autre.
Comme il y a quelques semaines à l'émission « Ici, on chante » de Véronic Dicaire. Son aveu m'a interpellé. Je résume : petit, il était gros. Il a voulu dégonfler pour monter plus haut que haut dans le star-système. Il a réussi. Réussi au sens qu'il l'a fait, pas réussi au sens réussite de vie. Être svelte, très connu et riche. Voilà ses objectifs avoués. C'est mince, comme justification. Ou épais (par opposition à mince), c'est selon. Mais visiblement trop mince ou épais pour être vécu de façon équilibrée.
Les choses de la vie se croisant souvent, je suis tombé sur une équation toute simple proposée par Jacques Forest, un professeur et chercheur de l'UQAM. Une toute petite équation qui ratisse large.
La voici : le sens et le plaisir > ego et récompense.
Dit autrement, si ce que vous faites a du sens, si ça rejoint vos valeurs, si ça signifie quelque chose pour vous et si, en plus, vous avez du plaisir à le faire, ce côté de l'équation sera toujours plus grand que le titre et le salaire. Ou que le titre et la médaille si vous êtes sportif.
Virons ça de bord. Même si votre objectif de vie est d'être une très grande vedette (ego) et être très riche (récompense), il faut vous assurer que tout autour fait du sens pour vous, répond à vos valeurs et que vous ressentez un plaisir satisfaisant à le faire. Sinon, l'équation reprend ses droits et vous frappez un mur. Solidement. En mode Salvail, dans le cas présent.
Pour monter toujours plus haut, ça prend un ego très fort. Et ce qui était un but devient la réalité : à être plus haut chaque jour, on est au-dessus de tous, de toutes et de tout. On peut se permettre ce qu'on veut.
Je rejoins MC Gilles dans son propos : quand quelqu'un lui a dit que ça allait mal dans le milieu artistique, il a répondu, en substance, qu'au contraire, ça commençait à bien aller! Le ménage se fait. Enfin! »
À considérer le star-système comme si le fait d'y adhérer représentait la réussite des réussites, à force d'académiser des vedettes, de multiplier les Voix, même junior, on crée le risque suivant : des gens qui tueraient pour être là. Je sais, c'est au figuré. Mais si l'atteinte de l'inaccessible étoile passe par le fait de se faire peloter, si c'est un passage obligé, on s'accroche pareil. La lumière viendra sûrement après! Au firmament des étoiles, il fait toujours beau, non?
Ce que je décris n'est pas une fatalité. Je ne détruis aucun concept télé. Je dis que c'est un risque dont il faut tenir compte.
Pour qu'un artiste se réclame du titre d'artiste, il lui faut pratiquer un art. Un art qui va au-delà de l'ego et de la récompense. Sinon, l'exercice finit par ne pas avoir de sens. Et le plaisir quitte le plateau.
Et on se retrouve seul, dans l'ombre de l'échec. Laissant à d'autres, au passage, l'ombre supplémentaire de la honte que les victimes ressentent en lieu et place des agresseurs.
La déferlante qui se poursuit est porteuse de sens. Il y a une occasion de refaire des morceaux du modèle. Mais disons-le clairement : un baiser ou une caresse devraient avoir un sens, procurer un vrai plaisir. Partagé. Un baiser ou une caresse ne devraient jamais servir d'ouvre-porte ou de condition pour rester dans la pièce...
Clin d'oeil de la semaine
Et les paroles de la toune qui rebondissent dans ma tête : « juste pour rire, c'est juste ça qu'j'ai à dire, moé j'fais ça juste pour rire... »