Ceci n'est pas une chronique de gauche. C'est une chronique d'équilibre.
J'ai souri au début.
Le clin d'œil était « cute ». Rien de bien malin. Un petit marketing sympathique.
Vous savez, ces petits paniers d'épicerie dont la dimension est adaptée aux jeunes enfants qui, ainsi, peuvent jouer au client? Ces paniers sur lesquels il y a une affichette : « client en formation » ?
Je me disais que c'était un peu comme quand un petit garçon recevait un coffre à outils jouet ou quand la petite fille recevait une cuisine grandeur jouet pour faire semblant de préparer les repas.
Aujourd'hui, je réalise que l'exemple du panier d'épicerie ne sème pas la même idée que le coffre d'outils et la mini-cuisine.
Pourtant, à première vue, les trois représentent le fait de vouloir faire comme les grands.
Bon. Dans une société où le « politiquement correct » est de mise, on prendra bien soin que les garçons soient aussi en contact avec les cuisines et les filles avec les outils, mais le principe demeure : il est stimulant pour enfant de faire comme les grands.
Suivant ce même raisonnement, en quoi le petit panier d'épicerie est-il différent?
En fait, ce n'est pas si différent dans le geste. Dans la portée du geste, peut-être, cela dit.
Le message est plus troublant dans le fait qu'il concrétise les attentes que la société a envers les enfants. Un enfant naît et voilà que c'est un nouveau consommateur qui naît.
Soucieux de bien faire les choses, les parents vont investir beaucoup de sous pour satisfaire les besoins de l'enfant. En fait, disons-le ainsi : depuis la naissance, les parents surconsommeront pour satisfaire les besoins, les goûts, les désirs et même les caprices de l'enfant.
Vouloir le mieux pour son enfant ne veut pas dire vouloir une poussette très dispendieuse. Mais les notions s'entrecroisent souvent à ce niveau.
Depuis sa naissance, l'enfant est submergé dans un univers de consommation extraordinaire. Il sera familiarisé avec la publicité sur le téléphone intelligent de ses parents dès son plus jeune âge.
Les parents achètent et achètent sans trop en parler devant les enfants, même quand ils sont en âge de comprendre. On leur épargne les discussions de couple par rapport aux dépenses. « Ils seront confrontés bien assez vite! »
Ainsi, les enfants grandissent en se disant que l'argent pousse dans un guichet automatique et que les carottes poussent chez IGA. Et quand la puce électronique aura complètement remplacé l'argent comptant et les guichets, ce sera encore plus magique!
Les enfants apprennent par l'exemple. Sans trop s'en rendre compte, et surtout pas pour faire mal, les parents sèment la pression suivante : grandir, c'est consommer et consommer, c'est performer.
Prochaine étape? Une analyse génétique du fœtus dès les premiers mois de grossesse pour nous assurer qu'il ou elle aura ce qu'il faut pour réussir à performer correctement...
Clin d'œil de la semaine
Le bonheur, ça ne s'achète pas. Tout ce qui le compose, oui, semble-t-il...