Vous vous souvenez de cette réplique assassine de Michel Chartrand à l'intention de Bernard Derome? En 1998. En pleine soirée électorale, Derome s'intéressait à Chartrand qui s'était présenté comme candidat indépendant. S'étant fait ramasser assez solidement par Chartrand, M. Derome termine l'échange en souhaitant bon anniversaire un peu à l'avance à Chartrand qui allait avoir 82 ans en lui disant : « c'est merveilleux de vous voir là! » « Le human Interest, ça me fait ch..., Derome! », répliquera Chartrand tout de go.
Il est de ces anecdotes qui font sourire un peu. Qui nous brasse le « politiquement correct ». Mais qui ne sont pas toujours sans un fond de vérité. Vérité souvent mal exprimée et expliquée, servie sur lit d'insultes et de bravades qui créent la plupart du temps un mouvement de repli de l'interlocuteur et qui met, de facto, fin au débat.
Mais fond de vérité pareil. Souvent, en tous les cas...
Vendredi dernier, j'entendais Paul Houde qui recevait, en entrevue téléphonique, Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec Solidaire. Le volet environnemental est sur la table. M. Dubois parle de transport. De la nécessité de prendre un vrai virage électrique pour les voitures, de multiplier les stations de métro à Montréal, bref, il propose des pistes qui ont semblé ridiculement révolutionnaires à l'animateur qui a choisi, de ressac, le ton « Human Interest ». Mais paternaliste en plus. Du type, c'est le fun, mon grand, de t'entendre pelleter des nuages et rêver à voix haute!
C'est là que j'ai réalisé que ça ne viendrait pas. Pas pantoute, en fait. J'ai réalisé qu'on ne parlerait pas d'environnement dans cette campagne. Jusque-là, je me disais, un peu naïvement, que ce serait un des volets qu'on finirait par sortir un jour.
Mais non.
Non, parce qu'on ne veut pas entendre ce qu'il faudrait faire pour intervenir quant à la sauvegarde de notre environnement. À la limite, on veut bien croire que les changements climatiques sont réels, mais bon, on climatisera nos maisons, c'est tout!
On se contentera de cibles sur 10 ou 20 ans qui nous rassureront assez pour qu'on continue à vivre comme on le fait. Ces cibles ne sont basées sur aucun plan précis? Pas grave, on a une cible!
C'est comme nos déchets à la maison.
On s'est libéré la conscience en triant nos déchets. Maintenant, on sait que les bouteilles de vin, par exemple, sont simplement envoyées au dépotoir. Mais on ne propose toujours pas d'imposer une consigne pour qu'on rachète les bouteilles de vin vides. Non, ce serait dérangeant pour la SAQ.
On a tous entendu parler des trois R. On a investi dans la Récupération, puis dans le Recyclage. Là, on est un peu empêtrés parce qu'on ne sait trop quoi faire des tonnes de matières récupérées depuis que la Chine nous a dit qu'elle n'achètera plus rien. Ou très peu. Mais vous vous souvenez du premier R des trois R ?
Réduire...
Tiens, on l'a oublié, celui-là! Ce n'est pas un hasard, c'est celui qui dérange. Et nous, ce qu'on veut, c'est de sauver l'environnement sans changer nos façons de faire.
Ce sera donc une élection où l'enjeu environnemental sera encore éclipsé.
C'est comme ça.
À moins qu'on décide de multiplier les pressions sur tous les partis.
L'environnement n'est pas une question de gauche, de droite ou de centre. C'est une question de respect qu'on a perdu pour nos ressources collectives.
C'est aussi, et surtout, une question de survie.
Clin d'œil de la semaine
Gauche, droite, peu importe. De toute façon, c'est au centre qu'on porte le masque quand l'air de nos villes devient irrespirable...
François Fouquet