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Le triomphe pervers de Trump

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Photo : Un autre épisode de l’avenir du monde libre et de la démocratie américaine s’est joué la semaine dernière avec l’élection des midterms aux États-Unis d’Amérique. - Daniel Nadeau
Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 14 novembre 2018

Encore une fois, Donald Trump a gagné son pari avec l'électorat américain. Contre toutes attentes des esprits modérés de notre temps, Donald Trump a offert une performance électorale égale à lui-même pour maintenir la majorité républicaine au sénat. Bien sûr, il a perdu la majorité à la Chambre des représentants. Il n'y aura pas eu de vague bleue et bien qu'il soit affaibli, Donald Trump reste bien en selle pour poursuivre ses attaques à l'héritage démocratique américain. Réflexions libres sur une époque tourmentée pour l'avenir du monde libre.

Le résultat d'une campagne atypique

Un autre épisode de l'avenir du monde libre et de la démocratie américaine s'est joué la semaine dernière avec l'élection des midterms aux États-Unis d'Amérique. Cela s'est soldé par une victoire mi-figue, mi-raisin du président le plus atypique de toute l'histoire de ce pays. Faisant campagne pour les démocrates, le président Barack Obama avait pourtant déclaré que cette élection figurait parmi les plus importantes de l'histoire américaine. Souvent, on utilise cette affirmation à tort, mais cette fois je suis en accord avec Obama. L'élection de mi-mandat de la présidence de Donald Trump, un véritable maître de l'opinion publique américaine, constitue un jalon fondamental pour l'avenir non seulement des États-Unis, mais de l'ensemble des pays de la planète.

Bien malin qui aurait pu prédire les résultats de cette élection. Bien sûr, on peut se réjouir de la mobilisation des jeunes et des femmes. Il ne faut pas cependant minimiser l'emprise de Donald Trump sur sa base partisane ni sa capacité de la mobiliser autour de thèmes comme le racisme et le mépris des institutions sans compter ses attaques contre une presse libre et démocratique.

En misant sur une économie qui tourne rondement et en faisant miroiter la peur de l'envahissement par les migrants, Donald Trump a joué sur un registre qui l'a très bien servi lors de l'élection présidentielle. Comme nous le savons, Donald Trump n'y va pas dans la dentelle. La publicité des républicains montrant un délinquant immigrant et prédisant le chaos si les démocrates prenaient le contrôle du Congrès et du Sénat aura sûrement réussi à réjouir la base partisane indéfectible de Donald Trump. Les discours de campagne de Trump sont de la même eau. Un discours populiste créant la division et amplifiant les fissures entre les villes et les campagnes, entre les blancs, les Hispaniques et les personnes d'origine africaine. Un discours qui ne fait que donner du ressort à l'expression de sentiments haineux, racistes et polémiques.

Au bord de la falaise du chaos

Depuis la guerre civile au 19e siècle, les États-Unis d'Amérique n'ont jamais été si près de sombrer dans la violence. Des gestes isolés, mais répétitifs ne peuvent que nous convaincre de la présence d'une violence sourde dans cette société capable du meilleur et du pire. Pour le reste du monde, pour les pays libres de souche de démocratie libérale, la quasi-victoire une victoire de Trump du 6 novembre dernier équivaut à la poursuite d'un cauchemar.

Donald Trump détruit peu à peu tout ce que ses prédécesseurs ont construit patiemment depuis la Seconde Guerre mondiale. Un ordre libéral où les libertés, la paix et le commerce étaient le fer de lance de la politique étrangère américaine. Adepte du multilatéralisme, les États-Unis de Trump sont devenus un pays qui se distingue de moins en moins des pires élèves de la classe dans le concert des nations à l'échelle mondiale.

Le sursaut souhaité de lucidité des Américains n'a pas été au rendez-vous. Si Trump sort un peu affaibli de l'élection, il n'a pas été mis hors d'état. À la suite de cette élection, notre monde est toujours aussi près de l'abîme. Que l'on aime ou pas les États-Unis d'Amérique, force nous est de reconnaître que les puissances occidentales, dont le Canada, ont besoin d'eux. S'il y a une chose que nous aura apprise l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis il y a presque deux ans maintenant, c'est que la démocratie et les valeurs libérales ne sont jamais acquises. Elles sont fragiles et, bien que résilientes, elles ne peuvent indéfiniment résister aux assauts répétés de son plus grand promoteur que sont les États-Unis d'Amérique.

Trump gagne son pari

Le résultat des élections américaines de mardi dernier est éloquent. Donald Trump, celui que nous qualifions de maître de l'opinion, a gagné son pari. Il a évité la perte des deux chambres. Bien sûr, il a perdu la majorité à la Chambre des représentants, mais du même coup il a renforcé la position des républicains au Sénat. Chambre qui contrôle les nominations à la Cour Suprême et qui peut voter les procédures d'impeachment. C'est pourquoi nous affirmons que Donald Trump, le président le plus anticonformiste de l'histoire américaine a gagné son pari.

Il est clair que la politique américaine et la nation américaine n'ont jamais été aussi divisées. Malgré les discours racistes, malgré les comportements inacceptables et en dépit de l'irrespect de ce président envers les institutions américaines, Trump gagne. Les bonnes consciences, les experts de la politique n'ont qu'à aller se rhabiller. Celui qui a le plus réussi à mettre en mouvement le mantra, faire de la politique autrement, c'est le mal aimé Donald Trump.

Certes, la perte de la Chambre des représentants causera bien des ennuis dans les prochains mois au président Trump. Il ne faut pas cependant le compter pour battu. Il vient d'ajouter une corde à son arc. En plus des ennemis du peuple que sont les médias, il pourra dorénavant ajouter la Chambre des représentants de Nancy Pélosi. Il n'y aura pas que les médias qui seront les ennemis du peuple américain, mais aussi désormais la Chambre des représentants dominée par les démocrates. Ceux-là mêmes, qui de son avis, sont complices avec les pires criminels et qui veulent la faillite du pays.

Les fois vacillent sous le trumpisme

La réalité politique actuelle de notre voisin du Sud pourrait faire l'objet d'une satire politique et dans ce cas, on trouverait cela osé. Il y a de quoi décourager les bonnes âmes surtout les plus croyantes. Les fois vacillent sous le trumpisme.

Celles et ceux qui pouvaient croire que la perte de la Chambre amènerait le président Trump à filer doux comme on dit chez nous ont tout faux. La semaine dernière, il a largué son ministre de la justice, Jeff Sessions, pour complaisance envers les enquêtes de son ministère sur la famille Trump. Puis, il a tenu une conférence de presse surréaliste où il a été abject envers un journaliste de CNN et d'une journaliste du réseau public PBS, les accusant de poser des questions racistes. Il a même retiré l'accréditation sous de faux motifs au journaliste Jim Acosta de CNN.

L'homme qu'est le président Trump ne changera pas. Cela est une certitude. Tout comme il est aussi certain que ce qui change c'est le parti républicain qui est plus trumpisme que jamais. On a compris aussi par les propos tenus par Donald Trump que désormais la loyauté envers sa personne était une condition de survie si l'on est républicain. L'Amérique selon Donald Trump est à écrire les prochains chapitres de son histoire. Reste à voir si ce grand pays y survivra et dans quel état il sera à la fin de son parcours...

Les mots comme arme de guerre

L'épisode que vit actuellement la démocratie américaine nous rappelle, comme nul autre exemple, que les mots sont des armes et que leur utilisation dans l'espace public n'est pas sans conséquence.

On comprend que les mots peuvent être des armes puissantes. Ce sont avec les mots que nous construisons nos relations avec autrui. L'utilisation et le choix des mots dans l'espace public ne sont pas sans conséquence. Trump l'a bien compris. Ils sont ses armes de guerre contre les démocrates, la presse, les tribunaux, les parlementaires élus, les minorités sexuelles et raciales, les migrants, les diverses communautés culturelles et même les artistes qui sont contre ses politiques. La défaite de celles et ceux qui croient en un monde libre, ouvert, tolérant, juste, vert et équitable n'a d'équivalent que le triomphe pervers de Trump.


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