C'est drôle comment les choses évoluent autour de nous.
Il y a plus de 100 ans, la construction d'un chemin de fer ambitieux créait une sorte d'union des différents (et immenses) territoires qui constituent le Canada. Des milliers de Chinois sont débarqués chez nous pour obtenir un boulot pendant plusieurs années!
Les rails de chemin de fer représentaient beaucoup, à l'époque. Pour plusieurs politiciens, ce trait d'union physique était une condition essentielle au maintien d'une entité commune canadienne.
Pendant des décennies, les compagnies ont pris un soin jaloux de la qualité des rails de chemin de fer.
Puis, lentement, on a plaidé le manque de souplesse dans les déplacements et le camionnage a pris une place grandissante. Un peu partout, on a décidé de démanteler les rails de chemin de fer au profit de pistes cyclables.
Il faut bien évoluer, non?
Peut-être. Encore faudrait-il définir le mot « évolution »!
6 Juillet 2013
Lac-Mégantic. Un train fou déraille et explose. En plein centre-ville.
Au banc des accusés? L'état des rails et le manque de ressources humaines sur le convoi.
Triste événement...
L'état des rails était connu des autorités. Ou s'il ne l'était pas, c'était à cause de ces mêmes autorités qui ont baissé la garde des inspections au nom de l'économie d'argent. Parallèlement, le lobby des chemins de fer a réussi à obtenir des assouplissements aux réglementations quant aux ressources humaines nécessaires sur un convoi.
Dans les deux cas, l'argent domine : d'abord le souci d'économie des deniers publics dans les inspections et leurs suivis, puis le souci de maximiser les profits des propriétaires des compagnies ferroviaires.
L'évolution qui tue
Économiser et engranger plus de profits.
L'évolution de notre modèle de réussite, tant personnelle que collective, se mesure comme ça. Tout bêtement.
C'est fou comme ces notions nous ont aveuglés au fil des ans.
Le plus déprimant, c'est que ces notions ne nous empêchent même pas de répéter les erreurs de ce passé si proche! À preuve, l'état des rails dans le secteur de Lac-Mégantic et de l'Estrie se détériore encore, année après année. Les rapports sont là. Ridiculement inutiles aux yeux des décideurs.
___________
Ah! Oui! Pourquoi diable ai-je parlé des Chinois d'entrée de jeu s'ils ne font pas partie de l'histoire?
En fait, voici : il fallait bien nourrir ces 17 000 travailleurs chinois qui traversaient l'Ouest canadien, un rivet à la fois. Bien qu'ils se nourrissaient souvent de riz et de saumon séché, ils avaient parfois accès à un plat contenant trois éléments locaux : la viande, les pommes de terre et le maïs. Des ingrédients qu'on trouvait facilement et qui procuraient un apport nutritif assez complet. Ce mets a reçu l'appellation « pâté chinois ».
J'en parle en me disant qu'il est quand même ironique de constater que ce mets est maintenant considéré comme un repas confort (traduction libre d'un comfort food) qu'on déguste quand on sent que tout déraille autour de nous...
Clin d'œil de la semaine
Et si on donnait le contrat des rails à refaire à SNC Lavalin?