Le petit futé en moi se trouvait bien comique, vers l'âge de 12 ou 13 ans, de justifier son manque d'effort à l'école en disant qu'après la sixième année, l'école, c'est secondaire.
C'était il y a pas mal longtemps. Je suis un modèle 1961, c'est dire... Plus précisément, il y a 40 ans cette année que j'ai gradué du secondaire. Dans mon cas, c'était au Séminaire de Sherbrooke.
Je ne vous en parle pas comme quelqu'un qui se fait le promoteur du privé. Je préfère promouvoir le fait que l'école (privée ou publique) doit avoir un sens pour l'élève, même si le cycle dit secondaire se pointe dans sa vie au moment où il cherche ses repères comme ado en voie de devenir adulte.
Je vous en parle parce qu'il y a un bout de temps, avec des confrères, on a décidé d'organiser des retrouvailles. Retracer 150 personnes, 40 ans plus tard, ce n'est pas si simple. Les médias sociaux aident. L'information circule bien. Mais quand même.
Finalement, nous étions 50 anciens collègues lors de l'activité. 40 ans ne passent pas comme cela, sans marquer le corps. Nous avions préparé des cocardes avec la photo publiée dans l'album des finissants. Une bonne idée pour favoriser la reconnaissance « confrériale »!
Lorsque les premiers invités se sont pointés, une étrange vibration s'est installée.
Noua attendions nos confrères dans la salle des Jeunes. Qui ne s'appelle plus comme cela, d'ailleurs! En moins de temps qu'il n'en faut pour dire que le bâtiment est pareil comme avant, voilà que les poignées de main et accolades pleuvaient à travers des rayons de soleil qui illuminaient nos yeux.
Nous étions redevenus des ti-culs.
Comment vas-tu? Qu'est-ce que tu fais de bon?
T'as pas changé!
C'est sûr qu'on a changé! Mais là, à ce moment précis, nous étions égaux, partageant un voyage dans le temps tellement salutaire. Tellement bienfaisant!
On s'est rappelés ceux qui n'y sont plus. On a revécu, par le partage, des dizaines de souvenirs parfois embellis par une mémoire qui se fait un devoir de polir ce dont elle se rappelle. Comme pour nous assurer que l'effet soit optimal.
On a visité les lieux. Contrairement à il y a 40 ans, nous étions dissipés (!). Très dissipés ...
Nous avons mangé dans cette même cafétéria qui avait accueilli tant de bons moments, de rires et de confidences.
Ce soir-là, nous n'étions pas le professionnel, le journalier, le papa, le grand-papa, le conjoint, le retraité... Ce soir-là, nous étions ce que nous étions il y a 40 ans. Et vous savez quoi? C'était émouvant!
Il y a 40 ans, Fiori/Séguin endisquait « 200 nuits à l'heure » dont faisait partie « Ça fait du bien ». Et ce soir-là, aux retrouvailles, ça faisait « du bien de se voir, ensemble dans un lieu d'espoir ». Un retour à ce temps où l'espoir coulait dans nos veines. C'est cet espoir que j'ai ressenti à nouveau.
Comme si retrouver un groupe, une gang, mettait en lumière ce cheminement qu'on a entrepris, chacun pour soi, une fois que notre route commune s'est arrêtée.
On s'est quittés sur l'espoir de se revoir. Dans 5 ans.
Pour le moment, je surfe sur une vague heureuse. Une vague qui passera. Mais pas complètement, je l`espère...
Clin d'œil de la semaine
L'espoir, c'est l'action à venir qui cherche à prendre son élan...