Probablement que Donald Trump est un être intelligent. L'intelligence ne prend pas son importance dans son quotient mesuré, mais dans la façon dont elle est mise en valeur. On peut insulter Trump. Ou ne pas le faire. C'est selon.
Ce qui importe, à la fin de la journée, comme le répète Marc Bergevin, c'est le résultat. Et le résultat pour moi est un constat fort : Trump est un grand bâtisseur de murs.
En déclarant l'état d'urgence, il n'a même pas à attendre les sous pour le faire : le mur se solidifie de plus en plus. De jour en jour.
Il souhaite l'érection (!) d'un mur entre les États-Unis et le Mexique. Il en parle depuis au moins 4 ans, soit au moins 2 ans avant d'être élu. Et depuis sa toute première déclaration publique sur le sujet, le mur monte. Et il épaissit.
Le mur de l'intolérance. Le mur du repli sur soi qui divise et sème l'intolérance et la haine.
Trump n'est pas un être d'exception. Les bâtisseurs de murs sont légion. À différents niveaux. À différentes intensités.
Quand on fait tout pour éviter une personne différente de nous, on bâtit un mur. Quand on alimente une discussion sur les médias sociaux contre Untel ou Unetelle, on bâtit un mur.
Parfois, le mur est nécessaire. Il nous protège d'éléments externes qui pourraient menacer notre sécurité.
Mais l'argument n'est pas universel.
J'aime bien me demander si le mur que je construis est là pour me protéger, ou bien s'il est là pour isoler les autres?
Fatigante question, va!
Parce que souvent, c'est pour nous protéger d'un hypothétique problème qui pourrait, potentiellement, en tous les cas selon nous, représenter un danger.
Toute vie en société nécessite des règles claires. Des lois qui encadrent, justement, cet espace public. L'espace public, c'est cet espace de vie que nous devons partager.
Bâtir un mur, c'est créer, volontairement, un ghetto. C'est signifier à l'autre que sa valeur est moindre que la nôtre. Qu'il est un être humain de moindre valeur. À la limite du déraisonnement : qu'il avait juste à venir au monde à la bonne place, avec les bons parents. Comme nous!
C'est le cœur léger que j'ai vu tomber le mur de Berlin. Et je me disais : enfin...
Ce que Trump fait est bien pire que ce qu'il annonce.
À la limite, il pourrait expliquer que, vu l'extraordinaire longueur de la frontière entre le Mexique et les États-Unis, il faut diriger les gens vers des entrées communes qui permettent une vérification des statuts et des matières qui passent la douane.
Mais ce n'est pas ça qu'il fait : il identifie les Mexicains comme des êtres inférieurs, criminels, désorganisés qui viennent siphonner l'extraordinaire richesse du grand peuple américain.
Chacun de ses discours est une occasion de bâtir un mur autour d'une catégorie de gens. Il plaît ainsi à sa base qui se nourrit de sa complaisance à en devenir morbidement obèse.
C'est ce mur-là qui est dangereux.
Celui qui sème le désespoir dans le terreau déjà trop fertile de l'isolement et du rejet.
Et quand ces gens manifestent leur désespoir, on leur frappe dessus en prétendant qu'ils ne sont même pas assez civilisés pour suivre les règles.
Pathétique Trump...
Clin d'œil de la semaine
En 2020, Trump sera mûr pour en frapper un...