Frissonner, en temps de canicule, c'est le rêve! Sauf que...
Si on me demandait un mot pour décrire le monde actuel, tous pans confondus, je crois que j'irais pour « écart ».
Un monde d'écarts. De plus en plus écartillé, chantait Charlebois.
Je me disais ça, en cherchant un peu de fraiche, hier, sur le balcon, à la maison.
Voici l'essentiel de ma réflexion caniculaire. Je me disais que mai avait été un peu spécial. Quatre saisons en une. Trois ou quatre jours avant la canicule qui a frappé tard dans le mois, j'enlevais de la neige sur la voiture! Et voilà qu'au deux tiers de juin, Madame canicule frappe encore. Deux canicules avant l'arrivée officielle de l'été!
Je prends un risque en parlant d'écarts météorologiques. « Ah! Commence pas, on a déjà vu ça avant, come on! Quand y faisait moins trente, tu chiâlais-tu sur le supposé réchauffement de la planète?! Pis c'est toutes (sic) des conditions qu'on a déjà vues! Fais chier...»
Je pourrais risquer une réponse : « Le réchauffement global de la planète vient se manifester par des écarts accrus dans les conditions climatiques. Ça crée des écarts plus fréquents qu'avant. Et plus graves! » C'est ma compréhension de la chose, en tous les cas.
Mais à quoi bon répondre? Un écart d'opinion s'exprime tellement mieux par un bon « ta gueule » bien senti! Et voilà, tout est réglé! Je m'en vais au Costco pour surconsommer mes émotions...
Une ère d'écarts...
La canicule me forçant au ralentissement dans mes activités, voilà que la réflexion s'installe et amène des équations par rapport au printemps qu'on a connu.
La Covid s'est invitée. Bon, inutile de me remettre à ma place en affirmant qu'il n'y a jamais eu de pandémie, que c'est un rhume comme les autres et tout. Le débat est stérile parce qu'il est absent. Affirmer des trucs, vrais ou faux et claquer la porte au nez de quiconque questionne, ce n'est pas débattre. C'est se battre.
Débattre et se battre. Un autre écart!
Voilà que, canicule ou non, Covid ou non, le printemps nous a permis de voir qu'on a stationné les personnes âgées dans des conditions qu'on disait optimales alors que ce n'est pas le cas. Il y a donc un écart majeur entre le statut d'un travailleur actif et statut du même travailleur devenu vieux.
Il aura fallu un virus pour braquer les projecteurs sur la situation.
L'arrêt de l'économie, fait à tort ou à raison, ce n'est pas le propos, a aussi permis de constater ce qu'on ne voyait pas, le train du quotidien roulant trop vite : la pauvreté qui s'est enrichie (!) est troublante.
De nos jours, endettement oblige, on peut être forcé d'aller chercher de la nourriture à la banque alimentaire au volant de sa voiture 2019, après avoir vu et écouté le point de presse quotidien du Premier ministre sur la télé 50 pouces.
La vie d'une majorité de Canadiens est basée sur une série de « paiements faciles ».
La pauvreté porte de plus beaux vêtements qu'avant, mais ça ne tient qu'à un fil, tout ça!
La deuxième canicule préestivale qui s'éternise a ceci de particulier qu'elle offre une photo de la situation. C'est soit tu vis dans un appartement étouffant, soit tu sors de ta piscine en trouvant, finalement, que le réglage de l'air climatisé est un petit peu frais dans la maison. Mais ce qui est troublant, c'est que, même si je suis celui qui sort de la piscine, ça se peut bien qu'une fois vieux, je finisse dans une unité de personnes âgées non climatisée...
Alors, si vous voyez une voiture 2019 circuler sans but précis en ville, c'est peut-être une petite famille qui sort de son appart pour se climatiser dans la voiture.
« Ben, qu'y s'achètent un « air climatisé »! Un paiement facile de plus, ça éviterait ben du chiâlage! »
Ouin... Et ça viendrait encore creuser l'écart.
Si tant est qu'on admette qu'il y a de plus en plus d'écarts!
Nier est bien pratique pour faire un « back wash » de conscience!
Clin d'œil de la semaine
À défaut de naître égaux, on pourrait faire en sorte de mourir un peu plus égaux...