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Fin des nationalismes?

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Photo : Exercice libre à propos d’une liste de sujets à commenter. - Daniel Nadeau
Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 25 juillet 2018

Je ne sais pas pour vous, mais moi j'aime beaucoup l'été. J'aime la douceur des soirées que l'on passe dehors à deviser et à siroter un bon verre de vin rouge. J'aime les après-midi où le soleil et les activités ludiques occupent nos esprits et notre temps. Chez nous l'été c'est court et intense. Comme l'hiver quoi...

N'empêche que l'actualité elle ne fait pas relâche. C'est comme si elle ne connaissait pas les douceurs de l'été. Par les temps qui courent, de nombreux sujets mériteraient d'être commentés même si nous avons la tête ailleurs. Exercice libre à propos d'une liste de sujets à commenter.

SLĀV

Je ne veux pas nécessairement revenir sur ce sujet. J'en ai fait le sujet d'une chronique il y a quelques semaines. La question de l'appropriation culturelle, du sort chez nous des personnes « racisées » et de la liberté de création a fait l'objet de maints commentaires. Le même type de controverse pointe son nez avec un autre spectacle de Robert Lepage concernant cette fois les Amérindiens avec le spectacle Kanata destiné à réinterroger l'histoire canadienne du point de vue des premières nations. Là aussi, les principaux intéressés, les membres des premières nations, se sentent exclus du narratif qui les concerne. Heureusement, le dialogue a été amorcé entre les créateurs de ce spectacle et les représentants des nations amérindiennes. On a alors pu constater le désaccord sans pour autant trouver de solutions. Robert Lepage a enfin pris la parole sur les ondes de Radio-Canada pour expliquer sa position. C'est un sujet à suivre dans l'actualité des prochains mois.

Manifestement ce que ce projet remet en cause fondamentalement c'est une idée que nous nous faisons de nous-mêmes et de notre place dans l'histoire. Lorsque j'ai écrit sur ce sujet au début de la controverse sur le spectacle SLĀV, mon propos en avait contre le fait que nous assimilions dans ce débat les Québécois de souche d'ascendance française aux colonisateurs français et britanniques. Idée que je rejette de toutes mes forces. Les Québécois de souche d'ascendance française ne sont pas les héritiers moraux des colonisateurs parce que nous avons été nous aussi (je parle ici des descendants des pauvres hères qui ont été forcés d'immigrer dans ce nouveau monde par le pouvoir coercitif français de l'époque) des victimes de la colonisation.

Le sort qui fut réservé à nos ancêtres par la suite par le pouvoir colonial britannique en fut un de colonisés dans notre propre terre. C'est en grande partie en réaction à cette histoire qu'est né chez nous au Québec le mouvement de libération nationale et sociale qui s'est d'abord manifesté par le mouvement patriote puis par le mouvement nationaliste. Les Québécois francophones d'ascendance française sont des blancs colorés par l'oppression nationale et sociale. Ce que nient les défenseurs aujourd'hui des minorités « racisées » préférant engluer le fait français québécois dans une construction de l'esprit faisant de nous les héritiers des colonisateurs français, anglais et américains. Nous trouvons dans notre histoire une forme de nationalisme que l'on veut moderne, inclusif et émancipateur. Un nationalisme qui est plutôt mis au banc des accusés par ses détracteurs comme un crime contre l'humanité.

L'État d'Israël

Ces derniers jours, on fait beaucoup état dans l'actualité de l'adoption par le parlement de la Knesset d'une loi sur l'autodétermination du peuple d'Israël. Israël a adopté une loi jeudi pour déclarer que seuls les Juifs ont le droit à l'autodétermination dans le pays, ce que certains membres de la minorité arabe ont qualifié de raciste et proche de l'apartheid. Les opinions des experts sont partagées quant à cette loi. Les pro-Israéliens veulent que nous la comparions à la Loi sur la langue française du Québec alors que les pro-Palestiniens voient en cette loi la mort de la démocratie et l'institutionnalisation « d'une sorte d'apartheid » contre le peuple arabe.

Il est hasardeux de commenter un sujet aussi complexe en quelques lignes. La réalité de l'État juif et du sort réservé aux Palestiniens constituent la source essentielle de tous les conflits qui proviennent du Moyen-Orient. Les décisions récentes des États-Unis d'Amérique de reconnaître Jérusalem comme capitale a pour effet d'autoriser un blanc-seing au pouvoir israélien pour donner libre cours à son désir de rayer de leur pays les Palestiniens pour qui ce territoire est la terre de leurs ancêtres.

La question de l'autodétermination du peuple juif et de lois en assurant la pérennité peut à certains égards ressembler à la lutte nationaliste québécoise pour affirmer son identité par la formation d'un État souverain. Chez nous, le territoire n'a pas été volé aux Palestiniens, mais aux nations amérindiennes par la force militaire et étatique. Malgré une trame narrative éloquente d'une histoire parsemée des blessures vécues par les francophones vis-à-vis le pouvoir anglais et de la domination économique de l'impérialiste américain, nous n'avons pas vraiment réussi à inclure dans notre vision les nations amérindiennes. C'est là où le bât peut blesser.

Revisiter le passé colonial par l'histoire

D'ailleurs, lors de son congrès de 2017 la présidente de la Société historique du Canada, l'historienne Joan Sangster a partagé une intéressante réflexion sur des exemples d'alliances politiques initiées par des blancs avec les Premières nations au cours du XXe siècle en prenant bien soin de remplacer ces initiatives dans leurs contextes sociaux et historiques. Une réflexion vraiment intéressante sur le passé canadien dans ses relations avec les Premières nations. J'y reviendrai bientôt dans une chronique subséquente.

Qu'il suffise de dire pour le moment que « la reconnaissance de la présence de l'humanité autochtone exigera une véritable reconsidération du rôle de tant de peuples dans la société nord-américaine qu'il faudra un véritable effort d'imagination pour y arriver. L'histoire s'avère peut-être l'un des outils nécessaires pour y parvenir. » (Joan Sangster, « Confronter notre passé colonial : une réévaluation des alliances politiques au Canada à travers le XXe siècle » dans Revue de la Société historique du Canada, Canada 150 ans, Toronto, Nouvelle série, volume 28, no 1, p. 45-93 - citation p. 83).

Les formes du nationalisme

Le nationalisme est un construit fait par les contemporains d'une époque. Il est basé sur des caractéristiques communes telles la langue, les institutions, les traditions, mais surtout sur le partage d'une trame narrative commune dans lequel tous les membres de ladite nation se retrouvent. Ce qui n'est manifestement pas le cas au Québec avec le discours nationaliste ni avec l'histoire surréaliste postnationale canadienne. Contrairement à la croyance de certains, le nationalisme n'est pas mort. La dernière victoire de la France à la Coupe du monde de soccer en fait la démonstration. Les peuples aiment se rassembler autour d'une idée de la nation et célébrer des victoires. Néanmoins, il faut bien comprendre que nous aurons besoin de notre imagination et de toutes nos capacités de dialogue pour inclure tout le monde dans l'idée d'une nation québécoise ou canadienne. Chose certaine, ce n'est pas la fin des nationalismes...

Daniel Nadeau


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