Par un samedi frais, mais excellent pour le concours annuel de labour, une vingtaine de candidats s'étaient donné rendez-vous à la ferme de Serge Gilbert de Lingwick. Une quinzaine de paires de chevaux, en pleine forme, ont tiré les charrues à un soc standard ou installé sur un sulky. Apprentis de 14 ans, jeune femme dans l'aube d'une seconde décennie, amateurs et experts ont guidé leur attelage pour creuser, avec leur instrument aratoire, les plus beaux et les plus rectilignes des sillons.
Brigitte Martel, responsable de l'organisation, expliquait qu'il avait fallu une bonne semaine pour finaliser les préparatifs du concours. Délimiter les vingt lots à labourer dont les surfaces devaient être identiques, vérifier la participation des concurrents, voir aux approvisionnements, s'assurer de la présence du juge et ainsi de suite lui ont demandé bien des heures.
Les participants étaient divisés en cinq groupes qui ont eu accès aux bourses. Jeunes, débutants, professionnels, «old timers» et «sulky» ont pu exercer leur talent et démontrer la qualité de leurs relations avec les chevaux. Le but de l'exercice, guider les bêtes pour qu'elles halent la charrue pour tracer un sillon d'une profondeur égale, que la terre ainsi soulevée soit uniformément renversée et qu'il soit tiré au cordeau, c'est-à-dire parfaitement rectiligne. Tout un art quand on sait que les équidés peuvent être récalcitrants à l'occasion !
Roxanne Morin s'essayait une première fois à en tenir les manchons. Déterminée, elle anticipait le plaisir de diriger son attelage. William Sylvester, 14 ans, en était à sa deuxième expérience. Malgré son jeune âge, il maîtrisait bien cet art. Marc Fontaine, débutant d'un certain âge, relevait le défi. « C'est très agréable. Les experts sont gentils. Ils veulent avoir de la relève et tout le monde s'entraide, peu importe l'âge. On apprend », explique celui qui est habitué au défilé, discipline tout à fait différente du labourage.
Comme l'épreuve se déroulait sur une terre semée en céréale et fraîchement récoltée, le sol était plus friable. Contrairement à un terreau plus glaiseux, le renversement du sillon était plus cassant. Peter Kirby, juge depuis des années de ce genre de concours, en reconnaissait la difficulté. Il a su adapter son jugement en fonction de cette contrainte.
Mme Martel indiquait que les participants ont exprimé leur gratitude pour la tenue de l'évènement. « Beaucoup nous remerciaient d'avoir encore une fois organisé le concours », mentionnait-elle. Dans la classe des jeunes, William Sylvester a terminé en première place. Chez les débutants, Robert Gilbert s'est qualité tandis que chez les professionnels, John Sylvester s'est démarqué. Germain Boutin, sans surprise, a été couronné champion dans la catégorie «old timers». En «sulky», le juge a retenu Clément Boutin. L'attelage de Martin Drolet, composé de deux magnifiques Percherons, a reçu les mérites pour son apparence.