D'abord, parlons leader et leadership. Socialement, 2020 nous met dans des situations où les dirigeants démontrent du leadership. Legault le fait d'une façon. Trump d'une autre. Au-delà du jugement de valeur et des opinions, la simple comparaison entre les deux façons de faire parle.
Le leader politique montre la route à prendre. Et on mesure son efficacité, à court terme, au fait que ses commettants le suivent ou non.
Le choix
Le choix. La base même de notre vie démocratique. Le choix entre différentes options. La possibilité d'argumenter entre deux ou plusieurs choix. Le fait, surtout, d'énoncer les choix clairement avant de débuter une action, une démarche.
En temps de pandémie, des options s'affrontent. Mais l'urgence s'ajoute à l'équation. Le temps de réaction devient très court. Le processus décisionnel s'adapte à la situation. Dans le cas de la Covid-2019, le gouvernement avait le choix entre intervenir ou ne pas intervenir. Ce choix implique que des gens seront pour et d'autres, contre.
Lors de situations exceptionnelles, on accepte l'exception (!) ...
Le « pas le choix » est plus vicieux
C'est la version négative du « choix ». Celle qui me dérange de plus en plus. « Je n'ai pas eu le choix ». « Je n'ai pas le choix ".
Et, souvent, le pas le choix est annoncé après que tout soit fait, bâti, fabriqué.
Et il me semble que cette affirmation est devenue virale.
Le policier qui a assassiné George Floyd, aux États-Unis, n'avait pas d'autre choix, selon les premières déclarations publiques « il a résisté à son arrestation... ». Sous-entendu : je n'ai pas eu le choix.
En entreprise, l'urgence fait souvent foi de tout : « j'aurais voulu faire autrement, mais on n'a pas eu le choix! ». « J'aurais voulu vous consulter, mais on n'a pas eu le temps, donc pas d'autres choix que d'aller de l'avant! » Dit autrement, on se dit désolé, l'aveu atténuant généralement l'impact négatif, mais il a fallu faire ça...
On s'apprête, au Québec, à passer sous le bâillon une loi prévoyant qu'on peut outrepasser plein de restrictions légales (appels d'offres, normes environnementales, etc) parce qu'on n'a pas le choix : il faut faire des grands travaux en urgence, pandémie oblige. On prévoit même une immunité aux décideurs qui devront trancher.
Le gouvernement Trudeau accorde un appui monétaire massif à l'exploitation des sables bitumineux. On répète que le gouvernement en place est un ami de l'environnement, mais que là, précisément, il n'a pas le choix. Il faut sauver une industrie. Et l'économie de l'Alberta.
Le plus souvent, le « pas le choix » est une affaire de calcul politique. Parce qu'énoncer des choix implique une discussion et des ajustements éventuels.
Si j'avais le mandat de dessiner ce à quoi ressemble un « pas le choix », j'irais pour un bonhomme dont le regard est fuyant et dont le dos est démesurément large! Ou je dessinerais une porte de sortie qui est devenue battante, tellement elle ne se referme jamais complètement.
J'imagine, aux États-Unis, Trump demander des comptes au département de la Justice : « Pourquoi être passé d'une accusation de meurtre au 3e degré à une de meurtre au 2e degré et avoir accusé les trois autres policiers? Pourtant ce sont tous de bons policiers blancs, on les protège, d'habitude? » « Avec les gens dans la rue... on n'a pas eu le choix! »
Comme quoi le choix et le pas le choix sont quand même influençables. Il s'agit d'être vigilants. Et actifs. En période électorale, d'abord. Et le reste du temps, ensuite...
Clin d'œil de la semaine
Faut que tu choisisses entre les deux choix. Pas le choix!