Depuis plus de 20 ans, le personnel du Cégep de Sherbrooke partage son expertise avec des pays en voie de développement en collaborant à l'implantation et au déploiement de programmes d'études. Pour France Turgeon et Alain Sirois, couple retraité du Cégep de Sherbrooke ayant participé à plusieurs projets internationaux, cette coopération fait une réelle différence dans le déploiement pédagogique et technologique de ces pays.
« Puisqu'ils n'ont pas de moyens financiers suffisants, les enseignants et les enseignantes des pays en développement donnent des cours beaucoup plus théoriques que pratiques à cause notamment du manque d'équipements. Pratiquement toute la matière se donne sur des tableaux », explique Mme Turgeon et M. Sirois. Ainsi, les collaborations internationales leur permettent d'offrir l'aide nécessaire pour concevoir et appliquer des programmes de formations techniques. « Il faut alors former le personnel enseignant, identifier les compétences à développer, définir l'approche pédagogique, installer l'équipement requis avant de finalement soutenir et suivre la mise en place du programme », mentionne Alain Sirois, en donnant pour exemple l'une de ses missions au Sénégal lors de laquelle il a entre autres participé à la création d'un brevet de technicien supérieur en électromécanique.
En plus de la formation technique, les enseignantes et les enseignants québécois sur place font également de l'aide disciplinaire afin que leurs homologues à l'étranger puissent évaluer convenablement leurs étudiantes et leurs étudiants, bien organiser leurs sessions de cours, procéder à des certifications et soutenir leurs diplômés dans leur recherche d'emploi. « L'aide qu'on apporte à ces pays repose sur l'approche par compétence, c'est-à-dire qu'on axe les nouveaux programmes sur les besoins concrets des employeurs afin de faciliter l'accès à l'emploi », ajoute Mme Turgeon.
Des différences enrichissantes
Les projets de collaboration internationale sont principalement réalisés dans des pays de l'Afrique francophone (Sénégal, Maroc, Tunisie, etc.), mais de nombreuses différences notoires subsistent malgré les ressemblances linguistiques. « Les professionnels avec qui nous travaillons ne nous font pas toujours part des limites auxquelles ils font face. Il arrive qu'ils ne puissent obtenir l'autorisation de leur patron et ne peuvent se présenter à nos rendez-vous. La notion du temps et de l'autorité n'est pas la même », raconte madame Turgeon. Le fait de former des enseignantes et des enseignants peut aussi engendrer des situations complexes, puisqu'il s'agit d'une relation de professionnel à professionnel : « Former d'autres professeurs est beaucoup plus confrontant que d'enseigner à des étudiants et à des étudiantes, mais cela nous permet de pousser plus loin nos techniques », note monsieur Sirois.
Malgré tout, le couple qualifie ses expériences à l'international comme étant extrêmement stimulantes : « Ça contribue à développer notre ouverture d'esprit, à laisser aller notre créativité et à prendre conscience de la chance qu'on a », raconte monsieur Sirois. Les retraités n'oublieront jamais la fierté ressentie face à la réussite de chaque cohorte qu'ils ont suivie : « C'est satisfaisant de voir que nos efforts mènent à des résultats concrets », souligne Alain Sirois. Ils espèrent finalement que la fibre humanitaire du personnel du Cégep de Sherbrooke et le financement du gouvernement permettront la prospérité de cette collaboration encore longtemps!